« Écoute les paroles sacrées de ma bouche divine sur l’oracle Pythien et l’oracle Clarion. Autrefois du sein de la terre émanaient des milliers d’oracles : ici de la source sacrée d’une fontaine, là d’une autre, d’où s’exhalaient, en tournoyant, des vapeurs épaisses. Aujourd’hui les uns sont rentrés dans les vastes entrailles de la terre, les autres sont ensevelis dans l’oubli des siècles. Le soleil, flambeau des mortels, n’éclaire plus aujourd’hui que les ondes sacrées de Mycale, dans la vallée de Didyme, auprès de Pythos, au pied des collines du Parnasse et Claros, au sol pierreux, où Phébus fait entendre sa voix sévère. »
Puis le même Apollon répond ainsi aux habitants de Nicée :
« Python a perdu sa voix prophétique ; les siècles l’ont vue s’évanouir ; elle ne ressuscitera pas ; un immuable silence a fermé sa bouche : ne cessez pas d’offrir vos sacrifices à Phébus. »
C’est aussi l’occasion de rapporter ce que dit Plutarque dans son ouvrage sur la défection des oracles. Voici ce que nous y lisons :
« Ammonius ayant cessé de parler, dites-nous donc quelque chose, dis-je à Cléombrote, de ce fameux oracle dont la voix paraît s’être éteinte ; car on disait pourtant des merveilles de la divinité qui y élisait sa demeure. Cléombrote baisse les yeux et garde le silence. Alors Démétrius dit : Ce n’est pas seulement de celui-là qu’il est question, ce n’est pas seulement son anéantissement qui nous étonne, puisque nous ne voyons pas moins défaillir tous les autres, à l’exception d’un ou deux : c’est donc de la chute générale de tous les oracles qu’il faut nous entretenir ; car, pour ne parler que d’une contrée, la Béotie comptait autrefois une multitude d’oracles : aujourd’hui ils semblent avoir tous fui comme une eau qui s’écoule, et on dirait qu’un vent brûlant a tari la source des oracles dans tout le pays. Le seul endroit où la Béotie réponde à ceux qui consultent la divinité est Lebadie : partout ailleurs règne le silence ou une complète solitude. »
Mais écoutons maintenant le même auteur sur la mort des démons.