1. La Galilée, qui se divise en Galilée supérieure et Galilée inférieure, est enveloppée par la Phénicie et la Syrie ; au couchant, elle a pour bornes le territoire de Ptolémaïs et le Carmel, montagne jadis galiléenne, maintenant tyrienne ; au Carmel confine Gaba, la « ville des cavaliers », ainsi appelée des cavaliers qui, licenciés par le roi Hérode, y établirent leur résidence[1]. Au midi, la Galilée a pour limites la Samarie et le territoire de Scythopolis jusqu'au cours du Jourdain ; à l'orient, les territoires d'Hippos, de Gadara et la Gaulanitide ; de ce côté aussi elle touche au royaume d'Agrippa ; au nord, Tyr et le pays des Tyriens la bornent. La Galilée inférieure s'étend en longueur de Tibériade à Chaboulon, qu'avoisine Ptolémaïs sur le littoral ; en largeur, depuis le bourg de Xaloth, situé dans la grande plaine, jusqu'à Bersabé. La haute Galilée part du même point pour s'étendre en largeur jusqu'au bourg de Baca, frontière du territoire des Tyriens ; sa longueur va depuis le bourg de Thella, voisin du Jourdain, jusqu'à Méroth[2].
[1] Cf. Antiquités, XV, 294. C'est la Geba de Pline, V, 19, 75. Voir Schürer, II4, 199.
[2] La Galilée inférieure est au Sud, la Galilée supérieure au Nord. Josèphe entend par longueur la dimension Est-Ouest, par largeur la dimension Sud-Nord. Mais la plupart des bourgades mentionnées ici et dont plusieurs reparaissent ailleurs (Chaboulon, Bersabé, Méroth) ne peuvent être exactement localisées. Xaloth a été identifié à l'ancienne Kisloth-Tabor (Josué, 19, 12), à 8 milles à l'Est de Sepphoris.
2. Avec cette extension médiocre, et quoique cernées par des nations étrangères, les deux Galilées ont toujours su tenir tête aux invasions, car les habitants furent de tout temps nombreux et belliqueux dès l'enfance ; l'homme n'y a jamais manqué de courage, ni la terre d'hommes. Comme elle est, dans toute son étendue, grasse, riche en pâturages, plantée d'arbres variés, sa fécondité encourage même les pins paresseux à l'agriculture. Aussi le sol a-t-il été mis en valeur tout entier par les habitants : aucune parcelle n'est restée en friche. Il y a beaucoup de villes, et les bourgades mêmes sont si abondamment peuplées, grâce à la fertilité du sol, que la moindre d'entre elles compte encore quinze mille habitants[3].
[3] Évidente exagération puisque, la Galilée ayant 204 villes et bourgades (Vita, 235), cela donnerait une population de plus de 3 millions d'âmes.
3. En somme, si la Galilée, pour la superficie, peut être mise au-dessous de la Pérée[4], on lui donnera la préférence pour l'abondance de ses ressources ; car elle est tout entière cultivée et donne des récoltes d'un bout à l'autre, tandis que la Pérée, beaucoup plus vaste, est en grande partie déserte et rocailleuse, avec un sol trop rude pour faire mûrir des fruits domestiques. Néanmoins, là aussi le terrain, partout où il s'amollit, est productif. Les plaines sont plantées d'arbres de toute espèce : on y voit surtout l'olivier, les vignes et les palmiers ; car le pays est arrosé par les torrents descendus des montagnes et par des sources qui ne tarissent jamais, alors même que l'ardeur de l'été dessèche les torrents. La Pérée s'étend en longueur de Machérous à Pella[5], en largeur de Philadelphie jusqu'au Jourdain. Sa frontière nord est le territoire de Pella, dont nous venons de parler, sa frontière ouest le Jourdain ; au sud, elle confine au pays de Moab ; vers l'est, à l'Arabie, à l'Hesbonitide[6], aux territoires de Philadelphie et de Gerasa.
[4] Cela paraît inexact si l'on prend la Pérée dans le sens restreint où Josèphe va la définir.
[5] Machérous compris, Pella non compris.
[6] Les mss. ont Σιλωνιτίδι, Σιλβωνιτίδι, Σιβωνίδι ; il s'agit sûrement du territoire d'Hesbon, ailleurs (Ant., XII, 233 ; XV, 294) appelé Ἐσσεβωνῖτις (Sebonotis en latin). Voir liv. II, XVIII, 1.
4. La province de Samarie est située entre la Galilée et la Judée ; elle commence, en effet, au bourg de Généa[7], situé dans la (grande) plaine, et se termine à la toparchie de l'Acrabatène. Son caractère ne diffère pas de celui de la Judée. L'une et l'autre région présentent une alternance de montagnes et de plaines, offrent à la culture des terres faciles et fertiles, sont couvertes d'arbres, foisonnent en fruits francs et sauvages ; nulle part la sécheresse du désert et partout des pluies abondantes. Toutes les eaux courantes ont une saveur singulièrement douce ; une herbe excellente et touffue donne aux bestiaux un lait plus abondant qu'ailleurs. Mais rien ne prouve mieux la bonté et la fertilité des deux territoires que la multitude de leur population.
[7] C'est le lieu appelé plus haut Ghéma (liv. II, XII, 3), ailleurs (Ant., XX, 118) Γινκῆς.
5. Sur la frontière des deux pays se trouve le village d'Anouath, appelé encore Borcéos, limite nord de la Judée ; la limite méridionale, si on mesure le pays dans sa longueur, est marquée par un village limitrophe de l'Arabie, que les Juifs nomment Jardan[8]. En largeur, la Judée se développe du fleuve Jourdain à Joppé. La ville de Jérusalem est située presque exactement au centre[9], ce qui l'a fait appeler quelquefois, non sans raison, l'« ombilic » du pays. La Judée n'est d'ailleurs pas dépourvue des avantages d'une situation maritime, puisqu'elle étend ses rivages jusqu'à Ptolémaïs. Elle se divise en onze districts, dont le premier est celui de la capitale, Jérusalem, qui domine tout le reste comme la tête le corps humain ; les districts suivants forment autant de toparchies. Gophna est la seconde, puis viennent Acrabata, Thamna, Lydda, Emmaüs, Pella[10] (?), l'Idumée, Engaddé, Hérodion et Jéricho. Il faut y ajouter Jamnia et Joppé, qui ont juridiction sur leurs banlieues, puis la Gamalitique, la Gaulanitide, la Batanée, la Trachonitide, qui font déjà partie du royaume d'Agrippa. Ce royaume, qui commence au mont Liban et aux sources du Jourdain, s'étend en largeur jusqu'au lac de Tibériade, en longueur du bourg d'Arphas[11] jusqu'à Julias. La population se compose de Juifs et de Syriens mêlés. Tel est le tableau, aussi succinct que possible, que j'ai cru devoir tracer du pays des Juifs et de leurs voisins.
[8] On place Anouath ou Anoua à 10 milles au Sud de Sichem (Naplouse), Jardan à Tell Arad, à 20 milles au S.-E. d'Hébron.
[9] Ce n'est pas exact : Jérusalem est à l'Est de la ligne médiane de la Judée.
[10] La toparchie de Pella n'est pas mentionnée ailleurs ; c'est sans doute une faute de texte pour Bethleptephé (Guerre, IV, 445), la Betholethephene de Pline, V, 14, 70. Pline, dans son énumération, omet l'Idumée et Engaddé, et compte en revanche Joppé comme une toparchie. Mais Joppé (II, VI, 3), comme Jamnia (II, IX, 1), avait une administration spéciale.
[11] Emplacement inconnu.