Sous le titre de Constitutions des saints apôtres par Clément (Διαταγαὶ τῶν ἁγίων ἀποστόλων διὰ Κλήμεντος), on possède un long ouvrage en huit livres dans lequel on distingue nettement trois parties. Les six premiers livres sont un remaniement et une amplification de la Didascalie des apôtres dont il a été question ci-dessus : les modifications ont porté surtout sur les parties plus strictement disciplinaires et liturgiques, afin de les adapter à l’époque et au milieu du nouvel écrit. Le livre vii, dans ses chapitres 1-32, est un remaniement de la Doctrine des apôtres, et, dans ses chapitres 33-49, contient des formules de prières (33-38, 47-49), des ordonnances pour la préparation des catéchumènes et la collation du baptême (39-45) et une liste des premiers évêques ordonnés par les apôtres (46) : ces formules et ces ordonnances reproduisent évidemment des textes plus anciens. Enfin le livre viii, pour nous le plus original, s’occupe d’abord des charismes (1-2), puis des cérémonies des ordinations (3-27) dans lesquelles se trouve comprise une liturgie eucharistique (6-15), et en dernier lieu trace diverses prescriptions relatives à la vie de la communauté chrétienne (28-46). Ces prescriptions se terminent (47) par l’énoncé des quatre-vingt-cinq canons dits apostoliques. Le tout se donne comme l’œuvre de Clément, disciple des apôtres et évêque de Rome.
Bien que les Constitutions apostoliques soient une compilation de plusieurs ouvrages, et qu’on y remarque même entre les diverses parties de légères contradictions sur des points secondaires, elles sont cependant l’œuvre d’un seul auteur qui a dû les rédiger à la fin du ive ou au commencement du ve siècle, en Syrie, puisque la liturgie qu’elles contiennent correspond exactement à celle qui était usitée à Antioche vers l’an 400. Cet auteur est inconnu : on incline toutefois à croire qu’il est le même que l’apollinariste ou le semi-arien qui a interpolé les épîtres de saint Ignace dans la recension longue. Mais son écrit n’est pas un écrit de doctrine ni de polémique : c’est simplement une œuvre disciplinaire. Sa tentative de faussaire n’eut d’ailleurs qu’un demi-succès. Le concile quinisexte de 692 accepta bien les 85 canons apostoliques : mais, tout en admettant que le reste des constitutions était l’œuvre des apôtres et de Clément, il en considéra le texte comme altéré par les hérétiques et finalement le repoussa. En Occident, on ne connut, jusqu’au xvie siècle, que les 50 premiers canons apostoliques insérés dans sa collection par Denys le Petit.
Aux Constitutions apostoliques se rattachent un certain nombre d’écrits disciplinaires qui en sont dérivés, ou qui, suivant quelques auteurs, en auraient au contraire fourni les éléments.
1° La Didascalie arabe et éthiopienne, remaniement des six premiers livres des Constitutions et, par conséquent, de la Didascalie des apôtres primitive. La version éthiopienne est, pense-t-on, une traduction du copte, lequel a été traduit de l’arabe, lequel est traduit du grec.
2° Les Constitutiones per Hippolytum ou Epitome, qui ne sont, en cinq parties, que des extraits presque littéraux du viiie livre des Constitutions apostoliques (chap. 1-2 ; 4-5 ; 16-18 ; 30-34 ; 42-46). La deuxième partie seule se donne comme l’œuvre de saint Hippolyte. Le tout, d’après Funk, daterait de 425 environ.
3° La Constitution apostolique égyptienne qui serait, d’après Achelis, la seconde partie du Code ecclésiastique monophysite égyptien, code dont les Canons ecclésiastiques (supra, p. 134) seraient la première partie. Elle comprend trente-deux ordonnances (31-62) ou canons relatifs au personnel ecclésiastique, aux catéchumènes, au baptême, au jeûne, etc., et s’est conservée en copte, en éthiopien, en arabe, et aussi partiellement en latin. Funk la regarde comme dérivée de l’écrit précédent et composée vers l’an 450.
4° Le Testament de Notre Seigneur, en deux parties : l’une, eschatologique, comprenant des prédictions de Jésus-Christ sur la fin des temps et qui a dû former d’abord un écrit indépendant : la seconde, disciplinaire, qui se rattache étroitement au texte de la Constitution apostolique égyptienne, et qui a pu voir le jour vers 475 en Syrie (Funk).
5° Enfin les Canons d’Hippolyte au nombre de trente-huit, en 261 numéros, document fort important que l’on possède en arabe et en éthiopien, et que Funk considère encore comme dérivé, dans sa forme actuelle, de la Constitution apostolique égyptienne à la fin du ve siècle au plus tard.
Nous avons déjà remarqué ci-dessus que plusieurs auteurs conçoivent autrement, et en sens inverse, la dépendance entre eux de tous ces écrits. D’après Achelis, les Canons d’Hippolyte, antérieurs à 235, auraient été la source de la Constitution apostolique égyptienne (vers 300), et de celle-ci seraient dérivés les Constitutiones per Hippolytum ou Epitome (avant 400), puis le livre viii des Constitutions apostoliques (peu avant 400) et enfin le Testament de Notre Seigneur (après 400). Dom R. H. Connolly regarde la Constitution apostolique égyptienne comme la source première et immédiate des autres documents sauf l’Epitome.