Deux mois après son mariage, le comte accompagné de sa nouvelle épouse, de deux de ses filles, de son gendre et de plusieurs pèlerins, entreprit un voyage en Suisse. Les difficultés et les dangers qu’il y avait alors à traverser l’Allemagne bouleversée par la guerre ne pouvaient point l’effrayer. Il se rendit d’abord à Montmirail, où il fut accueilli avec joie par Nicolas de Watteville et plusieurs autres personnes pieuses accourues pour le voir de diverses villes de la Suisse, du comté de Montbéliard et des Grisons. Pendant un mois environ qu’il passa à Montmirail, il s’entretint avec chacune d’elles en particulier et parla journellement dans des réunions générales. Dans ces discours publics, il parlait toujours en allemand ; ce n’était que dans cette langue que ses sentiments religieux s’exprimaient avec une entière aisance ; mais, comme plusieurs de ses auditeurs ne savaient que le français, il faisait traduire ensuite par un des assistants ou, au besoin, traduisait lui-même ce qu’il venait de dire.
Zinzendorf parcourut de là quelques-unes des principales villes de la Suisse, Genève, Lausanne, Berne, Arau, Bâle, et trouva dans chacune de petits groupes de fidèles affiliés à l’église des Frères et qui le reçurent avec empressement. On a recueilli et publié en 1768 les discours qu’il prononça dans ce voyage. A cette occasion, mentionnons en passant parmi les écrits sortis de sa plume cette année-là (1757) une harmonie des Évangiles, qui jouit encore d’une assez grande popularité en dehors même de l’église des Frères ; c’est le livre intitulé : Histoire des jours du Fils de l’homme. Il a été traduit en français.