Merci, Seigneur, pour la paix que tu m’as donnée ; merci pour avoir éloigné de moi les occasions de trouble ; merci pour m’avoir fait sentir, par une nouvelle expérience, que les joies véritables sont dans l’obéissance inspirée par l’amour. Oui, je l’ai toujours pensé, il est possible de vivre constamment en toi ; mais je viens d’en recevoir une preuve nouvelle. Seigneur, multiplie pour moi ces douces heures ; n’en fais qu’une seule de ma vie entière ; qu’à la joie de chaque jour vienne s’ajouter la joie de la veille, et qu’ainsi, toujours plus heureux, heureux par mes souvenirs, par mes espérances et par mes joies présentes, je puisse toujours plus facilement marcher dans tes saints et doux commandements.
Mais, Seigneur, ne me laisse pas oublier que c’est de toi, de toi seul, que je tiens cette paix, que ce n’est pas moi qui me la suis donnée, ni moi qui puis la retenir. Non, je le sais, j’ai besoin de te prier à chaque instant, comme, à chaque instant, de me défier de moi-même. C’est pour avoir compté sur moi, sans doute, que tant de fois je suis tombé. Mon secret, à l’avenir, sera de me tenir en garde contre moi-même, d’éviter la plus légère tentation, de te prier dès l’approche du danger. Oh ! mon Dieu, trop longtemps j’ai marché sous la verge du péché ; par elle tu m’as convaincu de la misère qu’il y a hors de toi ; maintenant, fais-moi marcher par une expérience toute contraire ; que j’avance, attiré par les douceurs de la sainteté, et seront doux et rapides mes progrès, jusqu’à ce jour si pénibles et si lents. Je connais les amertumes du regret ; fais-moi goûter les saveurs de la gratitude. J’ai assez gémi, donne-moi sujet de rendre grâce. Oh ! mon Dieu, mon Dieu, ne me laisse plus retomber, et que, debout jusqu’à la fin, je célèbre, joyeux et paisible, ton inépuisable charité.