A côté de saint Hilaire, d’autres auteurs latins combattirent l’arianisme qui n’avaient ni sa fécondité ni son génie, mais qui méritent cependant d’être signalés.
Nommons d’abord Hosius, l’évêque de Cordoue qui présida probablement le concile de Nicée et qui ne cessa, jusqu’à la fin, de soutenir Athanase : il n’avait écrit que fort peu. Puis Eusèbe de Verceil, qui partagea le sort d’Hilaire et fut exilé en Palestine, ensuite en Cappadoce et finalement dans la Haute-Egypte d’où il revint en 361. Sa mort se place en 370 ou 371. C’est par sa parole et par son influence plus que par ses écrits qu’il lutta, lui aussi, contre l’arianisme. Une traduction du commentaire d’Eusèbe de Césarée sur les Psaumes, que saint Jérôme lui attribue (Vir. ill., 96), est perdue.
Tout autre a été l’action de C. Marius Victorinus l’Africaina. Né vers l’an 300 dans l’Afrique proconsulaire, il étudia à fond la grammaire, la rhétorique et surtout la philosophie et obtint à Rome, où il vint vers 340, les plus brillants succès. Païen, il attaquait alors le christianisme ; mais l’ayant étudié pour le mieux connaître et le mieux réfuter, il y fut gagné et se convertit (vers 355). On perd sa trace à partir de 362. Victorin a laissé des écrits profanes sur des sujets de grammaire et de rhétorique ; mais il a laissé de plus des traités dogmatiques, des hymnes et des commentaires.
a – Œuvres dans P. L., viii. Voir sur lui S. Augustin, Confessions, viii.
Les traités sont tous dirigés contre l’arianisme. Ce sont : le traité De la génération du Verbe divin (358), réponse à un libelle arien ; les quatre livres Contre Arius (359) et l’opuscule De homoousio recipiendo (360). Ces ouvrages, écrits en un style obscur et abstrait, sont des essais de justification du dogme par la philosophie, et par la philosophie néoplatonicienne que professait Victorin. — Les trois hymnes (vers 360), écrites en prose découpée en lignes à peu près égales, sont encore des élévations à la Trinité. — Quant aux commentaires, composés dans une langue plus accessible et d’un caractère surtout littéral, ils expliquent le texte des épîtres aux Galates, aux Ephésiens et aux Philippiens, et sont postérieurs à l’an 360.
D’origine africaine, comme Victorin, l’évêque de Vérone, Zénon (362-371 ou 380) a laissé des sermons dont il existe un recueil de quatre-vingt-treize pièces plus ou moins complètes, de contenu très varié et dont une partie est dirigée contre l’arianisme. Ils ont littérairement une vraie valeur, et dénotent en leur auteur un esprit délicat et orné.
Moins cultivé, mais plus vigoureux que Zénon, l’évêque Phoebadius d’Agen attaquait, de son côté, la seconde formule de Sirmium dans un traité Contre les ariens, écrit en 357 ou 358, et dont le fond est tiré de Tertullien et de saint Hilaire. Quelques autres opuscules de lui, signalés par saint Jérôme (Vir. ill., 108), n’existent plus.
Ces écrivains représentent contre l’arianisme le mouvement régulier et orthodoxe. Mais, à côté de celui-ci, il s’en produisait un autre, violent et impitoyable : c’est le mouvement luciférien. Lucifer de Cagliari et ses partisans refusaient de réconcilier les ariens repentants et de maintenir sur leurs sièges les évêques simplement coupables de faiblesse. Les écrits de Lucifer lui-même, qui datent tous de son exil et s’échelonnent entre 355 et 361, ne sont que des invectives : De non conveniendo cum haereticis ; De regibus apostaticis ; Pro sancto Athanasio ; De non parcendo in Deum, delinquentibus ; Moriendum pro Dei Filio. Malgré le feu qui les anime, ils paraissent longs et monotones, parce qu’ils sont toujours montés au même diapason. — Un partisan de Lucifer, le diacre Hilaire de Rome, allait plus loin encore, et demandait dans ses livres que l’on rebaptisât les ariens repentants (S. Jérôme, Alterc. lucifer, et orthod., 26, 27). — Puis, venant toujours du même milieu, on possède le Libellus precum (383-384) des deux prêtres Faustin et Marcellin (P. L., xiii, 83-107) et, de Faustin en particulier, un traité de la Trinité (De fide adversus arianos, vers 380), peu original ibid., 37-80), et une Fides Theodosio imperatori oblata (ibid., 79-80) que l’on met entre 379-381. — Toutefois le meilleur écrivain du parti est évidemment l’évêque d’Elvire (près Grenade) Grégoire († après 392). Son héritage littéraire, un peu négligé jusqu’ici, a été mis récemment en lumière par D. Wilmart. Grégoire paraît bien être l’auteur du De fide (P. L., xx, 31-50) que d’autres ont revendiqué pour Phœbadius. Il est certainement l’auteur des cinq homélies sur le Cantique découvertes par Heine : il est aussi le vrai auteur des Tractatus Origenis de libris ss. Scripturarum (20 homélies) édités par Mgr Batiffol, et enfin d’un Tractatus de arca Noe : autant d’ouvrages qui dénotent en Grégoire un écrivain et un prédicateur plein d’originalité et de vie.