Μέθη, que nous rencontrons dans le N. T., Luc 21.34 ; Romains 13.13 ; Galates 5.21 ; et πότος qu’on ne trouve que dans 1 Pierre 4.3, se distinguent entr’eux comme étant l’un un nom abstrait, et l’autre un nom concret. Μέθη plus fort et exprimant un plus grand excès qu’οἴνωσις, dont Plutarque le sépare, (De Garr. 4 ; Symp. 3.1), et que Clément d’Alexandrie définit : ἀκράτου χρῆσις σφοδροτέρα, désigne l’ivrognerie (Joël 1.5 ; Ézéchiel 39.19) ; πότος (εὐωχία Hesychius ; cf. Polybius 2.4, 6). l’action de boire (the drinking bout), le symposium, non de nécessité l’excès (Genèse 19.3 ; 2 Samuel 3.20), mais ce qui lui en ouvre la porte (1 Samuel 25.36 ; Xenoph., Anab. 7.3, 13 ; ἐπεὶ προὐχώρει ὁ πότος).
Le mot suivant dans notre groupe est οἰνοφλυγία, que nous ne trouvons dans le N. T. que 1 Pierre 4.3 ; et jamais chez les Septante, mais ils ont οἰνοφλυγεῖν, Deutéronome 21.20 ; Ésaïe 56.12. Évidemment οἰνοφλυγία représente un degré de plus que μέθη. Ainsi Philon (De Ebriet. 8 ; De Merc. Mer. 1) range οἰνοφλυγία parmi les ὑβρεῖς ἔσχαται ; comparez Xénophon (Œcon. 1.22) : δοῦλοι λιχνειῶν λαγνειῶν οἰνοφλυγιῶν. D’après une stricte définition οἰνοφλυγία est : ἐπιθυμία οἴνου ἄπληστος (Andronique de Rhodes), ἀπλήρωτος ἐπιθυμία, selon Philon (Vit. Mos. 3.22) ; en allemand, « Trinksucht ». D’ordinaire, cependant, c’est une débauche, un abandon sans frein à des libations (voy. Basil., Hom. in Ebrios 7) telles qu’elles peuvent entraîner des maux permanents pour le corps (Aristot., Eth. Nic. 3.5, 15) ; comme cette fatale orgie à laquelle Arrien, d’après une tradition courante dans l’antiquité, incline à attribuer la mort d’Alexandre le Grand (7.24, 25).
Κῶμος ne se trouve qu’au pluriel dans le N. T. C’est le latin « comissatio », qui, nous avons à peine besoin de le remarquer, tient de κωμάζειν, non de « comedo ». Ainsi κῶμος καὶ ἀσωτία (2 Maccabées 6.4) ; πότοι καὶ κῶμοι καὶ θαλίαι ἄκαιροι (Plutarch., Pyrrh. 16) ; ἐμμανεῖς κῶμοι (Sagesse 14.23) ; cf. Philo, De Cher. 27, où nous avons une vivante description de la société que fréquentent μέθη et κῶμος ; et des autres vices qui s’en rapprochent le plus. En même temps κῶμος désigne souvent, dans un sens plus spécial, la troupe de joyeux ivrognes (« comissantium agmen », Blomfield, Agamemnon 1160, où les troupes des Furies, ivres de sang, portent ce nom), qui, à l’heure tardive d’une orgie, avec des guirlandes sur la tête, et des torches à la maind, avec des cris et des chantse (κῶμος καὶ βοά, Plutarch., Alex. 88), s’en vont dans les maisons des courtisanes ou errent dans les rues, insultant et outrageant par leurs libertinages, tous ceux qu’ils rencontrent ; cf. Meineke, Fragm. Com. Græc. p. 617. Il est évident que Milton avait sous les yeux le κῶμος dans ces vers :
d – Ἔοικε ἐπὶ κῶμον βαδίζειν. φαίνεται.
Στέφανον γέ τοι καὶ δᾷδ᾽ ἔχων πορεύεται
Aristoph., Plut. 1040.
e – Théophylacte fait consister le κῶμος dans ses chants, en définissant ainsi le mot : τὰ μετὰ μέθης καὶ ὕβρεως ᾄσματα.
When night
Darkens the streets, then wander forth the sons
Of Belial, flown with insolence and wine.
Plutarque (Alex. 37) caractérise κῶμος par la marche folle et ivre d’Alexandre et de son armée à travers la Carmanie, au retour de l’expédition aux Indes.
Κραιπάλη, en latin « crapula », quoique avec un sens plus limité (ἡ χθεσινὴ μέθη, Ammonius ; ἡ ἐπὶ τῇ μέθῃ δυσαρέστησις καὶ ἀηδία, Clément d’Alexandrie, Pædag. 2.2), est un terme dont l’origine reste dans l’obscuritéf. Il ne se trouve que dans Luc 21.34. Jamais dans les Septante, mais on y rencontre deux fois κραιπαλάω (Psaumes 77.65 ; Ésaïe 29.9). Κραιπάλη c’est la plénitude, le regorgement jusqu’au dégoût, causé par les excès du boire et du manger.
f – La science moderne rattache les mots κραιπάλη (κραπαλίν) et crapula au sanscrit Krap, se plaindre, être mal à son aise.