A côté des simples théophanies et des apparitions passagères de Dieu, il est question dans certains passages, comme dans Deutéronome 12.5, 11 ; 14.23 ; 1 Rois 8.12-13, d’une habitation durable et permanente de l’Éternel ou du nom de l’Éternel au milieu de son peuple. C’est dans le Sanctuaire que l’Éternel habite ainsi ; de là le nom de « demeure de l’Éternel » qui est donné parfois au temple. Du verbe שכן demeurer, la théologie judaïque a tiré le nom de Schekina, qui signifie donc la présence ou l’habitation de l’Éternel
D’après Gen. ch. 2 tout entier, et Genèse 3.24, où apparaissent des chérubins dont la présence indique toujours que l’Éternel est proche, on peut considérer le jardin d’Eden comme le premier séjour de la présence de l’Éternel. Elle y demeure après la chute. Elle y est encore du temps de Caïn, qui, au moment de s’éloigner toujours plus du Paradis, dit qu’il va être caché de devant la face de l’Éternel (Genèse 4.14). Elle y demeure jusqu’au déluge, et ce n’est qu’après ce grand bouleversement que Dieu se révèle du ciel.
[Hofmann veut en voir une preuve dans Psaumes 29.10, mais à tort. On ne peut douter que le mot מבול ne signifie ici le déluge. Mais ce verset ne veut point dire : Au déluge Jéhovah alla trôner dans le ciel, tandis que jusque-là il avait séjourné sur la terre. » On l’a fort bien rendu quand on a traduit : « L’Éternel a présidé sur le déluge. »]
Plus tard Dieu demeure dans le sanctuaire. Il en prend possession sous le voile d’une nuée (Exode 40.34-38), et c’est aussi dans la nuée que, d’après Lévitique 16.2, apparaît la gloire de l’Éternel (Voyez § 118). C’est désormais dans le sanctuaire que sera la face de l’Éternel. « Se présenter devant la face de l’Éternel,) » c’est aller au tabernacle (Exode 23.17 ; Deutéronome 31.11). « Voir la face de Dieu » sera une excellente expression pour désigner la perception de la présence de l’Éternel dans son temple. (Psaumes 42.3 ; 63.3) Dieu manifeste par des éclats de puissance partant du sanctuaire la réalité de sa présence en ce lieu sacré (Lévitique 9.24 ; 10.2) C’est parce que Dieu y habite que les Israélites doivent se tourner vers le temple quand ils prient (1 Rois 8.30, 35, 38 ; Daniel 6.11). C’est aussi ce qui explique des passages comme Psaumes 3.5 : « De ma voix je crie à l’Éternel, et Il me répond de sa montagne sainte. »
De même que Dieu a sur la terre un lieu précis où il habite, de même dans le ciel il y a un sanctuaire, auquel répond celui de Jérusalem, et où Dieu est présent d’une manière plus particulière qu’il ne l’est dans le reste de l’univers (1 Rois 8.30, 39 ; Deutéronome 4.39 ; Ésaïe 66.1). C’est de ce sanctuaire céleste que descend l’exaucement des prières (1 Rois 8.30, 32, 34, 39, 43). Il y a donc plus qu’une manière populaire et symbolique de s’exprimer, dans les passages où le ciel est désigné comme le temple de Dieu, ou bien dans lesquels il est parlé d’un trône de Dieu dans le ciel (Psaumes 11.4 ; 18.7 ; 29.9 ; 2.4 ; 103.19, etc.).
D’après ce qui précède, il n’est pas question dans l’A. T. d’une habitation de Dieu dans le cœur de l’homme. Quand nous traiterons de l’Esprit de Dieu (§ 65), nous verrons qu’il est quelquefois parlé d’un envoi de cet Esprit aux hommes. Mais cela ne constitue pas encore une habitation de Dieu dans l’homme. Ésaïe 57.15, dit simplement que Dieu est avec celui qui est humble de cœur. Ce n’est que sous la nouvelle alliance qu’il y aura réellement habitation de Dieu, dans un homme d’abord (Jean 1.14), puis dans tous les croyants (Jean 14.21). Cela n’empêche cependant pas que dans l’Apocalypse nous ne trouvions de nouveau un temple de Dieu dans le ciel (Apocalypse 7.15), et que le but vers lequel tendent toutes les choses finales, ne soit l’habitation de Dieu sur la terre glorifiée (Apocalypse 21.3 ; Jérémie 3.16-17)
[Apocalypse 7.15 : « Ils Le servent jour et nuit dans son temple et Celui qui est assis sur le trône habitera avec eux. » D’après Jérémie 3.16-17, la présence de l’Éternel ne sera plus, dans le temps du salut, limitée à l’arche et au temple. Jérusalem tout entière sera la demeure de Dieu et l’on n’aura plus lieu de regretter l’arche. Quiconque montera à Jérusalem, montera vers le nom de l’Éternel.]