Nous ne suivrons pas Zinzendorf dans tous les détails de son incessante activité pendant les deux années qu’il passa encore en Angleterre. Une maladie grave au commencement de 1754, une visite de la comtesse dans le courant de la même année, enfin deux synodes importants, sont les principaux événements extérieurs de cette époque de sa vie, époque paisible à tout prendre, surtout si on la compare au temps qui l’a précédée. Dans l’un de ces synodes, John Gambold, pasteur de la communauté de Londres, reçut la consécration épiscopale : l’accroissement considérable de l’église des Frères dans les îles Britanniques avait rendu désirable la nomination d’un évêque dans ce pays-là.
Lindsay-House, où le comte avait récemment fixé sa demeure, était le centre d’un va-et-vient continuel de missionnaires et de pèlerins. Jean de Watteville arrivait du Groënland, où il avait fait un voyage d’inspection ; le frère Hokker, à peine de retour de Perse, partait pour l’Égypte et l’Abyssinie, afin d’y chercher, si l’on peut ainsi dire, de nouveaux débouchés à l’Évangile ; Spangenberg repartait pour l’Amérique, et l’on fondait une nouvelle mission au milieu des esclaves noirs de la Jamaïque.
Le comte avait accommodé Lindsay-House au but auquel il le destinait : ce devait être dorénavant le siège principal de la direction de l’Unité. Il y avait là de nombreuses chambres à donner, de vastes salles de réunion, une chapelle, un cimetière, une imprimerie. Il ne put cependant y résider bien longtemps : on réclamait sa présence en Hollande et en Allemagne : il résolut donc d’y retourner pour quelques années ; mais, avant d’entreprendre ce voyage, il voulut pourvoir à la direction des communautés de l’Angleterre et de l’Irlande. Il en confia la surveillance générale à son gendre Jean de Watteville et chargea de fonctions spéciales trente autres ouvriers de l’église. Enfin, il adressa aux communautés d’Angleterre une lettre pastorale, sous le titre de Statuts ou Principes généraux de christianisme pratique, et écrivit, à la sollicitation d’un grand nombre de personnes et malgré sa répugnance, une nouvelle réfutation des reproches faits en Angleterre à l’Unité des Frères. Les sermons qu’il avait prononcés pendant son séjour à Londres, de 1751 à 1755, furent réunis et publiés en deux volumes l’année suivante (1756). On peut les considérer comme faisant suite à ses Discours de Berlin.
Le 22 mars 1755, Zinzendorf quitta Londres. Arrivé en Hollande après une pénible traversée, il y passa quatre semaines, puis se rendit à Neuwied. La petite communauté qui venait de s’y établir était composée en majorité de Français. Sur la proposition du comte, ils résolurent de travailler à la composition d’un livre de cantiques en leur langue. Ce travail fut exécuté : on l’a publié plusieurs fois dès lors, sous le titre de Psalmodie de l’église des Frères.
Après avoir visité encore sur son passage les communautés de Neudietendorf, d’Ebersdorf, de Kleinwelke et de Nieski, Zinzendorf arriva le 2 juin à Herrnhout.