Cet espoir était justifié par le caractère du nouvel empereur, Léon IV le Chazare, qui, malgré son attachement aux doctrines iconoclastes, aimait à s’entourer de moines, et ne pressa pas l’exécution des décrets persécuteurs. Il était justifié surtout par les sentiments de la nouvelle impératrice, l’athénienne Irène, que l’on savait favoriser secrètement l’orthodoxie. Il se produisit donc d’abord une détente ; puis Léon IV étant mort le 8 septembre 780, Irène prit en main les rênes du gouvernement comme tutrice de son jeune fils Constantin Porphyrogénète, et l’œuvre de la restitution des images commença.
Elle commença par la démission volontaire du patriarche Paul, désireux d’expier ainsi la faiblesse qu’il avait eue — et qu’il se reprochait, — de prêter le serment de ne pas rétablir les images. On lui donna comme successeur le secrétaire impérial Tarasius (25 décembre 784). Tarasius se prononça immédiatement contre les décisions iconoclastes d’Hiéria, et demanda un concile général. La réunion d’un concile entrait pleinement dans les vues d’Irène, et le pape Hadrien, à qui elle en écrivit, ne s’y opposa pas ; les autres patriarcats orientaux y consentaient aussi. Mais la présence à Constantinople de l’ancienne garde impériale de Copronyme, toute dévouée à ses idées, constituait un danger. Une première assemblée du concile, tentée le 17 août 786 dans l’église des Saints-Apôtres, dut se disperser devant les menaces d’une soldatesque furieuse, qui envahit l’église. Irène parut céder, et déclara le concile dissous. Elle ne fit que temporiser. Sous divers prétextes, elle éloigna de Constantinople, puis fit désarmer les mutins, et les remplaça dans la ville par des troupes sûres. Et le 24 septembre 787, un nouveau concile fut réuni à Nicée en Bithynie : c’est le deuxième de ce nom, et le septième général.
Il compta de trois cent trente à trois cent trente-sept membres, et fut présidé par Tarasius. Deux légats, l’archiprêtre Pierre et l’abbé Pierre, représentaient le pape : les autres patriarcats d’Orient étaient représentés par les deux moines Jean et Thomas, délégués non par les patriarches eux-mêmes qui, placés sous la domination arabe, ne pouvaient communiquer directement avec Constantinople, mais par le haut clergé (ἀρχιερεῖς) et par les archimandrites de ces régions.
L’assemblée tint huit sessions, dont deux ou trois seulement offrent un intérêt dogmatique. Dans la deuxième, on lut les lettres du pape à Irène et à Tarasius, et Tarasius déclara en accepter la doctrine sur les images. Dans la quatrième (1er octobre 787), après lecture de passages de l’Écriture et des Pères favorables aux images, le concile déclara admettre l’intercession de la Vierge, des anges et des saints, baiser respectueusement (ἀσπαζόμεϑα) les images de la croix et les reliques, recevoir, saluer et embrasser, suivant la tradition de l’Église, et adorer d’un hommage d’honneur (τιμητικῶς προσκυνοῦμεν) les images de Notre-Seigneur, de la Vierge, des anges incorporels, mais qui ont apparu sous la forme humaine, et des saints. La sixième session (5 ou 6 octobre) fut consacrée à la lecture et à la réfutation du décret du concile d’Hiéria de 753, et la septième (13 octobre) à la lecture de l’ὅρος du présent synode. Dans cette profession de foi, les Pères répètent le symbole de Constantinople ; ils reçoivent les six premiers conciles généraux et leurs décisions ; puis ils définissent que l’on doit exposer non seulement l’image de la croix, mais aussi celles de Notre-Seigneur, de sa Mère, des anges et des saintsa ; qu’on peut les baiser et leur rendre une adoration d’honneur (ἀσπασμὸν καὶ τιμητικὴν προσκύνησιν), mais non pas l’adoration de latrie proprement dite réservée à Dieu (οὐ μὴν τὴν κατὰ πίστιν ἡμῶν ἀληϑινὴν λατρείαν) ; et qu’enfin on peut, en leur honneur, brûler de l’encens et allumer des lumières, comme on le fait pour la croix et les évangiles ; car l’honneur rendu à l’image se rapporte à l’original.
a – On remarquera qu’il n’est pas question d’images de Dieu le Père.
Tous les membres de l’assemblée signèrent cette profession de foi. Irène et son fils la souscrivirent dans une huitième et dernière session (23 octobre), tenue au palais de la Magnaure à Constantinople ; et l’on prit des mesures pour la destruction des écrits iconoclastes. Le rétablissement des images était un fait accompli.