Nous avons dit ci-dessus que le novatianisme, né un siècle plus tôt, continuait, au milieu du ive siècle, à avoir des adeptes. Un certain Sympronianus avait composé en sa faveur au moins quatre écrits qu’il avait envoyés à saint Pacien, évêque de Barcelone. Pacien (360-390 environ) y répondit par les trois lettres A Sympronianus, que nous avons encore, et qui sont postérieures à 375. On possède en plus de lui un sermon Sur le baptême, un traité intitulé Paraenesis sive exhortatorius libellus ad paenitentiam, dans lequel il s’occupe des différentes sortes de péchés et de la pénitence publique, et D. Morin lui attribue un De similitudine carnis peccati dirigé contre les manichéens. Enfin, un petit écrit appelé Cervulus qu’il avait composé contre les mascarades païennes du premier jour de l’an a péri. Ce que nous avons justifie bien le jugement que saint Jérôme a porté de Pacien : « castigatae eloquentiae et tam vita quam sermone clarus » (Vir. ill., 106 ; cf. 132).
Le principal adversaire du donatisme au ive siècle fut saint Optat, évêque de Milève en Numidie. Il n’est guère connu que par son traité De schismate Donatistarum ou Contra Parmenianum donatistam, paru vers 366 en six livres, auxquels il en ajouta un septième vers 385. Il y combat l’ouvrage de Parménien contre les catholiques et, s’appuyant tantôt sur la tradition, tantôt sur les faits, réfute les théories donatistes de l’Église, des sacrements et du baptême (ii, iv, v), et rejette sur les schismatiques la responsabilité des maux et des violences qui désolent les communautés chrétiennes (i, iii, vi, vii). Un dossier de pièces justificatives annexé à la première édition de 366, sous le titre de Gesta purgationis Caeciliani et Felicis, est en partie conservé ; mais il est plus ancien que le livre d’Optat et a dû être formé entre 330 et 347. Optat est un esprit positif et précis : son traité est parfois obscur par suite de l’abus du langage figuré, et le style en est rude et gauche ; mais la composition est vigoureuse et pleine d’originalité.
Contre le priscillianisme l’autorité séculière sévit avec rigueur, mais de multiples réfutations partirent aussi du côté de l’Église. Entre les auteurs qui s’élevèrent contre la doctrine et la morale de Priscillien, il faut signaler Idacius de Mérida ; l’évêque d’Ossonuba, Ithacius, plus tard excommunié pour sa participation à la mort violente des priscillianistes ; les évêques Audentius et Olympius, nommés par Gennadius (Vir. ill., 14, 23) ; puis dans la première moitié du ve siècle, le moine Bachiarius avec son traité De la foi (vers 410) ; les évêques Pastor de Galice et Syagrius, le premier, auteur d’un Libellas in modum symboli que l’on a retrouvé, le second, auteur d’un traité De la foi, retrouvé également (Gennadius, Vir. ill., 65) ; puis enfin, au milieu du ve siècle, Turribus d’Astorga, dont les écrits au pape saint Léon (vers 440-445) le prévenaient des périls que l’hérésie faisait toujours courir aux catholiques d’Espagneb.
b – La lettre de Turribus à Idace et Ceponius ne paraît pas authentique.
Toutes les hérésies ensemble rencontrèrent d’ailleurs un historien à la fois et un adversaire dans l’évêque de Brescia, Philastrius, qui nous a laissé, dans son Liber de haeresibus, une de nos principales sources héréséologiques. Sur les cent cinquante-six hérésies qu’il compte et qu’il décrit, Philastrius a connu les quatre-vingt-douze premières par les catalogues antérieurs au sien, notamment par le Syntagma de saint Hippolyte ; pour les soixante-quatre dernières, il semble être original. Son livre est d’ailleurs monotone, lourd et d’un style médiocre. On en met la composition entre 383-391. La mémoire de l’auteur fut célébrée par son successeur à Brescia, Gaudentius, dont le dernier sermon, sur les dix-neuf que nous possédons de lui, est intitulé De la vie et de la mort du bienheureux Philastrius.