Guerre des Juifs - Flavius Josèphe

LIVRE 4
Depuis la soumission de presque toute la Galilée jusqu'au séjour de Vespasien à Alexandrie

CHAPITRE 4
Les zélateurs demandent secours aux Iduméems qui marchent sur Jérusalem. Discours du grand-prêtre aux Iduméens et réponse de Simon. Les Iduméens campent sous les murs de la ville. Les zélateurs ouvrent les portes aux Uduméens.

Les zélateurs demandent secours aux Iduméems qui marchent sur Jérusalem.

1. Par ces propos habilement variés il répandait la crainte dans tous les esprits. Et s'il n'osait pas désigner ouvertement l'alliance étrangère dont il parlait, il laissait entendre qu'il s'agissait des Iduméens. Pour toucher en particulier les chefs des zélateurs, il accusait Ananos de cruauté, assurant que celui-ci les menaçait plus que tous les autres. Ces chefs étaient Eléazar, fils de Gion[1] et un certain Zacharie, fils d'Amphicallès[2]. Tous deux de famille sacerdotale, qui, dans ce parti, semblaient avoir le plus de crédit lorsqu'il s'agissait de proposer d'utiles mesures ou de les exécuter. Quand ils eurent appris, outre les dangers qui menaçaient toute la faction, ceux qui les visaient personnellement, quand ils surent que le parti d'Ananos, se réservant de garder le pouvoir, appelait les Romains (c'était là un nouveau mensonge de Jean), ils restèrent longtemps indécis, se demandant ce qu'ils devaient faire dans la situation si pressante où ils étaient réduits ; le peuple était prêt à les attaquer avant peu, et la soudaineté de ce dessein interdisait l'espoir des secours qu'ils pourraient demander au dehors ; ils subiraient tous les malheurs bien avant que la nouvelle en fût parvenue à aucun de leurs alliés. Cependant ils décidèrent d'appeler les Iduméens, à qui ils adressèrent une courte lettre, annonçant qu'Ananos avait trompé le peuple et livrait la métropole aux Romains, qu'eux-mêmes avaient fait sécession dans l'intérêt de la liberté, qu'ils étaient assiégés dans le Temple. Leur salut dépend de courts instants, et si les Iduméens ne leur portent secours en toute hâte, ils seront bientôt eux-mêmes aux mains d'Ananos et de leurs ennemis, et la ville sera au pouvoir des Romains. Ils confièrent aussi aux messagers un grand nombre de renseignements que ceux-ci devaient transmettre oralement aux chefs des Iduméens. Pour cette mission il choisirent deux des hommes les plus actifs, habiles à exposer une affaire et à persuader, et, qualité plus utile encore, d'une agilité remarquable à la course. Ils ne doutaient pas que les Iduméens seraient aussitôt persuadés ; c'est une nation turbulente et indisciplinée, portée aux séditions, éprise de changements ; à la moindre flatterie de ceux qui l'implorent, elle prend les armes et s'élance au combat comme à une fête. La célérité était essentielle à cette mission ; ceux qui en étaient chargés ne manquaient pas de zèle. Tous deux (ils se nommaient l'un et l'autre Ananias) furent bientôt en présence des chefs Iduméens.

[1] La plupart des mss. portent. Simon au lieu de Gion ; sur cet Eléazar, voir plus haut, II, 564.

[2] Peut-être le Zacharia ben Akboulos nommé dans le Talmud ; voir Derenbourg. His. de la Palestine. p. 266 sqq.

2. Ceux-ci, frappés de stupeur en lisant la lettre et en entendant les paroles des messagers, coururent comme des furieux, à travers le peuple et firent proclamer l'expédition guerrière par un héraut. La multitude, par sa rapidité à s'émouvoir, devança l'appel, et tous ramassèrent leurs armes, comme pour défendre la liberté de la capitale. Réunis au nombre de vingt mille, ils marchent sur Jérusalem, sous la conduite de quatre chefs : Jean, Jacob, fils de Sosas, Simon fils de Thacéas et Phinéas, fils de Clouzoth[3].

[3] Ce dernier n'est pas mentionné ailleurs ; Jean est tué (plus bas, V. 290) ; Jacob est nommé souvent dans la suite.

Discours du grand-prêtre aux Iduméens et réponse de Simon.

3. Ananos, pas plus que les sentinelles, ne s'aperçut de la sortie des messagers ; mais il n'en fut pas de même lors de l'approche des Iduméens. Dès qu'il en fut avisé, Ananos fit fermer les portes devant eux et garnit les murailles de défenseurs. Toutefois, il ne voulut pas d'abord leur opposer la violence, préférant essayer de les persuader par des discours avant de recourir aux armes. Alors se dressa sur la tour, située en face des Iduméens, Jésus, le plus âgé des grands prêtres après Ananos, et il s'exprima ainsi : « Au milieu des désordres nombreux et divers auxquels la ville est en proie, la Fortune n'a rien fait de plus étonnant à mes yeux que de fournir une aide inopinée aux méchants. Vous arrivez donc au secours des hommes les plus scélérats pour lutter contre nous, avec un zèle que l'on attendrait à peine alors même que la métropole invoquerait votre aide contre des Barbares. Si je voyais votre troupe composée d'hommes semblables à ceux qui vous ont appelés, je ne trouverais rien de déraisonnable dans votre ardeur, car il n'est pas de lien plus solide que la ressemblance des mœurs pour nouer des sympathies : mais, en réalité, si l'on passait en revue un à un les hommes de ce parti, on les trouverait tous dignes de mille morts. Écume et souillure du pays tout entier, ces misérables, après avoir dissipé dans la débauche leurs propres patrimoines, après avoir exercé leurs rapines dans les bourgades et les villes du voisinage, ont, à l'insu de tous, envahi la Ville sainte ; dans l'excès de leur impiété, ces brigands outragent même l'inviolable parvis ; on peut les voir s'enivrer sans scrupule dans l'enceinte sacrée, et consumer, pour la satisfaction de leurs insatiables appétits, le fruit qu'ils tirent des dépouilles de leurs victimes. Mais vous, à la fois nombreux et brillants de l'éclat de vos armes, vous êtes tels qu'on le souhaiterait si la capitale vous appelait, par une décision commune, pour la secourir contre l'assaut d'étrangers. N'est-ce pas là vraiment un méchant caprice de la Fortune, qu'une nation entière armée pour porter aide à une association de misérables ?
Je me demande depuis longtemps quel motif vous a si promptement soulevés, car ce n'est pas sans une cause grave que vous avez pu vous armer de pied en cap en faveur de brigands et contre un peuple de votre race. Mais je viens d'entendre parler de Romains et de trahison ; c'est ce que murmuraient à l'instant quelques-uns d'entre vous, disant qu'ils venaient pour la libération de la capitale. Eh bien ! ce qui m'étonne le plus chez ces scélérats plus encore que leurs autres actes, c'est l'invention d'un pareil mensonge ! Car des hommes, naturellement amis de la liberté et disposés précisément, pour ce motif, à lutter contre un ennemi du dehors, ne pouvaient être exaspérés contre nous que par ce bruit, faussement répandu, qu'une liberté aimée de tous était trahie. Mais vous devez vous-mêmes considérer qui sont les calomniateurs et ceux qu'ils calomnient et démêler la vérité non dans des récits pleins de mensonges, mais dans la connaissance des affaires publiques. Pourquoi, en effet, négocierions-nous maintenant avec les Romains, quand nous pouvions ou bien ne pas nous soulever, ou bien, après nous être soulevés, revenir à leur alliance, au moment où les contrées voisines n'étaient pas encore dévastées ? Maintenant, au contraire, même si nous le voulions, une réconciliation serait difficile, en un temps où la soumission de la Galilée a exalté l'orgueil des Romains, où nous nous couvririons d'une honte plus insupportable que la mort en les flattant, quand ils sont déjà à nos portes. Pour moi, je préférerais la paix à la mort, mais une fois en guerre et aux prises avec l'ennemi, je préfère une noble mort à la vie d'un captif.
Que dit-on ? Est-ce nous, les chefs du peuple, qui avons envoyé secrètement des messagers aux Romains, ou bien y a-t-il eu à cet effet un décret public du peuple ? Si l'on nous accuse, que l'on cite les amis que nous avons députés, ceux de nos agents qui ont négocié notre trahison ! A-t-on surpris le départ de quelqu'un ? capturé un messager à son retour ? Est-on en possession de lettres ? Comment aurions-nous caché notre jeu à ce grand nombre de citoyens, auxquels nous nous mêlons à toute heure ? Comment un petit nombre d'hommes, étroitement surveillés, à qui il est impossible même de sortir du Temple pour pénétrer dans la ville, connaîtraient-ils une entreprise secrète, accomplie sur les lieux mêmes ? Ne l'ont-ils connue que maintenant, alors qu'ils doivent être punis de leurs méfaits, alors que personne de nous n'a été suspect de trahison quand ils se sentaient en sécurité ? Si, d'autre part, ils portent cette accusation contre le peuple tout entier, certes la délibération a été publique, nul n'était absent de l'assemblée, et, dans ce cas, la nouvelle certaine vous serait parvenue plus vite que par la bouche d'un dénonciateur. Quoi donc ? N'aurait-il pas fallu envoyer des députés, après avoir voté l'alliance avec les Romains ? Qui a été désigné pour cela ? Qu'on le dise ! Ce ne sont là que des prétextes d'hommes destinés à une mort déshonorante et cherchant à éviter les châtiments qui les menacent. Si c'était un arrêt du destin que la ville dût être trahie, seuls nos calomniateurs oseraient accomplir ce crime de trahison, car c'est le seul qui manque encore à leurs forfaits.
Vous devez donc, puisque vous vous présentez ici en armes, prendre le parti le plus juste ; défendre la capitale et aider à détruire les tyrans qui ont aboli les tribunaux, foulé aux pieds les lois et rendu leurs sentences à la pointe de leurs glaives. Ils ont enlevé du milieu de la place publique des hommes considérables, qu'on ne pouvait mettre en accusation ; ils les ont chargés outrageusement de chaînes et sans leur permettre ni paroles ni prières, les ont massacrés. Vous pourrez, en entrant dans nos murs par un autre droit que celui de la force, voir les preuves de mes allégations : maisons que leurs pillages ont rendues désertes, femmes et enfants des morts vêtus de deuil. Vous pourrez entendre dans la ville entière des gémissements et des lamentations, car il n'y a personne qui n'ait eu à pâtir de ces scélérats. Dans l'excès de leur fureur, ils ne se sont pas contentés de transporter leurs brigandages de la campagne et des villes du dehors jusqu'à cette cité, image et tête même de toute notre nation, mais, après la ville, ils s'en sont pris au Temple même. Ce Temple est devenu pour eux une forteresse, un asile, l'arsenal où ils fourbissent leurs armes contre nous, et ce lieu révéré du monde entier, même par les étrangers les plus éloignés de nous qui ont entendu publier sa gloire[4], est foulé aux pieds de ces bêtes féroces nées en ce pays même. Et maintenant, dans leur désespoir, ils veulent mettre aux prises peuples contre peuples, villes contre villes, armer la nation elle-même contre son propre sein. Aussi, le parti le plus beau, le plus convenable, est-il pour vous, comme je l'ai déjà dit, de nous aider à détruire ces criminels, en les punissant aussi de vous avoir trompés, puisqu'ils ont osé appeler comme alliés ceux qu'ils auraient dû craindre comme des vengeurs.
Si pourtant vous faites cas de l'appel de pareilles gens, vous pouvez encore déposer les armes, entrer dans la ville avec l'attitude de parents et prenant un nom intermédiaire entre ceux d'allié et d'ennemi, devenir des arbitres. Considérez combien ils gagneront à être jugés par vous pour des crimes si manifestes et si grands, eux qui n'ont pas même accordé le droit de défense à d'irréprochables citoyens ! Qu'ils récoltent donc cet avantage de votre venue ! Si, enfin, vous ne devez ni vous associer à notre colère, ni vous ériger en juges, il vous reste un troisième parti, qui est de nous laisser là les uns et les autres, sans insulter à nos malheurs, sans vous unir aux ennemis qui trament la perte de la capitale. Car si vous soupçonnez fortement quelques citoyens d'intelligence avec les Romains, vous pouvez surveiller les abords de la ville, et dans le cas où vous découvririez quelque fait à l'appui des accusations, accourir alors, entourer de troupes la capitale et punir les coupables ; car les ennemis ne sauraient vous surprendre, puisque vous campez tout près de cette ville. Que si cependant aucun de ces partis ne vous parait prudent ou modéré, ne vous étonnez pas de vous voir fermer les portes, tant que vous serez en armes. »

[4] Voir plus haut, IV, 181, note.

4. Telles furent les paroles de Jésus. Mais la masse des Iduméens n'y prêta pas l'oreille, curieux qu'ils étaient de ne pas trouver l'entrée libre. Leurs chefs s'indignaient à la pensée de déposer les armes, assimilant à la condition de captifs l'obligation d'agir ainsi sur l'ordre de quelques-uns. L'un de leurs chefs était Simon, fils de Caatha. Après avoir, non sans peine, calmé le tumulte de ses compagnons, il se plaça dans un endroit d'où il pouvait être entendu des grands prêtres et prit la parole :
« Je ne suis plus surpris de voir les défenseurs de la liberté enfermés dans le Temple, quand certains Juifs interdisent l'accès des portes de cette ville, patrimoine de tous, et se préparent à recevoir bientôt les Romains, pour lesquels même ils orneraient les portes de guirlandes. Mais les Iduméens, c'est du haut des tours qu'on s'entretient avec eux ; on leur ordonne de jeter les armes qu'ils ont prises pour la cause de la liberté. Ces Juifs ne confient pas à des hommes, qui sont de leur race, la défense de la capitale, mais leur proposent d'être les arbitres de leurs différends ; ceux qui accusent certains citoyens d'avoir procédé sans jugement à des exécutions prononcent ainsi une sentence d'infamie contre la nation entière. Vous excluez maintenant vos parents d'une ville qui est ouverte pour le culte à tous les étrangers. Car c'est bien, d'après vous, à des massacres et à une guerre fratricide que nous courons, nous qui n'avons fait diligence que pour sauvegarder votre liberté. Voilà sans doute les injustices que vous avez subies des Juifs que vous tenez enfermés, et ce sont, je pense, des soupçons aussi vraisemblables qui vous ont animés contre eux ! Enfin, tenant sous bonne garde ceux des habitants de la ville qui veillent aux intérêts de l'État, après avoir fermé la ville à des peuples qui vous sont étroitement apparentés, après leur avoir donné des ordres insolents, vous prétendez être tyrannisés, et vous attribuez le nom de despotes à ceux qu'accable votre propre despotisme ! Qui donc pourra supporter ce plaisant abus des mots, s'il considère la contradiction que présentent les faits ? Serait-ce que les Iduméens vous repoussent de la capitale, eux à qui vous interdisez vous-mêmes la participation au culte ancestral ? On blâmera justement ceux que vous assiégez dans le Temple, et qui ont osé punir ces traîtres appelés par vous, leurs complices, hommes distingués et irréprochables de n'avoir pas commencé par vous-mêmes, de n'avoir pas détruit tout d'abord les fauteurs principaux de la trahison. Mais s'ils se sont montrés, par leur mollesse, inférieurs aux circonstances, nous saurons, nous, Iduméens, préserver la maison de Dieu et combattre pour notre commune patrie, en traitant comme des ennemis les envahisseurs du dehors et les traîtres du dedans. Nous resterons ici en armes devant les murailles, jusqu'à ce que les Romains soient fatigués de vous entendre, ou que vous-mêmes vous soyez convertis à la cause de la liberté. »

Les Iduméens campent sous les murs de la ville.

5. La multitude des Iduméens accueillit ce discours par des cris favorables, et Jésus se retira découragé ; il voyait que les Iduméens étaient sourds aux conseils de la raison et que, dans la ville, deux partis se faisaient la guerre. Les Iduméens eux-mêmes n'étaient pas sans inquiétude : irrités de l'outrage qu'on leur avait infligé en les repoussant de la ville, et croyant les forces des zélaleurs considérables, ils éprouvaient de l'embarras à ne pas les voir accourir à leur aide et beaucoup regrettaient déjà d'être venus, Mais la honte de retourner sur leurs pas sans avoir rien fait l'emporta sur leurs regrets, en sorte qu'ils restèrent sur place, misérablement campés devant les murs ; car un orage affreux éclata pendant la nuit, accompagné de violents coups de vent, de très fortes averses, d'éclairs fréquents, de coups de tonnerre effroyables et de prodigieux grondements du sol ébranlé. C'était manifestement pour la perte des hommes que l'harmonie des éléments était ainsi troublée ; on pouvait conjecturer que ce tumulte présageait de terribles événements.

6. Les Iduméens et les Juifs de la ville pensaient de même à ce sujet. Les uns estimaient que Dieu était irrité de leur expédition et qu'ils n'échapperaient pas à ses coups, pour avoir porté les armes contre la capitale ; les autres, Ananos et ses compagnons, se croyaient vainqueurs sans combat et que Dieu combattait pour eux. Ils étaient donc de mauvais juges de l'avenir, en présageant à leurs ennemis des malheurs qui allaient fondre sur leur propre parti. Car les Iduméens, se serrant les uns contre les autres, se préservèrent du froid et, en réunissant leurs longs boucliers au-dessus de leurs têtes, subirent moins fortement les atteintes de la pluie. Quant aux zélateurs, moins inquiets du péril qu'ils couraient que du sort de leurs alliés, ils s'assemblèrent pour rechercher s'ils trouveraient quelque moyen de les secourir. Les plus ardents étaient d'avis que l'on forçât en armes le passage à travers les postes de surveillance, pour se précipiter ensuite au milieu de la ville et ouvrir, devant tous, les portes aux alliés ; car les gardes, déconcertés par une attaque imprévue, céderaient le terrain, d'autant plus que la plupart étaient sans armes, sans expérience de la guerre, et que la multitude des gens de la ville, enfermés dans leurs maisons pour échapper à l'orage, seraient difficiles à rassembler. Si ce parti comportait quelque péril, c'était un devoir pour eux de tout supporter plutôt que de voir avec indifférence une si grande multitude honteusement détruite pour leur cause. Les plus prudents désapprouvaient cette tentative, parce que non seulement les troupes de garde qui les entouraient étaient en force, mais que l'arrivée des Iduméens avait rendu plus vigilante la garde des remparts. Ils croyaient aussi qu'Ananos était partout présent, inspectant les postes à toute heure. Telle, en effet, avait été sa conduite les nuits précédentes, mais cette fois il s'était abstenu, non certes par nonchalance, mais par suite de l'ordre du Destin, le condamnant à mourir avec tous ses gardes. La même fatalité voulut qu'au moment où la nuit s'avançait, où l'orage était dans toute sa force, les gardes du portique s'endormirent ; les Zélateurs eurent alors l'idée de saisir les scies des sacrifices et de couper les barreaux des portes. Ce qui leur facilita cette tâche et empêcha leurs ennemis d'entendre le bruit, fut le fracas du vent et la succession ininterrompue des coups de tonnerre.

Les zélateurs ouvrent les portes aux Uduméens.

7. Sortis donc du Temple sans éveiller l'attention, ils courent à la muraille et se servent des mêmes scies pour ouvrir la porte du côté des Iduméens. Ceux-ci, d'abord, croyant à une attaque d'Ananos et des siens, furent saisis de crainte ; chacun mit la main à son épée pour se défendre ; mais bientôt, reconnaissant ceux qui venaient à eux, ils entrèrent dans la ville. S'ils s'étaient alors répandus partout, rien n'aurait pu empêcher le massacre de tout le peuple, tant était violente leur colère ; mais ils commencèrent par libérer les zélotes du blocus, exhortés à cela par ceux qui les avaient introduits. « N'abandonnez pas aux dangers, disaient-ils, ceux dont l'intérêt vous a conduits ici ; ne vous exposez pas à un péril plus grand encore. Les gardes une fois pris, il sera facile de marcher contre la ville ; mais si vous lui donnez l'alarme, vous ne pourrez plus résister aux citoyens, qui, avisés de votre présence, vont se rassembler en nombre et, bloquant les rues, s'opposer à votre marche vers les hauts quartiers. »

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant