Qu’est-ce que le beau en des matières telles que celles de la prédication ? Est-ce autre chose que le bon ? Peut-on du moins le distinguer du bon ? Le bon en est la base, et il y a certaines conditions sous lesquelles le bon devient beau. L’analyse peut discerner ces conditions, qui sont l’harmonie, l’unité, la grandeur. Quand on fait ressortir ces caractères, on donne au bon la forme du beau. Le prédicateur peut le faire ; on ne voit pas pourquoi il dépouillerait la vérité et le bien d’un seul de leurs avantages ; mais il ne peut présenter le beau comme un motif à lui seul et en lui-même. Le rapport évident du bon avec le beau a conduit à de grandes erreurs, à l’idée de la culture esthétique de l’âme, à celle que le développement du goût est la meilleure préparation à la vertu. [Loin de là, une éducation littéraire mal dirigée aura pour résultat de fausser l’âme, de lui faire prendre le change et de lui donner une nourriture factice. Le talent littéraire est un très grand piège ; dans l’homme pécheur il devient aisément une richesse inique. Le prédicateur ne doit pas envisager les matières dont il s’occupe d’un point de vue essentiellement esthétique ; cela ne serait pas sans danger.]