1. Le corps de secours envoyé par Vespasien aux habitants de Sepphoris, et qui comptait mille cavaliers et dix mille fantassins sous le commandement du tribun Placidus, campa d'abord dans la grande plaine, puis se divisa en deux : l'infanterie se logea dans la ville pour la garder, la cavalerie resta dans le camp. Les uns et les autres faisaient de fréquentes sorties, et couraient le pays en incommodant fort Josèphe et les siens : quand ceux-ci restaient blottis[1] dans leurs villes, les Romains en ravageaient les alentours ; quand ils s'enhardissaient à en sortir, ils les taillaient en pièces. A la vérité, Josèphe tenta un coup de main contre la ville, dans l'espoir de s'en emparer, mais il l'avait si bien fortifiée lui-même, avant qu'elle trahît la cause des Galiléens, que les Romains même auraient eu peine à la prendre ; aussi fut-il déçu dans son espoir et dut-il s'avouer trop faible soit pour prendre Sepphoris de vive force, soit pour la ramener par la persuasion[2]. Son entreprise ne fit même que déchaîner la guerre plus violemment sur le pays ; dans leur colère, les Romains ne cessèrent ni de jour ni de nuit de dévaster les champs et de piller les propriétés des ruraux, massacrant ceux qui leur résistaient et réduisant les faibles en esclavage. La Galilée entière fut mise à feu et à sang ; aucun malheur, aucune souffrance ne lui furent épargnés ; les habitants pourchassés ne trouvaient de refuge que dans les villes fortifiées par Josèphe.
[1] Nous lisons avec Niese ἀτρεμοῦντάς τε (ou μὲν ?) κατὰ πόλεις.
[2] Cette attaque ne doit pas être confondue, malgré la ressemblance des circonstances, avec celle qui est racontée Vita, c. 71, § 395 suiv., et qui se place avant l'arrivée de Vespasien. — Dans le récit de la Vita (§ 411 et suiv.) il semble y avoir ici une lacune. — Toutefois il se pourrait que Josèphe eût commis dans la Vita un anachronisme.
2. Cependant Titus, ayant passé d'Achaïe à Alexandrie plus promptement que ne semblait le comporter la saison d'hiver, prit le commandement des troupes qu'on lui avait assignées et par une marche forcée gagna rapidement Ptolémaïs. Il y trouva son père avec ses deux légions, la cinquième et la dixième, renommées entre toutes, et le renforça de la quinzième, qu'il lui amenait. Ces légions étaient accompagnées de dix-huit cohortes ; cinq autres vinrent les rejoindre de Césarée avec une aile de cavalerie romaine et cinq ailes de cavalerie Syrienne. Sur les vingt-trois cohortes, dix comptaient chacune mille fantassins, les treize autres étaient à l'effectif de six cents fantassins et de cent vingt cavaliers. Il vint aussi de nombreuses troupes auxiliaires envoyées par les rois Antiochus, Agrippa et Sohémos[3], fournissant chacun deux mille archers à pied et mille cavaliers ; l'Arabe Malchos envoya mille cavaliers et cinq mille fantassins, archers pour la plupart ; en sorte que le total des forces, infanterie et cavalerie, y compris les contingents des rois, s'élevait à soixante mille hommes[4], sans compter les valets, qui suivaient en très grand nombre, et qu'on peut ranger parmi les combattants, tant ils étaient exercés au métier des armes : car, prenant part en temps de paix aux manœuvres de leur maîtres et en temps de guerre à leurs dangers, ils ne le cédaient qu'à ceux-ci en courage et en adresse.
[3] Antiochus IV, roi de Commagène ; Sohémos, roi d'Emèse. Cf. II, XVIII, 9.
[4] Ce chiffre n'est guère exagéré. En effet on a :
3 légions à 6.120 hommes | 18.360 | |
10 cohortes à 1.000 | 10.000 | |
13 cohortes à 720 | 9.360 | |
6 alae à 500 (?) | 3.000 | |
Auxiliaires des rois syriens (3 × 3.000) | 9.000 | |
Auxiliaires arabes | 6.000 | |
Total | 55.720 |
Si les alae sont à 1.000 hommes, le total est de 58.720, qui se rapproche singulièrement du nombre rond de 60.000.