[1] Nous avons appris qu'à cette époque surgit le chef d'une autre hérésie, c'était Cérinthe. Gaïus, dont nous avons déjà rapporté plus haut les paroles, écrit ceci à son sujet dans sa Recherche :
« [2] Mais Cérinthe au moyen de révélations comme celles qu'écrivit un grand apôtre, nous présente d'une façon mensongère des récits de choses merveilleuses qui lui auraient été montrées par les anges ; il dit qu'après la résurrection, le règne du Christ sera terrestre, que la chair revivra de nouveau à Jérusalem et servira les passions et les voluptés. C'est un ennemi des Écritures divines et comme il veut tromper les hommes, il dit qu'il y aura mille ans de fêtes nuptiales. »
[3] Denys, qui de notre temps a obtenu le siège de l'église d'Alexandrie, dans le second livre de ses Promesses, lorsqu'il parle de l'Apocalypse de Jean, raconte certains faits comme venant de la tradition ancienne, et fait mention du même Cérinthe en ces termes :
« [4] Cérinthe, l'auteur de l'hérésie qu'on appelle corinthienne, voulut mettre son œuvre sous un nom digne de lui attirer du crédit. Voici en effet le principe de son enseignement : le règne du Christ sera terrestre. [5] Il consistera, d'après le rêve de Cérinthe, dans les choses que lui-même désirait, étant ami des sens et tout charnel, dans les satisfactions du ventre et de ce qui est au-dessous du ventre, c'est-à-dire dans le boire, le manger et le plaisir charnel, et aussi dans des choses par lesquelles il pensait donner à ces satisfactions un aspect plus honorable, dans des fêtes, des sacrifices et des immolations de victimes. »
[6] Voilà ce qu'écrit Denys. Irénée, nous rapporte certaines erreurs plus secrètes du même Cérinthe dans son premier livre sur les Hérésies. Dans le troisième, il raconte une anecdote digne d'être citée qu'il tient de Polycarpe. L'apôtre Jean était entré un jour dans des bains pour s'y laver. Il apprit que Cérinthe y était ; il s'en alla précipitamment et gagna la porte, ne supportant pas d'être sous le même toit que lui, et il dit ceci aux compagnons qui étaient avec lui : « Fuyons, de peur que les bains ne s'écroulent ; Cérinthe s'y trouve, l'ennemi de la vérité. »