Mon Dieu, je n’ose plus te prier ; j’ai honte de te demander chaque jour ce que je t’avais demandé la veille ; car, je le confesse, c’est moi, moi-même qui n’ai pas voulu profiter de tes grâces. Mes fautes d’aujourd’hui sont celles d’hier ; celles d’hier, celles du jour précédent, et toujours de même ; en sorte que je pourrais te raconter dès à présent mes fautes à venir. Oh ! quelle désespérante faiblesse que faire, Seigneur, pour m’y soustraire ? Je te prie, c’est vrai ; mais je ne veille pas ! je me repose sur ma prière, comme sur une bonne œuvre. Je compte sur ta grâce, comme sur un ressort irrésistible pour me pousser au bien ; il n’y a que ma lâcheté, mon inertie avec lesquelles je ne compte pas ! Et quand, accablé sous son poids, je veux me relever et marcher en ta présence, c’est avec tant de peine, tant de tristesse, que je retombe à deux pas de mon point de départ. Encore une fois Seigneur que faire ?— Veiller, veiller ; oui, veiller ; ton Esprit vient de me répondre ; veiller ; et c’est ce que je ne fais pas. Ah ! si, sur un étroit sentier suspendu entre deux abîmes, j’avais à fixer mon regard devant moi, certes je n’y manquerais pas ; pourquoi donc ne le puis-je sur le sentier de la vie, bordé de si grandes et de si nombreuses tentations ? Oui, je le devrais, je le pourrais, et je ne le fais pas ; oui, je suis coupable, cent et cent fois coupable, et toutefois je veux reprendre courage, te demander pardon pour le passé et force pour l’avenir. Mais, Seigneur, ne permet pas ; que, si ma vigilance est désormais plus grande, j’oublie jamais que c’est à là prière que je le dois. Que je ne penche pas du côté contraire ; que, pour avoir prié, je ne cesse pas de prier ; mais que, selon la parole et l’exemple de Jésus, je sache à la fois prier et veiller.