b – Jacques 4.3
Seigneur Dieu, je voudrais te prier ; mais, au moment d’ouvrir la bouche, j’ai peine à trouver des paroles, et je sens que ma première demande doit être, que tu m’apprennes à t’implorer.
Hélas ! s’il s’agissait de m’adresser aux créatures pour en obtenir une faveur terrestre, je trouverais facilement des expressions ; mais devant toi, Créateur des cieux et de la terre, je reste muet. Est-ce crainte de te déplaire ? Non, car toi-même m’exhortes à la prière. Est-ce excès de respect ? Non, le respect serait de venir se prosterner devant toi. Est-ce appréhension de mal dire et de n’être pas compris ? Mais comment, toi, qui as fait la langue, ne comprendrais-tu pas mes paroles les plus imparfaites ? comment, toi, qui as formé mon cœur, ne pénétrerais-tu pas mes pensées ?
Non, Seigneur, telles ne sont pas les causes qui closent mes lèvres ; la vérité est que je ne désire pas les biens spirituels que tu veux me donner. Si je n’ai ni faim ni soif de justice, de sainteté, de foi, comment te les demander ? Oh ! si tu m’avais promis des trésors matériels en réponse à ma prière, et si seulement une fois j’en avais obtenu, certes, alors je n’hésiterais plus à te prier ! alors je t’importunerais de mes requêtes ; alors je trouverais des paroles abondantes ; oui, mon cœur m’explique les Israélites, joyeux devant le veau d’or, tristes devant le Dieu de sainteté ! Pour moi le ciel est trop haut, je lui préfère la terre ; l’éternité trop loin, j’aime mieux cette vie ; et surtout ces vertus, cette foi que tu m’offres ont pour moi si peu d’attrait que, si je l’osais, je t’en demanderais l’échange contre la liberté de satisfaire mes passions !
Mon Dieu, mon Dieu, aie pitié ! mets toi-même dans mon cœur l’amour de ta volonté sainte, et alors j’aurai le goût de la prière ; ou plutôt que ton Esprit prie pour moi dans mon cœur, que ton Fils intercède dans ton ciel ; qu’enfin je puisse être exaucé !