Oui, Seigneur, il m’est doux de te prier quand ton Esprit, pénétrant le mien, inspire lui-même mes prières. Alors les sentiments se pressent dans mon âme, les paroles arrivent abondantes sur mes lèvres. Comme Pierre sur la montagne, je te dirais volontiers à genoux : Maître, nous sommes bien ici ; plantons-y nos tentes. Comme ces instants, par leur contraste avec le reste de ma vie, témoignent bien de la présence de ton Esprit ! Comme je sens bien alors la vérité de cette parole de l’apôtre : « L’Esprit dit à notre esprit. » Oui, Seigneur, alors tu me parles et je t’entends, comme à cette heure je te parle et tu m’entends. Prolonge, Seigneur, prolonge cette douce et sainte conversation ; reste en moi, et moi en toi ; que nous ne soyons qu’un en sainteté, pour n’être qu’un en bonheur.
Mais, hélas ! ces instants sont courts, ces instants sont rares, et je suis impuissant pour les ramener dans ma vie. Je les contemple parfois dans mon passé, reportant vers eux mes regrets, sans pouvoir les ressaisir. Hélas, je ne les désire pas même assez pour te les demander. Je suis dans ce demi-sommeil d’où le paresseux n’essaye que mollement à sortir.
Mais voici, Seigneur, je veux mettre ma confiance en toi ; les instants de joie, dans la prière, que tu m’as déjà donnés, tu me les rendras ; tu les multiplieras, et un jour ces instants feront une chaîne non interrompue dans ma vie. Comme l’apôtre, je te prierai sans cesse et sans peine ; je te prierai toujours, et toujours avec plaisir. Oh ! quand sera-ce ? Donne-moi ton Esprit en abondance. Aujourd’hui, à l’instant, avant que je cesse de prier, et qu’en me relevant je me sente abondamment exaucé !