1° L’homme a été créé bon (Genèse 1.31), c’est-à-dire qu’il répondait au but que Dieu s’était proposé en le créant. Mais le bien qui est en lui n’est pas encore le produit d’une libre détermination ; aussi n’a-t-il pas encore la connaissance du bien (Genèse 3.5). C’est là ce qu’on appelle l’état d’innocence (Deutéronome 1.39) ; l’homme était alors complètement étranger à tout sentiment de honte. Point donc de sainteté, pas même de sainteté donnée à l’homme de toutes pièces et sans qu’il eût rien fait pour l’acquérir, car cela ne se peut. « Dieu a fait l’homme droit, » voilà tout ce qu’on peut dire (Ecclésiaste 7.29). Mais il ne faudrait pas non plus ne voir dans l’innocence qu’une simple indifférence. Etre innocent, ce n’est pas uniquement n’avoir pas encore péché ; ce serait une grave erreur que de dire qu’en péchant Adam n’a fait que de manifester ce qu’il avait auparavant dans son cœur à l’état latent. Le mal n’est nullement un élément nécessaire du développement de l’homme. Gen. ch. 3 s’oppose absolument à toute idée pareille.
2° Avec Dieu comme avec la nature, rapports excellents, harmonie parfaite. La peur qu’Adam ressent tout-à-coup à l’approche de l’Éternel n’est certainement pas quelque chose de normal. De même la lutte que l’homme est condamné à soutenir avec la nature (Genèse 3.17 ; 5.29), est en opposition directe avec la vie paradisiaque. Voyez le contraste frappant qu’il y a entre Genèse 9.2 ; 1.29. Ici l’homme se nourrit de végétaux. Là il lui est permis de tuer les animaux. Plus tard nous verrons les prophètes annoncer le rétablissement de cette heureuse harmonie, si tôt troublée (Ésaïe 11.6-8 ; 65.25).
3° Enfin l’homme est immortel, ou du moins il peut ne pas mourir. On a nié ceci. Il est vrai que Dieu a pu dire à l’homme : « Au jour où tu en mangeras, tu mourras, » sans qu’il en résulte qu’il ne fût pas mort s’il n’avait pas péché. Cette menace, si l’on met l’accent sur les mots : Au jour peut indiquer simplement une accélération du jour de la mort. Mais d’après Genèse 3.22a, il y avait réellement pour Adam possibilité de parvenir à l’immortalité ; c’était un bienfait qui lui était réservé pour le cas où il persévérerait dans sa communion avec Dieu. Et pour ce qui est de Genèse 3.19 : « Tu es poudre et lu dois retourner en poudre, » cela ne prouve point que l’homme dût mourir, quoi qu’il pût advenir, que la mort soit une chose naturelle ; — ces mots indiquent seulement pourquoi la mort, qui aurait pu se manifester autrement, aboutit à la décomposition du corps.
a – « De peur qu’il ne prenne de l’arbre de vie et ne vive à jamais. »
Pourquoi, demandera-t-on peut-être, l’A. T. nous entretient-il si peu de l’état primitif de l’homme et du paradis perdu ? Ah ! s’il oublie ce qui est derrière lui, c’est qu’il tend vers les choses qui sont devant lui ; il aime mieux penser à la communion dans laquelle l’homme pourra un jour rentrer avec Dieu. Au lieu de déplorer oiseusement l’âge d’or évanoui, il annonce la conquête du nouveau paradis !