« Pour nous, nous nous efforcerons de n’avoir point besoin de semblables biens ; mais nous dirigerons l’exercice de toutes les facultés de notre âme à devenir semblables à Dieu et aux natures qui l’approchent de plus près. Or on y parvient en domptant ses passions, en concevant des idées saines et justes de tout ce qui existe ; en conformant sa vie aux modèles que nous fournissent la Divinité et les autres êtres qui approchent de sa nature. Quant aux hommes pervers et aux méchants démons, en un mot à tout être qui s’attache aux choses mortelles et matérielles, nous éviterons de leur ressembler. L’homme sage, tel que nous le concevons, s’abstiendra de toutes les choses extérieures, renoncera à tout commerce avec les démons, n’aura point recours aux devins ni aux présages qui se tirent des entrailles des animaux, parce qu’il a su s’abstenir des choses qui sont l’objet de la divination. Ainsi il ne se liera pas par le mariage, pour savoir du devin si cette alliance sera heureuse ou malheureuse ; il s’abstiendra du commerce, pour ne point avoir à consulter le devin, sur un domestique, sur un vol qui aura été commis à son détriment, en un mot sur toutes ces futilités qui remplissent la vie humaine. Le bien qui fait l’objet de ses recherches, il n’y a ni devin, ni entrailles fumantes d’animaux égorgés qui puissent le lui révéler. Mais, comme nous l’avons dit, il s’approchera lui-même de Dieu qui réside réellement dans son propre cœur ; et là tout recueilli en lui-même, il recevra les préceptes de la vie éternelle. »
Après de telles paroles, peut-il rester encore quelques doutes sur ce qu’il faut penser de la divination, des aruspices et de toutes ces prédictions de l’avenir qui ont fait tant de bruit ? pure vanité que tout cela, ouvrage des méchants démons, au jugement même de notre philosophe. Il continue à traiter le sujet des mauvais démons, et après avoir dit que l’homme sage ne se fera pas leur esclave, et ne s’occupera pas à se les rendre favorables par des sacrifices, il ajoute que le vrai philosophe ne consultera ni les devins, ni les entrailles des animaux, ni rien de semblable, parce qu’en tout cela il n’y a qu’artifice des démons et donc un homme sage doit s’abstenir scrupuleusement de tous ces sacrifices par lesquels on cherche à se rendre les démons propices, j’entends ces sacrifices qui se font par l’effusion du sang et l’immolation des animaux, il n’y eut donc pas un seul homme sage parmi tous les peuples anciens qui immolèrent des animaux, et à combien plus forte raison parmi ceux qui immolèrent des hommes ! Or nous avons démontré que, à quelques rares exceptions près, tous les peuples qui ont précédé la venue de notre Sauveur Jésus-Christ sur la terre, ont fait usage des sacrifices humains pour fléchir les méchants démons. Donc le sens commun des hommes, quand il est dirigé par la droite raison, apprend à l’homme sage à s’abstenir de tous ces sacrifices qui s’offrent aux méchants démons, et à s’appliquer plutôt à purifier son âme, parce qu’une âme pure est à l’abri de leurs attaques, à cause de la différence qui se trouve entre elle et les mauvais génies. Or Apollon, ce prétendu dieu, (en le comparant avec l’homme raisonnable, il est facile de voir combien sa divine sagesse le cède à la droite raison humaine). Apollon ordonne d’offrir des sacrifices aux méchants démons ; preuve évidente qu’il est leur ami, or un être méchant ne peut avoir pour ami que son semblable. Et si vous voulez vous convaincre que telle est la volonté d’Apollon, vous en trouverez la preuve dans l’écrit du philosophe que nous venons de citer : voici comment il s’exprime dans son traité de la Philosophie des oracles.