14. Qu'il faut considérer les secrets jugements de Dieu pour ne pas s'enorgueillir du bien qu'on fait
Le fidèle : Vous faites tomber sur moi vos jugements, Seigneur, et tous mes os ont tremblé d'épouvante, et mon âme est dans une profonde terreur.
Interdit, effrayé, je considère que les cieux ne sont pas purs à vos yeux.
Si vous avez trouvé le mal dans vos anges, et si vous ne les avez pas épargnés, que sera-ce de moi ?
Les étoiles sont tombées du ciel ; moi, poussière, que dois-je attendre ?
Des hommes dont les œuvres paraissent louables sont tombés aussi bas qu'on puisse tomber, et j'ai vu ceux qui se nourrissaient du pain des anges faire leurs délices de la pâture des pourceaux.
Il n'est donc point de sainteté, Seigneur, si vous retirez votre main.
Point de sagesse qui soit utile, si vous ne la dirigez plus.
Point de force qui soit de secours, si vous cessez de la soutenir.
Point de chasteté assurée, si vous n'en prenez la défense.
Point de vigilance qui nous serve, si vous ne veillez vous-même pour nous.
Laissés à nous-mêmes, nous enfonçons dans les flots et nous périssons; venez-vous à nous, nous nous relevons et nous vivons.
Car nous sommes chancelants, mais vous nous affermissez ; nous sommes tièdes, mais vous nous enflammez.
Oh ! que je dois avoir d'humbles et basses pensées de moi-même ! que je dois estimer peu ce qui paraît de bien en moi !
Oh ! que je dois m'abaisser profondément, Seigneur, devant vos jugements impénétrables où je me perds comme dans un abîme, et vois que je ne suis rien que néant et un pur néant !
Ô poids immense ! ô mer sans rivages, où je ne retrouve rien de moi, où je disparais comme le rien au milieu du tout !
Où donc l'orgueil se cachera-t'il ? où la confiance en sa propre vertu ?
Toute vanité s'éteint dans la profondeur de vos jugements sur moi.
Qu'est-ce que toute chair devant vous ? L'argile s'élèvera-t'elle contre celui qui l'a formée ?
Comment celui dont le cœur est vraiment soumis à Dieu pourrait-il s'enfler d'une louange vaine ?
Le monde entier ne saurait inspirer d'orgueil à celui que la vérité a soumis à son empire, et jamais il ne sera ému des applaudissements des hommes, celui dont toute l'espérance est affermie en Dieu.
Car ceux qui parlent ne sont rien ; ils s'évanouiront avec le bruit de leurs paroles: mais la vérité du Seigneur demeure éternellement.