Ici l'Église, réduite à une extrême désolation et se plaignant que Dieu s'est éloigné d'elle, demande pardon de ses péchés ; elle se fonde sur les nombreuses délivrances que Dieu a accordées jadis à son peuple, et surtout, sur la promesse par laquelle il avait adopté les enfants d'Abraham.
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1 | D’où vient, Seigneur, que nous sommes épars ? Depuis longtemps ta colère enflammée Répand sur nous une épaisse fumée, Même sur nous, les brebis de tes parcs. |
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2 | Ah, souviens-toi que tu as racheté Il y a bien longtemps cet héritage, Le peuple acquis que tu pris en partage, Ce mont Sion où tu as habité. |
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3 | Debout, Seigneur ! Viens pour exterminer À tout jamais la bande sacrilège Qui nʼa pas craint de ravager le siège De ta splendeur où tout est ruiné. |
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4 | Là où jadis ton nom était chanté, On a jeté des cris abominables ; Ils ont dressé leurs emblèmes damnables, Là-même on voit leurs emblèmes plantés. |
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5 | Chacun a vu travailler ces pervers À démolir ta sainte forteresse, Comme au milieu dʼune forêt épaisse Menant la hache à tort et à travers. |
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6 | Tes beaux lambris taillés si richement Dont ta maison naguère fut ornée, Avec grands coups de hache et de cognée Sont maintenant brisés entièrement. |
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7 | Nous portons tous le deuil de ta maison Ils ont livré au feu le sanctuaire, Ils ont souillé puis rasé jusquʼà terre Le lieu qui fut lʼabri de ton saint nom. |
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8 | « Ah, disaient-ils, saccageons, brisons tout ! » Ils nous ont fait une mortelle guerre ; On a brûlé tous les lieux de prière, Le feu les a consumés jusquʼau bout. |
(Pause) — 9 — | |
9 | Nous nʼavons plus de signes parmi nous De ton amour ; les prophètes se cachent, Et lʼon ne voit plus personne qui sache Quand cessera le feu de ton courroux. |
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10 | Jusques à quand, ô Dieu, souffriras-tu Que lʼennemi tʼoutrage en pleine face ? Faut-il quʼil ait toujours autant dʼaudace Pour mépriser ton nom plein de vertu ? |
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11 | Dʼoù vient cela que tu retiens ta main, Et que de nous ta droite se retire ? Il faudra bien un jour que tu la tires Hors de ton sein pour secourir les tiens. |
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12 | Ô Dieu, cʼest Toi depuis les anciens temps Qui est mon Roi, le Maître de ce monde ; Toi qui nous vois dans la peine profonde Et nous sauvas du danger si souvent. |
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13 | Tu as fendu la mer par ton pouvoir, Et fracassé la tête des baleines, Si bien quʼun jour les rives étaient pleines De monstres morts que tu nous as fait voir. |
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14 | Puis, tu livras le grand monstre des eauxa Aux habitants du désert comme viande, |
15 | Et du rocher, par ta puissance grandeb Tu fis jaillir fontaines et ruisseaux. |
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16 | Tu as tari des grands fleuves le cours ; À Toi le jour, à Toi la nuit humide ; Car cʼest ta main qui a fait et qui guide Le beau soleil, clarté de tous les jours. |
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17 | Cʼest Toi qui as, selon ta volonté, Distribué de ce monde lʼespace ; Lʼété brûlant et lʼhiver plein de glace Ne sont-ils pas œuvres de ta bonté ? |
(Pause) — 17 — | |
18 | Mais souviens-toi que par tes ennemis, Ô Éternel, ta gloire est abaissée ! Ils ont osé dans leur rage insensée Braver ton nom, se croyant tout permis. |
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19 | Hélas, ne livre pas entre les mains De ces cruels ton humble tourterelle ; Ne laisse pas dans la nuit éternelle Ces malheureux qui pourtant sont les tiens. |
— 19 — | |
20 | Regarde encore lʼalliance que tu fis, Puisque la terre est presque ensevelie En nuit profonde et de méchants remplie Et, sous le poids dʼiniquité, gémit. |
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21 | Ne permets pas que lʼopprimé, honteux Sʼen aille avec le cœur et les mains vides ; Mais donne au faible, au pauvre que tu guides De célébrer ton saint nom, tout joyeux. |
— 21 — | |
22 | Éveille-toi, défends ton droit, Seigneur, Et souviens-toi de cet outrage infâme Que lʼinsensé te fait, car il te blâme De jour en jour, méprisant ton honneur. |
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23 | Oublierais-tu ces cris tous pleins de fiel, Cette clameur qui tʼinsulte toi-même, Et tant de voix du vice et du blasphème De plus en plus sʼélevant vers le ciel ? |
a Le grand mostre : Hébr. Léviathan
b Verset 15 de la numérotation biblique. D'où un décalage des strophes suivantes par rapport aux versets bibliques.