L'empereur écrivit aux habitants d'Antioche, qu'il n'avait point donné à Eudoxe l'Évêché de leur ville, bien qu'il eût l'insolence de s'en vanter, et commanda qu'il en fût chasse, et que son entreprise fût examinée dans le Concile qu'il avait convoqué à Nicée en Bithynie. Eudoxe avait négocié avec ceux qui avaient le principal crédit à la Cour, pour faire en sorte que le Concile fût assemblé dans cette ville. Mais le Souverain Modérateur de l'Univers, à qui l'avenir est aussi présent que le passé, détourna l'assemblée par un tremblement de terre, qui ruina une partie de Nicée, et accabla un grand nombre des habitants. Les Évêques qui s'y étaient déjà rendus ayant été saisi de crainte, retournèrent chacun à leur Église. Il me semble que la convocation de ce Concile, fut détournée par un ordre secret de la Sagesse divine. Car comme les Évêques étaient disposés à y faire une profession de foi contraire à celle qui avait autrefois été arrêtée dans la même ville, et que les Ariens auraient abusé du nom, et trompé les simples, Dieu empêcha l'assemblée.
Quelque temps après l'Empereur Constance ordonna à la sollicitation des accusateurs d'Eudoxe, que le Concile serait tenu à Séleucie ville capitale d'Isaurie, et voisine de la mer, et que les Évêques d'Orient, d'Asie, et de Pont s'y rendraient en diligence. Acace avait alors succédé à Eusèbe, et gouvernait après lui l'Église de Césarée en Palestine. Bien qu'il eût été déposé par le Concile de Sardique, il n'avait point déféré à cette déposition, et avait ouvertement méprisé le jugement d'un si grand nombre de Prélats. Maxime gouvernait l'Église de Jérusalem, et avait succédé à Macaire, de qui nous avons ci-devant parlé. Il s'était rendu fort célèbre durant la persécution, par la générosité avec laquelle il avait soutenu la foi, et par la constance avec laquelle il avait souffert qu'on lui crevât l'œil, et qu'on lui coupât le jarret droit. Lorsque Dieu l'eut retiré de cette vie mortelle, pour le faire passer à l'immortelle, Cyrille généreux défenseur de la doctrine des Apôtres, fut élevé sur le Siège de cette Église. Ces Évêques disputèrent entre eux de la primauté, et excitèrent par leurs contestations d'horribles troubles parmi les fidèles. Acace avait déposé Cyrille pour un très léger sujet, et l'avait chassé de Jérusalem. Étant chassé de la sorte, il était allé à Antioche, où il n'y avait point d'Évêque, et de là était passé à Tarse, et s'y était arrêté pour y demeurer avec Sylvain. Acace en ayant eu avis, écrivit à Sylvain, pour lui faire savoir que Cyrille était déposé. Mais le respect qu'il avait pour sa vertu, et l'appréhension de choquer le peuple, qui prenait un plaisir singulier à entendre ses sermons, empêchèrent qu'il ne lui défendît de continuer ses fonctions. Lorsqu'ils se furent rendus à Séleucie, Cyrille prit sa place avec Basile, Eustate, Sylvain, et les autres Évêques. Acace se présenta aussi devant eux, qui étaient au nombre de cent cinquante. Mais il leur déclara qu'il n'assisterait point au Concile, que Cyrille n'en fût sorti, parce qu'il avait été déposé. Quelques-uns qui aimaient la paix, prièrent Cyrille de sortir, et lui promirent d'examiner son affaire, lorsque les questions de doctrine auraient été décidées. Mais Cyrille n'ayant point déféré à leur prière, Acace se retira. Il conféra avec Eudoxe, le délivra de sa crainte, lui releva le courage, en lui promettant sa protection.