a – Psaumes 55.7
Quelle étrange présomption que la mienne en ta présence, Seigneur ! Toujours disposé à te demander compte de ta conduite ; toujours mécontent de ce que tu m’as donné et désireux de ce que tu me refuses. Placé au midi, je voudrais être au nord, et si j’étais au nord, je t’aurais demandé le midi. Oui, Seigneur, tel est mon triste cœur ; quoi que tu fasses, tu ne parviens jamais à le satisfaire. Même dans le domaine de la foi, je ne sais pas être content de la place que tu m’as assignée. J’aurais voulu être Abraham pour voir l’ange ; traverser le désert avec Moïse pour goûter la manne ; vivre à côté de Jésus pour être témoin de ses miracles. Mais je fais peu de cas d’être né lorsque déjà l’ange a semé l’Évangile éternel sur la terre ; lorsque Jésus a déjà transformé le monde ; lorsque la manne de la charité a nourri l’univers, et que je puis contempler, non les promesses, comme les patriarches et les apôtres, mais leur accomplissement, ce que désiraient pour eux-mêmes les prophètes !
Seigneur, pardonne à ma folie, ouvre mon esprit, et que je comprenne enfin que tu as fait pour moi précisément ce qui m’était le plus favorable ; que je jouisse des biens mis à ma disposition, au lieu de convoiter ceux donnés à des frères peut-être moins bien dotés que moi. A côté de la manne, rappelle-moi les serpents brûlants du désert, et si je ne vois pas Jésus parcourant la Judée, pour m’en consoler, fais-moi sentir son Saint-Esprit dans mon cœur ; qu’à l’avenir j’apprenne à contempler ta providence, au lieu de fatiguer mes regards à la sonder curieusement pour la prendre en faute et la corriger !