Lorsque cette seconde lettre eut été présentéc à l'Empereur, les Ariens excitèrent sa colère, et menèrent plusieurs Évéques malgré eux à une petite ville de Thrace nommée Nice. En ayant trompé quelques-uns, qui étaient fort simples, et ayant épouvanté les autres, ils leur persuadèrent d'ôter du formulaire de foi, les termes de substance, et de consubstanciel, et d'y insérer celui de semblable. Je rapporterai ici la profession de foi qu'ils composèrent, non comme une profession Orthodoxe, mais comme une pièce qui est contraire aux Ariens, parce que ceux de ce temps-ci, mettent le terme de dissemblable, au lieu de celui de semblable.
Profession de foi proposée au Concile de Nice en Thrace.
« Nous croyons un seul Dieu, Père tout-puissant, de qui sont toutes choses, et un Fils unique de Dieu, engendré de Dieu avant tous les temps, et avant tout commencement, par qui toutes les choses tant les visibles que les invisibles ont été faites. Nous croyons qu'il est né seul du Père, seul d'un seul, Dieu de Dieu, semblable selon la sainte Écriture, au Père qui l'a engendré, dont la génération n'est connue que par le Père même, qui l'a engendré. Nous savons que ce Fils unique de Dieu a été envoyé par son Père, qu'il est descendu du Ciel selon les Écritures, pour la destruction du péché et de la mort, et qu'il est né selon la chair, de la Vierge Marie par l'opération du saint Esprit, qu'il a conversé avec ses Disciples, et qu'après avoir accompli tous les Mystères selon la volonté de son Père, il a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux Enfers, où il a donné de la terreur ; qu'il est ressuscité trois jours après ; qu'il a conversé avec ses Disciples, et que quarante jours après il est monté au Ciel, il s'est assis à la droite de son Père dans la gloire duquel il viendra au dernier jour de la résurrection, pour rendre à chacun ce qui sera dû à ses œuvres. Et le saint Esprit que Jésus-Christ notre Seigneur, et notre Dieu Fils unique de Dieu a promis d'envoyer au genre humain pour lui servir d'Avocat et d'Esprit de vérité, comme il est écrit, et qu'il a envoyé après qu'il est monté au Ciel. Quant au mot de substance dont les Pères se sont servis avec trop de simplicité, et qui n'étant pas entendu par le peuple lui a été un sujet de chute, nous avons trouvé à propos de le rejeter puisqu'il n'est point dans l'Écriture, et de ne plus faire de mention à l'avenir de la substance du Père et du Fils, puisque l'Écriture n'en fait point. On ne doit pas même parler de l'hypostase du Père, du Fils, et du saint Esprit. Nous disons que le Fils est semblable au Père, comme l'Écriture sainte le dit et l'enseigne. Nous prononçons anathème contre toutes les hérésies qui s'opposent à cette exposition de foi, soit qu'elles ayent été autrefois condamnées, ou qu'elles se soient élevées depuis peu de temps. »
Les uns signèrent cette profession par imprudence, après avoir été trompés, et les autres par crainte. Ceux qui refusèrent de la signer furent exilés aux extrémités du monde.