L’Apôtre nous enseigne en bien des endroits, le mystère total et parfait de la foi telle que nous la présente l’Evangile ; parmi tant de textes propres à nous permettre de connaître Dieu, voici ce qu’il écrit aux Ephésiens : « Vous avez été appelés par votre vocation à une unique espérance. Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui agit en tous et qui est en nous tous » (Ephésiens 4.4-6).
Il ne nous laisse donc pas exposés à tomber dans les tendances erronées et ambiguës qui sont les conséquences d’une doctrine mal définie. Il ne permet à aucune croyance imprécise de se glisser dans notre esprit, opposant à l’indépendance de notre intelligence et de notre volonté, des obstacles établis par lui et infranchissables. De la sorte il empêche notre sagacité de s’exercer au-delà de ce qu’il nous a enseigné, puisque par la formulation bien nette d’une foi immuable, il ne nous est plus permis de croire ceci, ou d’admettre cela.
C’est pourquoi, en nous annonçant un seul Seigneur, Paul nous rappelle qu’il n’y a qu’une seule foi. Puis, après avoir spécifié qu’il n’y a qu’une seule foi en un seul Seigneur, il nous présente aussi un seul baptême. Car s’il n’y a qu’une seule foi en un seul Seigneur, cette unique foi en un seul Seigneur exige un seul baptême. Et puisque tout ce mystère de la foi et du baptême a pour objet un seul Seigneur, l’Apôtre termine en affirmant un seul Dieu, pour assurer la perfection de notre espérance : de la sorte, comme il y a un seul baptême et une seule foi en un seul Seigneur, ainsi y a-t-il un seul baptême et une seule foi en un seul Dieu.
En effet, le Père et le Fils sont un, non pas en raison de la confusion de leurs personnes, mais par leur caractère spécifique : d’une part, du fait que l’un et l’autre ont pour caractère d’être unique, au Père appartient d’être Père, au Fils d’être Fils ; d’autre part du fait que tous les deux ont pour caractéristique d’être un, le mystère de leur unité les concerne l’un et l’autre. Car si le Christ est un seul Seigneur, cela n’empêche pas Dieu le Père d’être Seigneur, et que le Père soit un seul Dieu ne doit pas être compris comme si le Christ, seul Seigneur, n’était pas Dieu : si, du fait qu’il n’y a qu’un seul Dieu, le Christ semblait ne plus avoir le droit d’être Dieu, il faudrait en conclure qu’il est impossible d’attribuer à Dieu la possibilité d’être Seigneur, étant donné que le Christ est le seul Seigneur. En ce cas, qu’ils soient un exprimerait non pas le mystère du Père et du Fils, mais la confusion de leurs personnes. Voilà pourquoi il n’y a qu’un seul baptême et une seule foi en un seul Seigneur, comme il n’y a qu’un seul baptême et une seule foi en un seul Dieu le Père.
Or la foi ne peut plus être une, si l’on ne garde pas au fond de son cœur l’affirmation d’un seul Seigneur et d’un seul Dieu le Père. Comment une foi qui ne serait pas unique pourrait-elle reconnaître un seul Seigneur et un seul Dieu le Père ?
Mais à présent, par suite d’une telle diversité d’enseignements, la foi ne paraît plus être unique : l’un croit que le Seigneur Jésus-Christ a frémi de douleur en sentant le clou percer sa main, comme nous le ferions nous-mêmes dans notre faible nature ; on le voit dans l’épouvante, tremblant devant la mort imminente, privé de la puissance de sa nature et de sa majesté. Et même, ce qui est trop fort, on va jusqu’à nier la naissance du Fils Dour le présenter comme une créature. On le dit Dieu, mais on ne le reconnaît pas tel : on prétend que ce n’est pas une atteinte à la foi de donner à plusieurs le nom de dieux, alors que si l’on a conscience de ce qu’est la nature divine, on comprend aisément qu’il ne peut y avoir qu’un seul Dieu !
Non, maintenant, ne parlons plus du Christ, seul Seigneur, si pour les uns il ne souffre pas en raison de sa divinité, et si pour les autres il craint par suite de sa faiblesse ; si les uns le reconnaissent Dieu par sa nature, et les autres seulement de nom ; si pour les uns, il est Fils par la génération, et pour les autres, par pure appellation. Et par là, impossible également de croire en un seul Dieu Père, si les uns le croient Père par sa puissance souveraine, les autres parce qu’il engendre son Fils, en tant que Dieu est Père de toutes les créatures.
Désormais qui donc pourrait mettre en doute qu’être hors d’une foi unique, c’est purement et simplement être hors de la foi ? Car une foi unique reconnaît un seul Seigneur le Christ, et un seul Dieu le Père. Or ce seul Seigneur le Christ, est reconnu unique, non pas de nom mais par la foi, s’il est Fils[1] s’il est Dieu, s’il est immuable, s’il ne cesse jamais d’être Dieu et Fils. Si donc on nous annonce un Christ autre que ce qu’il est, c’est-à-dire ni Fils, ni Dieu, on nous prêche un autre Christ. Dans ce cas, nous n’avons pas affaire à une foi unique dans un seul baptême, puisque selon la doctrine de l’Apôtre, la foi unique en un seul baptême est celle pour qui le seul Seigneur est le Christ, Fils de Dieu, celle pour qui il est Dieu.
[1] Traduction selon la version de C.C. qui diffère assez de P.L.
Car maintenant, il n’est plus possible de nier que le Christ soit le Christ, et de le dire ignoré du monde. Les écrits des prophètes le mentionnent comme tel, la plénitude des temps qui chaque jour se parfait, est là pour en témoigner, les tombeaux des Apôtres et des martyrs nous parlent des merveilles qu’il a réalisées, la puissance de son nom nous prouve ce qu’il est, les esprits impurs le reconnaissent, son nom résonne dans les hurlements que poussent les démens dans leurs tourments. En tout cela, nous constatons la réalisation du plan voulu par Dieu dans sa puissance.
Par ailleurs, notre foi se doit de le reconnaître tel qu’il est : nous avons à le proclamer, non pas de nom mais en réalité, un seul Seigneur, par une seule foi, dans un seul baptême. Car il n’y a qu’un seul Dieu le Père, comme il n’y a qu’un seul Seigneur le Christ.
Mais à présent, tous ces beaux parleurs qui nous présentent un Christ nouveau, en refusant au Christ tout ce qui lui revient, nous annoncent un autre Christ Seigneur, comme du reste un autre Dieu le Père. Mais oui, celui-ci n’a pas engendré le Christ, mais il l’a créé ; celui-là n’est pas né, mais il a été créé ; et ce n’est pas conforme à la vérité de le prétendre Christ-Dieu, puisqu’en raison de sa naissance, il n’est pas ce qu’est Dieu ; et du reste la foi n’a que faire d’un Dieu Père, puisqu’il ne saurait y avoir en Dieu une génération qui lui permettrait d’être Père.
Bien sûr, à juste titre, ils chantent les louanges de Dieu le Père, comme il est bon de le faire : il jouit d’une nature inaccessible, invisible, hors de toute atteinte, inexprimable, infinie, qui sait prévoir, puissante, pleine de tendresse, légère, capable de traverser la matière, demeurant à l’extérieur et à l’intérieur de tout et perçue « tout en tous » (1 Corinthiens 15.28). Mais lorsque, pour lui décerner une gloire suprême, ils ajoutent qu’il est « Seul bon, seul puissant, seul immortel »[2], qui ne voit que cet éloge qui se teinte de respect, vise à exclure le Seigneur Jésus-Christ de cet état bienheureux, que par cette restriction que souligne le mot « seul », ils n’attribuent dans leur louange qu’au seul Dieu ? Si le Père possède seul ces perfections, le Fils serait alors lui-même mortel, faible et mauvais. Telle est bien la raison pour laquelle ils refusent au Fils d’être né de Dieu le Père selon la nature : ils ne veulent pas admettre que la béatitude propre à la nature de Dieu le Père réside dans le Fils du fait de sa génération ; car au Fils appartient la puissance de la nature qui l’a engendré.
[2] Cf. lettre d’Arius, livre VI, ch. 5.
Ces beaux parleurs n’ont pas été formés par l’enseignement de l’Evangile et des Apôtres, et pour accaparer ainsi au profit de leur thèse impie la majesté de Dieu le Père, ils ne font pas preuve d’une foi pleine d’amour et de respect, mais au contraire ils étalent les artifices de leur mauvaise foi. Et lorsqu’ils nous expliquent que rien ne saurait être comparé à la nature du Père, ils nous présentent Dieu le Fils Unique doté d’une nature d’un niveau inférieur et faible, par opposition à celui qui ne saurait être comparé avec personne d’autre. Ils prétendent que Dieu, l’Image vivante du Dieu Vivant, la Forme la plus accomplie de sa nature bienheureuse[3], le Fils Unique engendré d’une substance innascible, celui qui, s’il ne jouissait pas de la gloire parfaite qui est celle du Père dans sa béatitude, n’en reproduirait pas en sa ressemblance parfaite toute la nature, oui, ils avancent que celui-là ne serait pas sa véritable Image !
[3] Cf. 2 Corinthiens 4.4 et Philippiens 2.6.
Allons donc ! Si Dieu le Fils Unique est l’Image du Dieu innascible, c’est qu’il possède dans sa pleine vérité sa nature parfaite et complète, et c’est elle qui le rend sa véritable Image. Le Père est puissant ; mais si le Fils est faible, il n’est pas l’Image du Puissant. Le Père est bon ; mais si le Fils possède une nature divine d’un genre différent, cette nature qui serait alors mauvaise, ferait en sorte qu’il ne serait pas l’Image du Dieu bon. Le Père est incorporel ; mais si le Fils, en tant qu’Esprit, est restreint aux limites d’un corps, sa forme corporelle n’est pas l’Image du Dieu incorporel. Le Père est ineffable ; mais si le langage est capable d’exprimer le Fils, sa nature inexprimable n’est plus l’Image du Dieu Inénarrable. Le Père est vrai Dieu ; mais si le Fils ne possède pas la vraie divinité, ce faux dieu n’est pas l’Image du vrai Dieu.
Non, l’Apôtre nous enseigne que le Fils n’est pas en partie l’Image de Dieu, ni Forme de Dieu en une parcelle de son être ; mais il nous le présente bien comme étant « Image du Dieu invisible » (Colossiens 1.15), et : « Forme de Dieu » (Philippiens 2.6). Et l’Apôtre ne pourrait exprimer plus clairement la nature divine du Fils de Dieu, qu’en disant que puisque Dieu est invisible, le Christ est l’« Image du Dieu invisible » : un être visible ne saurait absolument pas se rapporter à l’image d’une nature invisible.
Comme nous l’avons montré dans les livres précédents, ces gens ravissent l’économie de l’Incarnation et s’en servent pour dénigrer la divinité du Christ. Ils s’emparent du mystère de notre salut pour le mettre au service de leur impiété. Si leur foi avait pris racine dans celle de l’Apôtre, ils auraient compris que celui qui « était dans la forme de Dieu » a pris « la forme d’esclave » (Philippiens 2.7). Ils n’utiliseraient pas la « forme d’esclave » pour rabaisser la « forme de Dieu », alors que la forme de Dieu contient en elle la plénitude de la Divinité. Ils parleraient avec un sentiment de respect de ce qui concerne les temps et les mystères, sans que la Divinité en souffre, ni que l’économie de l’Incarnation[4] leur soit une occasion d’errer.
[4] En latin « dispensatio » en relation avec l’Incarnation, comme par exemple « Nati hominis dispensatio » (IX, 41) et « dispensatio corporationis » (IX, 56). Le mot est aussi employé pour désigner le dessein de Dieu en relation avec la rédemption et le salut de l’homme : « dispensationis occulti a saeculis mysterii » (XII, 44).
Mais tout cela, je le crois, a déjà été traité à fond. Nous avons souligné comment la puissance de la nature divine se cache dans les circonstances qui entourent la naissance du corps assumé par le Verbe ; nous n’avons donc maintenant aucun motif d’en douter, celui qui est à la fois Dieu Fils unique et homme, accomplit tout par la puissance de Dieu, et par sa vraie nature humaine, il parfait toutes choses dans la puissance de Dieu. Il possède en lui tout ensemble la nature du Dieu tout-puissant dans ses œuvres, puisqu’il est né de Dieu, et la perfection de l’homme arrivé à sa maturité, puisqu’il est né de la Vierge. Il existe dans la nature de Dieu, avec un vrai corps, et il demeure dans un vrai corps avec la nature de Dieu.
Au cours de notre exposé, nous avons donc combattu les objections venant de la doctrine impie de ces gens, par l’enseignement de l’Evangile et des Apôtres, et nous en sommes arrivés à la gloire que le Christ retire de sa mort. Car même après la glorieuse résurrection du Christ, ces impies ont l’audace d’avancer des arguments qui tendent à montrer chez le Seigneur une faiblesse qui lui viendrait d’une nature d’un niveau inférieur. C’est à cela qu’il nous faut maintenant répondre.
Comme nous avons eu le souci de le faire dans nos autres livres, nous expliquerons le sens des textes par les textes eux-mêmes : ainsi nous ferons ressortir la vérité là même où ils cherchent à la nier. Car les paroles divines sont simples, elles ont pour but de former notre foi ; elles sont dites de telle sorte que leur sens n’a pas besoin d’être étayé par des exemples qui leur sont étrangers ou par des paroles prises ailleurs.
Entre autres impiétés, les hérétiques se plaisent en effet, à relever cette parole du Seigneur : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20.17). Ainsi, puisque son Père est le Père des disciples, puisque son Dieu est leur Dieu, le Christ ne possède donc pas la nature divine : il l’affirme, Dieu le Père est pour les autres ce qu’il est pour lui ; du coup, voilà que cesse tout privilège d’une communion de nature et de naissance entre le Père et le Fils, par laquelle il serait Dieu né et Fils.
Ils s’arrêtent encore à cet autre texte, de l’Apôtre celui-là : « Mais quand il dira : Tout a été soumis, c’est évidemment à l’exclusion de celui qui lui a tout soumis. Et lorsque tout lui aura été soumis, le Fils lui-même se soumettra alors à celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Corinthiens 15.26-28). Cette sujétion, il y a tout lieu de le croire, témoigne d’une nature débile ; il ne possède pas la nature du Père, puisqu’une faiblesse de sa nature le soumet à une puissance supérieure.
Or si l’impiété de ces gens adopte une position si forte d’où il est difficile de les déloger, c’est pour rejeter la naissance du Fils. Si l’on constate que celui-ci est soumis au Père, c’est qu’il n’est pas Dieu. S’il partage avec nous son Dieu et Père, c’est donc qu’il est une créature comme nous, qu’il a été créé par Dieu plutôt qu’engendré : car une créature vient à l’existence à partir de rien, tandis qu’un être engendré possède la nature de celui qui l’a mis au monde.
A vrai dire, toute accusation impie est malhonnête, car le mensonge se dresse contre la vérité, lorsque, comme maintenant, le dévergondage se donne libre cours. Cependant, il se couvre parfois du voile de quelque justification ambiguë qui lui permet de défendre sans rougir une position qui, mise au jour, devrait le couvrir de honte. Mais ici, dans ces textes utilisés pour rabaisser la divinité du Seigneur, on doit exclure toute retenue et tout faux-semblant : on y décèle, sans l’excuse de l’ignorance, la seule volonté d’interpréter ces passages d’une manière impie.
Avant de commencer dans un instant l’explication de ce texte de l’Evangile, je me demande s’il n’y aurait pas lieu de nous souvenir de l’enseignement de l’Apôtre contenu dans ces paroles : « Ah oui, tous peuvent le dire, il est grand le mystère de la tendresse de Dieu ! Il a été manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, contemplé par les Anges, proclamé chez les païens, cru dans le monde, exalté dans la gloire ! » (1 Timothée 3.16).
Dès lors quelqu’un serait-il encore doté d’une intelligence assez stupide pour comprendre que le plan divin de l’Incarnation n’est autre chose que ce grand mystère de tendresse ? Celui qui ne voudrait pas le reconnaître ne ferait pas preuve d’une foi véritable en Dieu. Car l’Apôtre affirme sans l’ombre d’un doute que tous doivent admettre que le mystère de notre salut n’a rien de déshonorant pour Dieu, mais qu’il est le mystère d’une grande tendresse. Il n’y a donc pas là nécessité, mais bonté, il n’y a pas là faiblesse, mais mystère d’une grande tendresse[5] ! Et ce mystère n’est plus caché dans le secret, mais il est manifesté dans la chair ; il ne revêt pas un caractère de faiblesse par suite de la nature de la chair, mais il est justifié dans l’Esprit. Ainsi la justification dans l’Esprit enlève à notre foi toute idée de faiblesse de la chair ; par la manifestation de la chair, ce mystère n’est plus caché, et par l’humble aspect de celui qui est l’artisan de ce mystère, nous n’avons qu’à reconnaître en ce mystère, une grande tendresse !
[5] Cette phrase est omise dans P.L.
L’Apôtre conserve un certain ordre dans tout cet exposé de sa foi. Puisqu’il y a tendresse, il y a mystère, signe d’une réalité cachées[6] ; puisqu’il y a signe d’une réalité cachée, il y a connaissance dans la chair ; puisqu’il y a connaissance dans la chair, il y a justification dans l’Esprit. Car ce mystère de tendresse qui a été manifesté dans la chair, pour être vraiment mystère par la justification de l’Esprit, a été manifesté dans la chair. Par ailleurs, nous n’avons pas à ignorer comment cette manifestation dans la chair est justification dans l’Esprit. Ce mystère, parce qu’il a été manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, contemplé par les Anges, proclamé chez les païens et cru dans le monde, a été de ce fait, exalté dans la gloire.
[6] « Mystère, signe d’une réalité cachée », en latin « sacramentum ». La glose ajoutée au texte permet de mieux comprendre l’explication d’Hilaire. Le mot « sacramentum » revient fréquemment dans le traité. Il a comme sens originel : « vérité mystérieuse, signe mystique, mystère sacré de la religion » et, par métonymie « mystère, vérité, révélation, doctrine, rite, symbole, sacrement, etc. » : « trinitatis sacramentum » (II, 6), « sacramentum regenerationis » (V, 32), etc. Cf. L. Malunowicz, De voce sacramenti apud Hilarium, Lublin, 1956.
De cette façon, il est pour tous le grand mystère de la tendresse de Dieu, puisqu’il fut manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, contemplé par les Anges, proclamé chez les païens, cru dans le monde, exalté dans la gloire. Car si on l’a annoncé, c’est qu’il a été contemplé par les Anges ; si on l’a cru, c’est qu’il a été annoncé, et l’exaltation dans la gloire assure la perfection de tout. Car le grand mystère de la tendresse de Dieu, c’est l’exaltation dans la gloire, et croire à ce plan divin nous prépare à recevoir la forme de la gloire du Seigneur.
L’incarnation dans la chair est donc le grand mystère de la tendresse de Dieu, car en raison de l’Incarnation, voici manifesté ce mystère dans la chair. Et pourtant, reconnaissons-le, cette manifestation dans la chair n’est autre que le mystère d’une grande tendresse ; car la manifestation de ce mystère dans la chair, c’est aussi la justification dans l’Esprit et l’exaltation dans la gloire. Notre foi aurait-elle encore à espérer d’autres merveilles pour prétendre que le mystère d’un plan divin si rempli de bonté révèle une faille dans la Divinité ? Puisque nous voici emportés dans la gloire, nous pouvons l’avouer, il est grand le mystère de la tendresse de Dieu !
Et maintenant, puisqu’il n’y a pas à voir ici de faiblesse, mais un mystère, puisqu’il n’y a pas nécessité, mais tendresse, il nous reste à creuser le sens du texte emprunté par nos gens à l’Evangile. Ainsi ce mystère de notre salut et de notre gloire ne servira pas de prétexte pour propager un enseignement impie.