Oui, Seigneur, je le sens, le bonheur et le péché sont inconciliables. Je ne puis pas tomber sans en souffrir. Si je reste dans le désordre, je me sens misérable, languissant, mécontent de tout, parce que je le suis de moi-même, et je me rends incapable de goûter les joies pures que, dans ta bonté, tu m’avais préparées. Non, j’en ai la profonde conviction, le bonheur ne peut exister pour moi dans le péché. Je veux m’arracher à cet esclavage ; je veux remonter vers toi ; je veux faire le bien ; je veux… Mais, hélas ! je l’ai voulu si souvent, avec tant de sincérité, que je n’ose plus compter sur mes plus fermes résolutions. Et même je t’ai prié, prié avec larmes ; en réponse, tu m’as envoyé ta paix et ta joie. Mais je suis retombé aussi bas que jamais. Ce que je croyais impossible m’est arrivé, et je me suis retrouvé honteux, désespéré, comme avant d’avoir voulu et prié. A cette heure, comment mieux réussir ? Mon Dieu, tu le sais, apprends-le-moi, ou plutôt fais-le pour moi ; montre-moi le joint de la cuirasse par où Satan vient toujours m’assaillir avec succès. Ne serait-ce pas la tentation, d’abord faible, mais se fortifiant, prenant un corps, grandissant, et m’écrasant bientôt sous ses armes cachées ? Oui, je le crois, c’est Satan se faisant petit, humble, innocent, se déguisant en ange de lumière ; c’est Satan me disant : « Approches, tu ne tomberas point ! » Oui ! c’est un premier pas vers la tentation, infailliblement suivi d’un second, qui, finalement, m’entraîne au fond de l’abîme ! Il est si difficile de s’arrêter sur une pente rapide ; il est si doux de se laisser glisser ! Oui, voilà mon côté faible ; je ne sais pas résister à la première tentation. Eh bien ! apprends-moi donc à m’en défier ; apprends-moi à éviter même l’apparence du mal, à fuir au premier signe du danger ; Seigneur, au nom de ton Fils, ne me laisse pas tomber en tentation, afin de me délivrer du mal, où il n’y a ni paix, ni bonheur !