Ἱμάτιον est proprement un diminutif d’ἷμα (εἷμα), bien que, comme τρύβλιον, θηρίον, et tant d’autres mots, il ait entièrement abandonné tout sens de diminutif. Au pluriel, c’est le terme le plus général pour exprimer des vêtements d’hommes ou de femmes, sans qu’on veuille appuyer en aucune manière sur les mots. (Matthieu 11.8 ; 26.65), ou désigner telle espèce de vêtements plus particulièrement que telle autre. Mais on emploie aussi ἱμάτιον dans un sens plus restreint, en parlant du vêtement de dessus qui était tellement large qu’un homme s’en enveloppait quelquefois pour dormir (Exode 22.26) ; c’est le manteau, par opposition au χιτών, ou tunique qui serrait le corps et qu’on portait sous le manteau ; ainsi l’on dit ἱμάτιον χιτών περιβάλλειν, d’où les dénominations accessoires du ἱμάτιον : περιβόλαιον (Exode 32.7), περιβολή (Plutarch., Conj. Prœc. 12), mais ἐνδύειν χιτῶνα (Dio Chrysost., Orat. 7.111). ἱμάτιον et χιτῶνα comme vêtement de dessus et de dessous, se trouvent constamment ensemble (Actes 9.39 ; Matthieu 5.40 ; Luc 6.29 ; Jean 19.23). Ainsi dans Matthieu 5.40, notre Seigneur donne celle instruction à ses disciples : « A celui qui veut plaider avec toi et prendre ta tunique (χιτῶνα), laisse aussi le manteau (ἱμάτιον) ». On suppose ici que celui qui dépouille quelqu’un commencera par prendre le vêtement le moins coûteux, celui de dessous, qu’il procédera ensuite par le plus coûteux, par le vêtement de dessus ; et ce procédé de spoliation, étant selon les règles, il n’y a rien de contraire à la nature de s’y conformer ; mais dans Luc 6.29, l’ordre est renversé : « A celui qui t’ôte ton manteau (ἱμάτιον), ne refuse pas ta tunique (χιτῶνα) ». Comme tout le contexte le montre clairement, le Seigneur a ici en vue un acte de violence, c’est pourquoi il parle du manteau ou vêtement supérieur, comme de ce qu’on saisirait le premier. Dans la fable d’Esope (Plutarch., Prœc. Conj. 12) le vent, avec toute sa force, ne produit d’autre effet sur le voyageur que de l’obliger à serrer le ἱμάτιον dont il est enveloppé, tandis que, lorsque le soleil commence à luire en plein, le voyageur ôte d’abord son ἱμάτιον et puis son χιτών. On disait de quelqu’un qu’il était γυμνός, quand il avait mis de côté son ἱμάτιον et qu’il n’avait que son χιτών ; ce qui ne veut pas dire qu’il était nu dans le sens de nos traductions (Jean 12.7), cela ferait croire à une indécence qui certainement n’existait pas, mais γυμνός a le sens de dépouillé en vue du travail. Naturellement c’est son ἱμάτιον que l’esclave Joseph laisse entre tes mains de celle qui voulait le séduire (Genèse 29.12), tandis que dans Jude 1.23, χιτών jouit de sa vraie signification.
Ἱματισμός, mot d’introduction relativement nouvelle dans la langue grecque et appartenant à la κοινὴ διάλεκτος, est rarement, si jamais employé, autrement qu’en parlant des vêtements plus ou moins splendides, imposants, coûteux. C’est l’habit de parade (le mot exprime très bien l’idée ; cf. Genèse 41.42 ; Psaumes 102.26 ; Apocalypse 19.13) des rois, tel que celui de Salomon dans toute sa gloire (1 Rois 10.5 ; 22.30). Ἱματισμός est joint à l’or et à l’argent, comme faisant partie d’une précieuse dépouille (Exode 3.22 ; 12.35 ; cf. Actes 20.33) ; il est accompagné d’épithètes telles qu’ἔνδοξος (Luc 7.25 ; cf. Ésaïe 3.18, δόξα τοῦ ἱματισμοῦ, ποικίλος (Ézéchiel 16.18), διάχρυσος (Psaumes 45.10), πολυτελής (1 Timothée 2.9 ; cf. Plutarch., Apoph. Lac. Archid. 7) ; il s’applique au χιτών de notre Seigneur (Matthieu 27.35 ; Jean 19.24)e, qui était ἄῤῥαφος, d’un prix et d’une beauté tels que de grossiers soldats ne voulurent pas le déchirer et par cela même le détruire.
e – Ἱματισμός s’applique à l’habillement dans son ensemble. Dans Matthieu 27.35, il n’est point synonyme de χιτών. Dr A. Scheler.
La robe de pourpre dont les moqueurs revêtirent le Seigneur dans le prétoire de Pilate, saint Matthieu l’appelle χλαμύς (Matthieu 27.28,31), et c’est le mot qui convient. Χλαμύς signifie constamment un vêtement de dignité et de charge, à tel point que χλαμύδα περιτιθέναι était une expression proverbiale pour : revêtir une magistrature (Plutarch., An Sen. Ger. Resp. 26). Cette magistrature pouvait être civile ; mais χλαμύς, comme « paludamentum » (qui est son équivalent latin le plus rapproché, et non « sagum »), exprime bien plus communément la robe dont se couvraient les officiers militaires, les capitaines, les commandants ou imperatores (2 Maccabées 12.35) ; et l’emploi de χλαμύς, dans le récit de la Passion, laisse bonne prise à l’opinion que ces profanes, ces moqueurs obtinrent (ce qui leur était si facile au prétoire) un manteau de rebut de quelque grand officier romain et qu’ils en revêtirent la personne sacrée du Seigneur. L’épithète de κόκκινος que saint Matthieu donne à χλαμύς confirme notre supposition. En effet, c’était la couleur écarlate que portaient les officiers romains d’un certain rang. Que les autres évangélistes décrivent le manteau comme étant de « pourpre » (Marc 15.17 ; Jean 19.2), cela ne détruit pas notre interprétation, car la « pourpre » de l’antiquité est une couleur dont la signification est presque, si ce n’est tout à fait, indéfinie (Braun, De Vest. Sac. Heb., vol. 1, p. 220).
Στολή de στέλλω (étole, en français), est tout vêtement magnifique ; et comme de longues robes traînantes déploient cette majesté, στολὴ signifie toujours ou presque toujours, un vêtement qui descend jusqu’aux pieds, et qui forme une queue balayant le sol. Le fait que le plus souvent c’étaient des femmes qui portaient ces robes, explique l’usage prédominant que stola possède en latin. Marc-Antoine mentionne, dans ses Méditations, entre autres recommandations faites par son précepteur, le célèbre philosophe stoïcien Rusticus, celle de ne pas arpenter la maison en στολὴ (μὴ ἐν στολῇ κατ᾽ οἶκον περιπατεῖν 1, 7). C’était, au contraire, la coutume et le plaisir des scribes ἐν στολαῖς περιπατεῖν, « de marcher en longues robes » (Marc 12.38 ; cf. Luc 20.46), faisant ainsi étalage d’eux-mêmes aux yeux des hommes. Στολή est le mot constant pour désigner les vêtements sacrés d’Aaron et de ses descendants (Exode 31.10 ; 29.21 ; στολὴ δόξης d’après Siracide 50.11) ; et en fait, tout vêtement qui dénote une certaine dignité, des richesses ou de l’apparat ; ainsi στολὴ λειτουργική, (Exode 31.10) ; comparez Marc 16.5 ; Luc 15.22 ; Apocalypse 6.11 ; 7.9 ; Esther 6.8,11.
Ποδήρης, en latin d’église « poderis » (avec la seconde syllabe brève), est proprement un adjectif, et répond à « talaris » ; ainsi ἀσπὶς ποδήρης, Xenoph., 6.2, 10 (θυρεός, Éphésiens 6.16) ; Ποδήρης ἔνδυμα, Sagesse 18.24 ; ποδήρης πώγων, Plutarch., Quom. Am. ab Adul. 7 ; qui étant pris séparément, signifient un bouclier, un vêtement, une barbe atteignant jusqu’aux pieds. Ποδήρης diffère très peu de στολή. En effet, le même mot hébreu qui est rendu par ποδήρης en Ézéchiel 9.2-3, est traduit par στολὴ, Ézéchiel 10.2, et στολὴ ἁγία, Ézéchiel 10.6-7. En même temps, dans l’énumération des vêtements du souverain sacrificateur, la στολὴ ou στολὴ ἁγία signifie tout l’ensemble des robes sacerdotales, tandis que ποδήρης (χιτὼν ποδήρης, comme Plutarque l’appelle dans son très curieux chapitre sur les fêtes juives, Symp. 4.6.6), s’en distingue, et signifie une partie seulement, à savoir, la robe ou chetoneth (Exod.28.2, 4 ; Siracide 45.7-8).
Il y a d’autres mots qui pourraient figurer dans ce groupe, comme ἐσθής (Luc 23.11), ἔσθησις (Luc 24.4), ἔνδυμα (Matthieu 22.12), mais auxquels il ne serait pas facile d’assigner un sens qui leur appartînt en propre.