Cette profession de foi fut désapprouvée par tous les défenseurs de la vérité, et principalement par les Évêques d'Occident, comme il paraît par leur lettre aux Évêques d'Illyrie. Elle est signée premièrement par Damase qui avait succédé à Libère, et qui était orné de toute sorte de vertus, et par quatre-vingt-dix autres, qui avaient été assemblés à Rome, d'Italie, et des Gaules, et dont j'aurais mis ici les noms si je n'avais jugé que cela serait inutile. Mais pour la lettre la voici.
Damase, Valère et les autres Évêques assemblés dans le saint Concile de Rome, aux Évêques d'Illyrie nos très-chers frères, salut en Notre-Seigneur.
« Nous ne doutons point que vous ne teniez notre sainte foi, qui est fondée sur la doctrine des Apôtres, et qui n'est nullement contraire aux sentiments des Pères, et que vous ne la prêchiez au peuple. Il n'est pas permis aux Prêtres de Dieu, qui sont les Maîtres des sages du monde, d'être dans un autre sentiment. Cependant nous avons appris par le rapport de nos Frères les Évêques des Gaules, et de l'État de Venise, que quelques-uns s'efforcent d'insinuer l'erreur dont les Évêques doivent prendre garde que les fidèles ne soient surpris, non plus que de tout ce qui est contraire aux véritables explications, soit que tous les Docteurs de l'Église s'accordent dans l'étendue de l'Empire Romain, sans déchirer l'unité de la foi par leurs contestations, et par leurs disputes. Car dès que la malignité des hérétiques commença à s'élever de la même sorte que l'impiété des Ariens s'élève encore aujourd'hui, trois cent dix-huit de nos Pères assemblés à Nicée élevèrent une muraille contre les machines, et les attaques du démon, et préparèrent un contrepoison contre leur doctrine corrompue. Ce contrepoison est de croire que le Père et le Fils n'ont qu'une même divinité, une même vertu, et une même nature. Nous devons aussi croire que le saint Esprit est de la même substance ; et nous avons ordonné que ceux qui seront dans un autre sentiment, seront retranchés de notre Communion. Quelques-uns ont entrepris de violer cette règle salutaire, et cette décision adorable. Mais ceux mêmes qui s'étaient portés à cet attentat dans le Concile de Rimini, l'ont en quelque sorte réparé, en confessant qu'ils avaient été trompés par une manière de raisonner, qui ne leur paraissait pas contraire à la doctrine publiée dans le Concile de Nicée. Le nombre de ceux qui se sont trouvés à Rimini ne peut faire aucun préjudice à la bonne doctrine, par ce qu'ils s'y sont assemblés sans la participation de l'Évêque de Rome, qu'il fallait plutôt consulter que nul autre ; sans la participation de Vincent, qui a joui de la dignité Episcopale durant tant d'années, et sans celle d'un grand nombre d'autres, qui étaient de même sentiment que ceux-ci, par ce que ceux qui ayant été trompés, ont semblé s'en éloigner, ont témoigné que cet éloignement leur déplaisait, lorsqu'ils ont eu la liberté entière de leur jugement. Vous reconnaissez donc qu'il faut retenir inviolablement la doctrine qui a été établie dans le Concile de Nicée sur l'autorité des Apôtres, et que tous les Évêques tant d'Orient que d'Occident, qui font professïon d'être Catholiques, doivent se glorifier de tenir avec nous. Nous espérons que ceux qui sont dans un autre sentiment seront bientôt retranchés de notre communion, et privés de la dignité Épiscopale, de sorte que les peuples délivrés comme du joug des erreurs qu'ils leur imposent, auront la liberté de respirer. Car pour eux ils n'ont garde de désaveugler le peuple, puisqu'ils sont aveuglés eux-mêmes. Que votre jugement soit conforme au jugement de tous les Évéques, demeurez-y fermes, et inébranlables, et assurez-nous-en par vos lettres, afin que nous n'en puissions douter. »