Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XIII

Sur Job

Grand saint, de qui le Ciel protège l’innocence,
De combien de douleurs accablé je te vois !
Tous les maux conjurés viennent fondre sur toi,
Et tu sens du démon la cruelle insolence.

La poudre, qui te sert de siège en ta souffrance,
Te donne plus d’éclat que le trône d’un roi ;
Et comme deux saphirs, l’espérance et la foi,
Font, dans tes yeux mourants, éclater la constance,

Illustre par les biens que le Ciel te versa,
Illustre par les coups dont l’Enfer te perça,
Tu parais aujourd’hui dans la scène du monde.

Je te vois des égaux dans ta prospérité ;
Mais la grâce, où ton cœur dans l’orage se fonde,
Te rend incomparable en ton adversité.


1 : J’ose dire qu’il a été égal aux apôtres (St. Chrysostôme). On tient qu’il a vécu un peu avant Moïse, pendant la servitude des Israélites en Égypte ; et l’on conjecture qu’il était de la postérité de Nacor, ou même d’Abraham, par Kétura. Les Hébreux ne donnent qu’un an à son épreuve, mais d’autres sept. 14 : Job, vainqueur sur son fumier, est plus excellent qu’Adam vaincu dans le Paradis (St. Augustin). Dieu applaudissait à ce spectacle, et le Démon en enrageait (Tertullien).

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