La Légende dorée

LXXVI
SAINTE PÉTRONILLE, VIERGE

(31 mai)

Pétronille, dont la vie nous a été racontée par saint Marcel, était la fille de l’apôtre saint Pierre ; et celui-ci, la voyant trop belle, obtint de Dieu qu’elle souffrît de la fièvre. Or un jour, comme ses disciples étaient auprès de lui, Tite lui dit : « Toi qui guéris tous les malades, pourquoi ne fais-tu pas que Pétronille se lève de son lit ? » Et Pierre lui répondit : « Parce que cela me convient ainsi ! » Ce qui ne signifie nullement, d’ailleurs, qu’il n’ait pas eu le moyen de la guérir ; car, aussitôt, il lui dit : « Lève-toi, Pétronille, et viens vite nous servir ! » La jeune fille, guérie, se leva et vint les servir. Mais, quand elle eut fini, son père lui dit : « Pétronille, retourne dans ton lit ! » Elle y retourna, et fut tout de suite reprise de sa fièvre. Et plus tard, lorsqu’elle commença à être parfaite dans l’amour de Dieu, son père lui rendit la parfaite santé.

Alors un seigneur, nommé Flaccus, frappé de sa beauté, vint la demander en mariage. Et elle répondit : « Si tu veux m’épouser, envoie-moi des jeunes filles qui me conduisent jusque dans ta maison ! » Mais quand elles furent arrivées, Pétronille se mit à jeûner et à prier, communia, se coucha dans son lit, et, après trois jours, rendit son âme à Dieu.

Alors Flaccus, se voyant déçu, s’adressa à une compagne de Pétronille appelée Félicula, la sommant de se marier avec lui ou de se sacrifier aux idoles. La jeune fille s’étant refusée à faire aucune de ces deux choses, Flaccus la jeta en prison, où elle resta sept jours sans manger ni boire ; puis il ordonna qu’elle fût torturée sur un chevalet et que son corps fût jeté à la voirie. Saint Nicodème en retira ses restes et les ensevelit : ce qui lui valut à son tour d’être emprisonné, frappé de lanières plombées, et jeté dans le Tibre, d’où le clerc Juste retira ses restes pour les ensevelir honorablement.

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