Après avoir défini et énuméré les substances constitutives de la nature humaine, l’âme, l’esprit et le corps, nous avons à considérer quelles sont les facultés de ces substances ou du moins de la principale d’entre elles, de l’âme. Nous appelons faculté la capacité de produire un effet. La faculté se place donc entre la substance et l’effet ; elle n’est pas seulement la substance, puisqu’on peut supposer une substance absolument morte, et elle n’est pas encore l’effet, puisque la faculté peut demeurer latente et au repos ; mais elle est la puissance, inhérente à la substance même, de produire cet effet.
Dans l’ordre physique on parle d’organes et de propriétés de ces organes. La propriété est à l’organe physique ce que la faculté est à l’organe moral ; seulement la faculté suppose l’intelligence et la volonté de l’agent, que la propriété ne suppose pas ; par là-même, il est difficile de se représenter la propriété d’un organe physique autrement qu’en activité. Au moral, il peut paraître que si la substance est une notion suffisamment distincte, appliquée soit au corps, soit à l’âme, soit à l’esprit, la notion d’organe en revanche tende à se confondre avec celle de faculté, et qu’il soit indifférent de dire le cœur ou la faculté de vouloir, et l’âme ou la faculté de sentir ; le terme d’intelligence réunit et confond en lui ces deux notions et se prend indifféremment pour l’organe de la pensée et la faculté même de penser. L’organe cependant, qui est une des parties de la substance, peut se distinguer de la faculté, en ce qu’il en est le substrat, et que le même organe peut avoir plusieurs facultés.
Nous n’avons à énumérer ici que les facultés essentielles de l’âme humaine dans son état originel, celles du corps étant, au sens propre du mot, non pas des facultés, mais des propriétés, et celles de l’esprit n’étant pas encore apparues comme telles, même dans l’état normal.