Tout homme doué d’un esprit sain et ferme, d’un caractère religieux et ami de la vérité, s’appliquera à la méditation des choses que Dieu a mises à la portée de notre intelligence, et il fera de rapides progrès dans cette étude à l’aide d’un travail assidu de chaque jour. Or, ces choses sont celles que l’Écriture nous présente avec un caractère d’évidence qui frappe nos yeux, et exprimées en des termes si clairs qu’ils ne laissent place à aucune douteuse interprétation.
Aussi, ne doit-on appliquer le langage des paraboles qu’aux choses qui ne présentent nulle ambiguïté ; cette application dès lors est sans danger, et la parabole sera entendue par tous de la même manière ; et le corps de la vérité, par l’exacte conformation de tous les membres qui le composent, recevra ainsi un nouveau degré de vigueur. Mais il faut bien se garder de chercher à expliquer, par des paraboles dont le sens est arbitraire, les choses qui ont un sens mystérieux et qui ne sont pas destinées à frapper d’abord les esprits par leur clarté. Si l’on agissait ainsi, on ne saurait plus où serait la règle de ce qui est vrai, autant de personnes voulant expliquer les paraboles, autant de vérités se combattant les unes les autres, et établissant des principes différents, comme on le voit dans les livres des philosophes gentils.
Or, celui qui se comportera ainsi ne pourra, malgré ses efforts, découvrir la vérité, parce qu’il aura dédaigné la règle qui sert à la découvrir. Et lorsque l’époux céleste viendra, tenant en sa main la lampe de vérité, qui brille d’un éclat tout mystérieux, et qui ne se manifeste pas aux regards du vulgaire, il fera accueil à ceux qui ont appris à pénétrer le sens caché des paraboles, et il exclura du lit nuptial l’homme de peu de foi qui exige, pour croire, des preuves éclatantes et matérielles. Tous les livres de l’Écriture, les prophéties, les Évangiles, annoncent hautement, sans la moindre hésitation, dans un langage que tous les hommes, quand même ils n’auraient pas la foi, peuvent facilement comprendre, que c’est un seul et même Dieu, à l’exclusion de tout autre, qui a créé toutes choses par son Verbe, et qui les gouverne par sa sagesse, soit les choses visibles, soit les choses invisibles, tout ce qui est au ciel, sur la terre, dans le sein de la terre et des eaux ; démonstration qui résulte non-seulement des paroles mêmes de l’Écriture, mais encore de notre propre organisation, et de tout le spectacle de l’univers. Combien grande ne paraîtra pas la folie de ceux qui ferment leurs yeux à tant d’évidence, ne veulent pas voir la lumière de la vérité, et combattent leur propre instinct, pour inventer, en torturant le sens des paraboles, un Dieu de leur façon ? Mais ils n’apportent aucune preuve, aucun signe évident, pour constater l’existence de ce Dieu de leur fabrique, dont les saintes Écritures ne font mention nulle part ; et ils reconnaissent eux-mêmes ce défaut de preuves et d’évidence, quand ils en viennent à déclarer que le Sauveur n’a communiqué ce secret qu’à quelques initiés capables de comprendre et de pénétrer la vérité à travers les argumentations, les paraboles et les énigmes qui l’enveloppent. C’est au moyen de ces systèmes qu’ils vont jusqu’à soutenir, qu’outre le Dieu que tout l’univers annonce, il y a un autre Dieu annoncé mystérieusement par les paraboles et les énigmes.
S’attacher exclusivement aux paraboles et à leur double sens pour chercher Dieu, tout en dédaignant les preuves claires, manifestes et indubitables qui nous démontrent son existence, n’est-ce pas la conduite d’insensés et de gens qui se précipitent de gaieté de cœur à travers les écueils ? Oh ! ce n’est pas là bâtir sa maison sur la pierre dure et ferme, et à la clarté du jour ! mais c’est plutôt construire sur le sable mobile et dans les ténèbres. Aussi une pareille construction est-elle facile à renverser.