Élans de l’âme vers Dieu

49. Mobilité d’esprit

Comme mon esprit, Seigneur, est mobile et léger ! Un instant il monte aux cieux, l’instant d’après il retombe sur la terre. Je commence une prière en pensant à toi, je la poursuis en pensant aux hommes, et la termine en songeant à des mondanités ! Dans un même jour je suis triste et joyeux, croyant et incrédule, saint et pécheur, selon que le vent de ton Esprit ou de la passion souffle sur mon cœur ; et malheureusement, pour un bon mouvement que j’accepte de toi, j’en accepte mille de Satan ! Pour une bonne pensée, j’en compte cent mauvaises ; pour un instant vécu en ta présence, je vis des jours, des semaines dans le monde, et si mon esprit se détourne promptement de ta contemplation, hélas ! il devient constant pour regarder, toucher et accomplir le mal ; il retrouve son animation pour vivre dans le péché. Il court d’une faute à une autre, toujours enchaîné au mal dont, pauvre prisonnier, il ne peut s’éloigner que de la longueur de sa chaîne !

Hélas, Seigneur, il m’est facile de dépeindre un état d’âme qui m’est si habituel ; mais combien difficile d’en sortir ! Je sais déplorer ma pauvreté spirituelle ; mais je ne sais plus te demander de m’enrichir. Dès que je veux revenir directement à toi, ma frivolité me ressaisit ; et, au lieu d’une prière, c’est une plainte que je fais entendre. Hélas ! Seigneur, c’est que je sens le poids du mal sans désirer en être délivré ; je voudrais ne plus souffrir dans ma conscience, tout en conservant le péché ; je suis un esclave, mais, un esclave volontaire. Reçois donc, Seigneur, l’expression de ces regrets comme l’expression de mes vœux ; donne-moi ce que je ne sais pas même te demander : un esprit sérieux devant toi, un cœur constant dans le bien, une vie persévérante dans la sainteté.

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