Ceux de Séphoris qui se confiaient dans la force de leurs murailles et qui me voyaient occupé ailleurs, prirent les armes en ce même temps, et envoyèrent prier Cestius Gallus, gouverneur de Syrie, de venir en diligence se mettre en possession de leur ville, ou de leur envoyer au moins une garnison. Il leur promit de venir ; mais il ne leur en marqua point le temps. Aussitôt que j'en eus reçu l'avis je rassemblai mes troupes, marchai contre eux et pris la ville de force. Alors les Galiléens ne voulant pas perdre cette occasion de se venger des Séphoritains qu'ils haïssaient mortellement, n'oublièrent rien pour exterminer la ville et les habitants ; car les hommes s'étant retirés dans la forteresse, ils mirent le feu aux maisons qu'ils avaient abandonnées, pillèrent la ville, et ne mirent point de bornes à leur ressentiment. Cette inhumanité me donna une sensible douleur. Je leur commandai de cesser le pillage, et leur représentai qu'ils ne devaient pas traiter de la sorte des personnes de leur tribu. Mais voyant que ni mes commandements ni mes prières ne pouvaient les arrêter, tant leur animosité était violente, je donnai ordre aux plus confidents de mes amis de faire courir le bruit que les Romains entraient de l'autre côté de la ville avec une puissante armée. Cette adresse me réussit. L'appréhension que leur donna cette nouvelle leur fit abandonner le pillage pour ne penser qu'à s'enfuir, voyant que je m'enfuyais moi-même ; et pour confirmer encore ce bruit je faisais semblant de n'avoir pas moins de peur qu'ils en avaient. Voilà les moyens dont je me servis pour sauver ceux de Séphoris lorsqu'ils n'osaient plus l'espérer.