« [1] On ne trouve pas chez nous une foule de livres en désaccord et en opposition les uns avec les autres ; nous en avons seulement vingt-deux. Ils nous présentent le récit de tous les âges écoulés et à bon droit nous les croyons divins. [2] De ces livres, cinq sont de Moïse. Ils embrassent les lois et la tradition de l'humanité depuis son origine, jusqu'à la mort de cet écrivain, c'est-à-dire un peu moins de trois mille ans. [3] De la mort de Moïse à celle d'Artaxerxès, roi des Perses après Xerxès, les prophètes qui vinrent après Moïse écrivirent ce qui arriva, de leur temps en treize livres. Les quatre livres qui restent renferment des hymnes à Dieu et des principes de conduite pour les hommes. [4] Depuis Artaxerxès jusqu'à nous, l'histoire de chaque époque a été écrite ; mais les ouvrages qui la contenaient n'ont pas été jugés dignes de la créance dont jouissent les livres antérieurs, car la succession des prophètes est moins exacte. [5] La preuve évidente de notre vénération pour nos écrits est dans ce fait, que personne, après tant de siècles, n'a osé ni ajouter, ni retrancher, ni changer le moindre détail. Chaque Juif, dès sa première enfance, croit qu'ils contiennent les pensées mêmes de Dieu, qu'il faut s'y tenir, et, au besoin, mourir volontiers pour eux. »
[6] Il n'était pas inutile de citer ces paroles de Josèphe. Cet écrivain a encore composé un ouvrage qui n'est pas indigne de lui, Sur la toute puissance de la raison. Certains l'ont intitulé Macchabaïcon, parce qu'il renferme les combats des Hébreux qui ont lutté d'une façon virile pour la piété envers la Divinité, ainsi que le racontent les livres des Macchabées. [7] Vers la fin du vingtième livre des Antiquités, le même auteur nous dit encore son intention d'écrire quatre livres concernant les croyances traditionnelles des Juifs sur Dieu et son essence, sur les lois, sur le motif pour lequel elles permettent certaines choses et en défendent d'autres : il rappelle aussi qu'il a encore étudié d'autres questions dans des traités spéciaux.
[8] Nous croyons en outre à propos d'enregistrer aussi les paroles qui servent d'épilogue à ses Antiquités, pour confirmer le témoignage que nous lui avons emprunté. Il y accuse de mensonge et de bien d'autres méfaits, Juste de Tibériade, qui avait essayé de peindre aussi la même époque que lui et il ajoute textuellement :
[9] « Je ne crains pas un semblable traitement pour mes écrits : j'ai remis mes livres aux empereurs eux-mêmes, alors qu'on voyait presque encore les faits que j'y raconte. Certain de ma vigilance à dire la vérité, j'ai attendu leurs suffrages et je n'ai pas été déçu. [10] J'ai présenté mon récit à bien d'autres dont quelques-uns avaient pris part à la guerre, comme le roi Agrippa et certains de ses parents. [11] L'empereur Titus a jugé que la mémoire de ces faits ne devait être transmise aux hommes que par ces seuls récits et il a signé de sa main un décret ordonnant de publier officiellement mes livres. Le roi Agrippa d'autre part a adressé soixante-deux lettres où il atteste que j'ai dit la vérité. »
Josèphe en cite deux ; mais en voilà assez sur lui.
Continuons notre récit.