L’éternité, c’est-à-dire l’existence sans divisions d’années, de mois et de jours, sans succession et sans vicissitudes, commence où cesse le temps (comp. Apocalypse 10.6 : ὅτι χρόνος οὐκετι ἔσται ; Apocalypse 22.5).
La notion d’éternité est exprimée dans le N. T. par les deux qualificatifs ἀίδιος ; et αἰώνιος. Le premier ne se rencontre que deux fois dans le N. T. : Romains 1.20, et Jude 1.6 ; et jamais dans les LXX ; dans les apocryphes seulement : Sagesse 7.26. Le second est au contraire très fréquent soit pour rendre le substantif hébreu olam, soit par emploi direct. Tous les deux dérivent de ἀεί.
La différence entre l’un et l’autre, selon Cremer, consiste en ce que αἰώνιος nie la fin du temps ou d’un temps et se rapporte dès lors de préférence à l’avenir ; ἀίδιος exclut toute interruption et se rapporte également au passé et au présent. « Ἀίδιος utrumque denotat, et qui preterito tempore omni fuit et qui non habet finem, sed αἰώνιος est cujus nullus finis cogitatur (Tittmann. De synonym. in N. T.) »
Le terme ἀίδιος est donc le plus compréhensif ; αἰώνιος comme l’hébreu olam peut désigner tour à tour ce qui n’a réellement pas de fin, comme dans l’expression si fréquente ζωή αἰώνιος, (comp. 2 Corinthiens 4.18, où αἰώνια est opposé à πρόσκαιρα), ou ce qui n’a pas de durée déterminable, et dans ce dernier cas peut se rendre par indéfini (Romains 16.25 ; Tite 1.2 ; 2 Timothée 1.9 ; comp. l’expression ἀπ’ αἰῶνος, Luc 1.70 ; Actes 3.21).
Le sujet annoncé en comprend deux : le sort des réprouvés et le sort des élus.
L’ancienne dogmatique trouva moyen de satisfaire jusque dans ces matières sa passion des distinctions. Elle distingua donc dans le sort des réprouvés :
1° Les peines privatives, pænæ damni seu privativæ, consistant dans la privation infligée à l’âme de la vision et de la communion avec Dieu, visio et fruitio Dei ; et dans la privation infligée au corps de toute beauté et de tout éclat : ab omni venustate et claritate.
2° Les peines positives, pænæ sensus seu positivæ, atteignant tout à la fois le corps tourmenté par le feu (cruciabitur igni, materiali quidem, sed non elementari, Hollace), et l’esprit dans ses facultés soit intellectuelles ou morales.
La félicité éternelle comprenait en revanche : 1° Impeccabilitas ; 2° visio Dei beatifica ; 3° fruitio Dei ; 4° glorificatio Dei et jubilatio sempiternah.
h – Voir Zöckler, Handbuch. 3ter Band, 2e édit., pages 184 et 185.