Hudson Taylor

TREIZIÈME PARTIE
Ministère élargi
1887-1894

CHAPITRE 76
Les Mille à venir
1890-1891

La Conférence lança un appel pour mille hommes, à recevoir dans les cinq années suivantes, en vue de toutes les formes de l'activité missionnaire en Chine. Appuyée en Amérique, aussi bien qu'en Angleterre et sur le Continent, cette action combinée ne pouvait manquer d'avoir du poids auprès de toutes les Églises, tant en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique.

Nous adressons cet appel, était-il dit, au nom de trois cent millions de païens qui ne connaissent pas l'Évangile ; nous le faisons avec tout l'élan de notre cœur, comme des hommes écrasés par l'immensité et la responsabilité de la tâche qui s'offre à nous, mais avec une foi inébranlable dans la puissance du Sauveur ressuscité à envoyer des ouvriers dans Sa vigne.

Entre temps, par d'autres moyens et d'une manière inattendue, la main de Dieu agissait. Simultanément, quoique indépendamment l'un de l'autre, quatre pasteurs de Melbourne furent fort troublés par les besoins spirituels et les appels de la Chine. C'était vers la fin de 1889, chose étrange, au moment même où Hudson Taylor rédigeait les articles publiés plus tard en brochure sous le titre « À toute créature ». La conviction s'empara de chacun d'eux que les chrétiens d'Australie devraient faire quelque chose pour l'évangélisation du plus grand pays païen du monde. Au bout de quelques semaines, ils s'aperçurent qu'ils portaient le même fardeau ; ils s'unirent dans la prière et, peu après, l'un d'entre eux fut appelé à consacrer sa vie à cette œuvre.

Des missions aux Nouvelles-Hébrides, en Guinée et aux Indes, recevaient l'appui des chrétiens d'Australie, mais, par suite d'un préjugé de race à l'égard des Chinois qui habitaient leur pays, on ne faisait rien pour le vaste et populeux empire d'où ils venaient.

Il était pourtant évident que ces marchands, ces maraîchers et blanchisseurs représentaient un peuple, fort, intelligent, capable de répondre à l'amour rédempteur de Jésus-Christ. Aussi, quand le vicaire de Caufield, près de Melbourne, éprouva le désir de partir pour la Chine comme missionnaire, lui fut-il nécessaire d'entrer en rapport avec l'une des sociétés qui travaillaient dans ce vieux pays. De là une correspondance avec Hudson Taylor, l'acceptation de M. Parsons, le vicaire, son départ pour Shanghaï peu avant la Conférence, et le souhait de ses amis de former un comité qui pût être en contact avec la Mission à l'Intérieur de la Chine.

Ce ne fut pas tout car, dans l'île voisine de Tasmanie, de semblables résultats furent obtenus, et bientôt Hudson Taylor fut invité à visiter ces deux colonies pour y constituer un comité.

Avant sa réponse, les événements se précipitèrent. M. Alfred Bird, de passage en Tasmanie où se trouvait alors une jeune missionnaire de la Mission, Mlle Reed, en congé de convalescence, demanda à celle-ci de venir à Melbourne présider quelques réunions. Une missionnaire en Chine était alors une nouveauté, surtout portant le costume indigène et travaillant à ses propres frais ; des salons, des églises, des collèges s'ouvrirent devant elle, de nombreux dons furent faits et des candidats s'offrirent à la Mission.

Hudson Taylor, alors à la Conférence, fut vivement réconforté par ces nouvelles. Si Dieu poussait Ses serviteurs, en Chine à demander de grandes choses, Il montrait qu'Il pouvait leur procurer, sous la Croix du Sud, de nouveaux appuis. Les nouveaux bâtiments de la Mission, où Hudson Taylor avait été accueilli lors de son arrivée d'Angleterre, permettaient aussi d'envisager ce développement de l'activité. Commencées au moment où il quittait la Chine, une année auparavant, ces vastes constructions avaient été terminées juste pour son retour et pour la Conférence qui y groupait quatre-vingts membres de la Mission. L'inauguration des salles, réservées aux réunions de prières et aux services publics, et le mariage qui y avait été célébré quelques jours après avaient attiré de nombreux amis de l'œuvre et mis en évidence les voies merveilleuses de Dieu.

Nous ne nous arrêterons pas sur la Conférence de la Mission à l'Intérieur de la Chine et sur les séances du Comité qui y firent suite et furent consacrées aux problèmes de la Mission et à la préparation de l'extension du travail. Un câblogramme adressé à Melbourne autorisa la formation du Comité projeté et, à la fin de juillet, Hudson Taylor se disposa à partir pour l'Australie.

Jusqu'à Hongkong, avec M. Beauchamp et un secrétaire, voyageant par économie comme des Chinois, ils se rendirent à peine compte qu'ils avaient quitté la Chine. Ils portaient le costume chinois et, entourés dans l'entrepont de nombreux compagnons de voyage, ils souffraient beaucoup des chaleurs de ces journées d'août. Aussi un petit séjour dans une hôtellerie indigène, à Hongkong, en attendant le paquebot pour Sydney, fut-il le bienvenu.

On nous logea à l'étage supérieur, écrivit M. Beauchamp, et, ainsi, nous jouîmes complètement du port avec son mouvement et ses sifflets stridents ; on nous servit des repas chinois à un dollar et demi par jour, nous eûmes des chambres à nous, et fûmes comme de vrais coqs en pâte !

À Port Darwin, le surintendant de la Compagnie de Navigation décida de mettre dans les cabines de première classe presque vides des passagers de l'entrepont. Sachant qu'Hudson Taylor ne consentirait pas à cet arrangement, il profita de ce qu'ils étaient à terre pour ordonner au capitaine de faire transporter leurs bagages et, quand ils rentrèrent, à la nuit, on les informa que tant de Chinois venaient à bord qu'on ne pouvait plus les loger dans les cabines de l'avant. Ainsi leur voyage s'acheva dans un grand confort.

Nous ne pouvons, faute de place, parler comme il le faudrait des quelques semaines qui suivirent leur arrivée ; toutes les portes s'ouvrirent devant eux et des amis, anciens et nouveaux, les accueillirent partout avec sympathie.

Ils commencèrent leur tâche dans un petit cercle, à Melbourne. Hudson Taylor fit la connaissance des membres du Comité et, en Australie comme en Tasmanie, il leur apporta un secours précieux pour l'accomplissement de ce dont ils s'étaient chargés. Sa simplicité, son naturel firent une profonde impression. À mesure que les réunions furent mieux connues, de plus vastes locaux se remplirent d'auditeurs empressés ; mais il demeurait toujours le même, aussi simple qu'un enfant. Un jour, à Melbourne, dans une grande Église presbytérienne, après quelques phrases éloquentes et bien choisies qui disaient l'œuvre accomplie en Chine par Hudson Taylor, le Modérateur le présenta à l'assemblée en ces termes : « Notre illustre hôte ». Hudson Taylor se tint debout, silencieux, un instant, « la lumière de Dieu sur son visage », comme le rapporta un participant à cette réunion ; puis il commença son discours en disant d'une manière qui lui gagna tous les cœurs : « Mes chers amis, je suis le petit serviteur d'un illustre Maître. »


Comme en Suède et partout où il passait, les enfants furent attirés vers lui.

Il était vraiment touchant, écrivait plus tard son hôtesse ; il prenait chacun d'entre eux à part, et, s'agenouillant avec lui, il demandait pour chacun une bénédiction spéciale au Père céleste... Deux de ces enfants sont maintenant missionnaires, l'un aux Indes, l'autre en Chine.

C'était surtout sur les personnes d'expérience qu'Hudson Taylor produisait une profonde impression et cela d'autant plus que leur vie spirituelle correspondait davantage à la sienne.

Il était une vivante leçon de calme et de maîtrise de soi, écrivait M. Macartney, de Melbourne. Il prenait à la banque du ciel chaque centime de son revenu quotidien. — « Je vous donne ma paix... » La sérénité du Seigneur Jésus en toutes choses et à tous les instants était son idéal ; il la possédait dans la pratique. Il n'était jamais hâté, énervé ou vexé. Il savait où trouver la paix qui surpasse toute connaissance et de laquelle il ne pouvait se passer.

Moi, j'étais tout à fait différent. J'ai un tempérament nerveux et ma vie active me mettait dans une agitation perpétuelle. Ce qui me manquait le plus, c'était la présence du Seigneur et Sa communion pendant les heures où j'écrivais. Mon courrier quotidien m'en privait. Je dis un jour à M. Taylor : « Vous vous occupez de millions d'hommes, moi de quelques dizaines ; vos lettres ont une importance capitale, les miennes en ont bien moins. Et, cependant, je suis troublé et agité, tandis que vous êtes toujours calme. D'où vient cette différence ? »

Mon cher Macartney, me répondit-il, la paix dont vous parlez est, dans ma situation, plus qu'un privilège ; c'est une nécessité... Je ne pourrais certainement pas faire l'œuvre que je fais si la paix de Dieu qui surpasse toute connaissance ne gardait mon cœur et mon esprit.

C'est ainsi que j'ai connu M. Taylor. Êtes-vous pressé, troublé, angoissé ? Levez les yeux, regardez à Jésus dans la gloire. Que la face de Jésus brille sur vous !

« Le message de Keswick », comme on l'appelait, n'était pas chose nouvelle pour moi à cette époque. J'avais accepté ces vérités et je les prêchais aux autres. Mais, ici, j'avais la réalité elle-même, une incarnation du message de Keswick telle que je n'aurais jamais rêvé la voir jamais. Cela m'impressionna beaucoup. Voici un homme, âgé de près de soixante ans, qui a des fardeaux extrêmement lourds, et qui est toujours parfaitement calme et paisible.

Il recevait des piles de lettres dont chacune pouvait contenir l'annonce de quelque mort, de manque de ressources, de révoltes, de troubles sérieux. Cependant tout cela était ouvert, lu, et à tout il répondait avec la même tranquillité. Il le faisait dans un acte de foi aussi simple que permanent. Je n'ai pas d'autre mot que l'expression biblique « en Dieu » pour le dépeindre. Il était « en Dieu » et Dieu était en lui. C'était vraiment le « Demeurez en moi » de Jean 15. Et quelle attitude pleine d'amour ! Il vivait, à l'égard de Christ, l'expérience décrite dans le Cantique des Cantiques. Ce plaisir qu'il prenait en Dieu le rendait sensible à la beauté des œuvres de Dieu.

Derrière notre maison s'étend une grande pelouse couverte d'hépatiques et de fleurs sauvages. Il en jouissait vivement. Son courrier expédié, il admirait comme un enfant ces merveilleuses couleurs. « Toutes choses ont été faites par Lui ». Tel était le secret de la joie qu'il trouvait en elles.

On peut juger d'après le résultat des réunions de l'influence des discours d'Hudson Taylor en public :

Les fonds affluent et les candidats de valeur s'offrent, disait-il deux mois plus tard, le dernier chiffre était cinquante-sept.

Quand il retourna en Chine, plus de soixante candidats avaient demandé à se joindre à la Mission et beaucoup d'autres, profondément influencés, consacrèrent leur vie aux Indes ou à d'autres champs de travail. Tel fut le jeune évangéliste, Charles Reeve, qui éprouva un grand ennui à l'annonce des réunions d'Hudson Taylor. Il n'avait aucune sympathie pour ceux qui plaidaient la cause de la mission, qu'il considérait comme anti-scripturaire. Mais, comme il étudiait la Bible avec zèle, il remarqua, dès les premières réunions, que l'orateur, quelles que fussent ses extravagances, avait certainement un grand respect pour la Parole de Dieu. À mesure qu'il écoutait, Charles Reeve se rendait compte qu'il n'avait jamais entendu un exposé plus fidèle et plus pénétrant de la Bible, bien qu'il allât à l'encontre de ses plus fortes convictions. Et bientôt, tandis qu'Hudson Taylor parlait, il entendit l'appel de Dieu, d'où sortit, avec ses nombreux ouvriers, la Mission actuelle de Poona, aux Indes.

Les meilleures réunions furent, tout naturellement, les dernières, où Hudson Taylor était entouré de volontaires qui partaient avec lui pour la Chine. Il n'avait pas hésité à dire qu'il priait pour que l'Australie envoyât cent ouvriers et le grand nombre de ceux qui avaient répondu éveillait le plus vif intérêt. Quand le Comité organisa un jour de prières et d'entretiens pour les pasteurs qui désiraient s'entendre avec Hudson Taylor et M. Beauchamp, il ne s'en présenta pas moins de quarante et, le même soir, à Melbourne, une multitude enthousiaste de plus de trois mille personnes disait adieu à cette petite troupe.

Beaucoup d'âmes ont été sauvées et bénies par le moyen de ces réunions, pouvait dire Hudson Taylor. Dieu remue ici le cœur de Son peuple et si nous avions plus de temps, nous pourrions compter sur les cent ouvriers avant peu. Je crois que Dieu veut faire de grandes choses pour la Chine.

Quatre jeunes hommes et huit femmes devaient partir en octobre. Une grève retarda le départ et Hudson Taylor se souvint alors d'une invitation à des réunions, dans le Queensland, qu'il avait dû décliner. Il se doutait peu des prières qui appuyaient cette invitation et de l'intérêt que le pasteur du Queensland et sa femme portaient à la Chine. Leur demeure était charmante, leur milieu, leur œuvre convenaient à leurs aptitudes, mais l'appel de la Conférence de Shanghaï était venu jusqu'à eux et M. Southey avait remarqué qu'on demandait surtout des missionnaires consacrés.

Sa santé n'était pas très robuste. Avec ses trois jeunes enfants, il semblait plutôt qu'il dût se borner à servir dans son église la cause de la mission ! ; mais, devant Dieu, sa conscience n'était pas satisfaite.

Je ne puis m'empêcher de penser, écrivait-il, que quelques-uns des pasteurs d'Ipswich devraient aller chez les païens. Dans une petite ville de huit à neuf mille habitants, dont les deux tiers à peine sont protestants, il y a neuf Églises protestantes et dix pasteurs... Si Dieu le veut, je suis prêt à aller chez les païens. Il y a beaucoup à faire ici... mais davantage encore parmi ces déshérités.

Hudson Taylor fut vivement touché de sa visite à cette heureuse demeure que les parents étaient prêts à quitter. M. Southey éprouva d'abord une déception lorsqu'il le vit. Il avait tellement entendu parler du chef de la Mission qu'il s'attendait à trouver un homme d'imposante apparence. Aussi, quand un voyageur isolé sauta de l'express et s'avança vers lui, pût-il à peine croire que ce fût-là le visiteur attendu.

En arrivant à la maison, écrivait-il quelques années plus tard, je fis part à ma femme de mon désappointement, mais j'ajoutai toutefois :


« Je suis sûr que c'est un brave homme ».

Elle fit preuve de plus de discernement que moi. « Regarde, me dit-elle, après un instant de conversation, la lumière qui est sur son visage. » Et, vraiment, Mme Taylor avait la lumière de Dieu sur son front. Il regardait à Lui constamment. Il vivait dans une communion si intime avec Lui, que son visage semblait éclairé d'une lumière céleste. Aussi, ce premier sentiment de déception fit-il bientôt place à une profonde et respectueuse affection. Je compris mieux que jamais auparavant ce que la grâce de Dieu pouvait faire.... Il m'était donné de voir la beauté d'une vie vécue dans la communion permanente du Seigneur Jésus. Dans la maison, il était aimable, courtois, déférent, il s'appliquait à donner le moins de peine possible, et s'empressait de remercier pour les menus services qu'on lui rendait. Nous ne pouvions pas ne pas remarquer qu'il ne parlait jamais de lui-même, et que son humilité était vraie, parce qu'inconsciente. Il parlait librement du Seigneur, de Sa grâce, de Sa fidélité, et ce fut seulement par nos questions que nous pûmes savoir quelque chose de ses travaux et de ses expériences.

Quand il fut question de notre départ pour la Chine, bien qu'il parût sentir dès l'abord que notre vocation venait de Dieu, il nous exposa toutes les difficultés : le climat, le manque de confort, l'absence de secours médical, la nécessité de se séparer des enfants, et plus d'une fois, en se promenant dans le jardin qui avait pour lui beaucoup de charme, il dit à ma femme : « Vous n'aurez pas un jardin comme celui-là, en Chine. »

Mais l'assurance de la grâce de Dieu et du secours qu'ils auraient en Lui, fortifiée par tout ce qu'ils voyaient chez leur visiteur, rendit possible l'acte de foi qui donna à la Chine deux de ses missionnaires les plus fidèles, et plus tard à la Mission son directeur régional pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

L'œuvre en Chine se développa merveilleusement, cet hiver-là. Mme Taylor put regagner Shanghaï. Après neuf ans d'absence, elle constata de grands progrès et sa présence semblait doubler la puissance de travail de son mari. Il fallait tout ce dont celui-ci était capable, pour faire face au développement extraordinaire de la Mission. Grande avait été la joie lorsqu'en 1887 cent nouveaux ouvriers étaient venus grossir leurs rangs. En 1891, en six mois, cent trente-trois débarquèrent à Shanghaï, — soixante-six en trois semaines ! Et les ressources nécessaires furent données d'une façon non moins admirable.

Bien loin, au nord de l'Europe, la brochure « À toute créature » était tombée dans les mains d'un évangéliste dévoué, Suédois naturalisé Américain qui, pendant sept années, avait été le collaborateur de Moody, le pasteur Franson. Son âme fut embrasée d'un zèle contagieux. Avec un cœur brûlant, il entreprit cette nouvelle croisade dans le pays ou il était alors, l'Allemagne du Nord. Employé d'une façon remarquable par Dieu, il rencontra à Barmen des hommes animés du même esprit que lui. Là, l'intérêt pour la Mission fut tout particulier, et le résultat fut la fondation de l'Allianz China Mission dont les dirigeants, désireux de travailler sur les mêmes bases que la Mission à l'Intérieur de la Chine, entrèrent en contact avec Hudson Taylor. Peu après, les premiers ouvriers partaient pour la Chine comme missionnaires associés. Mais déjà Franson avait entrepris une autre campagne, parmi les Suédois d'Amérique.

Bien connu aux Etats-Unis, il se proposa, comme il l'écrivait à Hudson Taylor, « d'inviter le peuple, de Dieu à donner à chaque Église le moyen d'entretenir un missionnaire ».

Le plan s'est révélé très bon, disait-il, et j'ai fort bien réussi. Non seulement un premier envoi de missionnaires a ses ressources assurées, mais, dans douze jours, un autre groupe de dix quittera Omaha. Nous n'envoyons que des hommes sur les travaux desquels la bénédiction de Dieu a déjà reposé. Beaucoup se sont offerts mais ont été écartés pour raison de santé ou pour manque d'aptitudes missionnaires. Un grand intérêt est éveillé parmi tous les Scandinaves d'Amérique.

Le désir des hommes et des femmes qui ont été choisis, expliquait M. Franson, est de faire une œuvre d'itinérance, « c'est-à-dire, d'être des mille que Mme Taylor a demandés à Dieu pour cette œuvre ».

UNE CHRÉTIENNE CHINOISE
Vos fils sont comme des plantes
Oui croissent dans leur jeunesse;
Nos filles sont comme des colonnes sculptées
Qui font l'ornement des palais.
Heureux le peuple pour qui il en est ainsi
Heureux le peuple dont l'Éternel est le Dieu.
PSAUME 144.12 et 15

Ils sont prêts à aller de lieu en lieu prêcher l'Évangile, distribuer des traités ou des Bibles, selon que le Seigneur les conduira, pendant trois ans au moins... à ne pas se marier, ni même se fiancer pendant ce temps...

Leur arrivée à la Maison de la Mission reste inoubliable ; deux jeunes hommes se présentèrent à l'entrée principale.

Ce doit être les Scandinaves, dit le directeur-adjoint, M. Stevenson, en allant à leur rencontre.

Combien êtes-vous ?

Trente-cinq, répondirent-ils, à la grande surprise de leurs hôtes, et dix autres, ou peut-être quinze, arriveront la semaine prochaine.

À peine pouvait-on les loger, mais ils paraissaient si heureux qu'aucune hésitation n'était possible. La seule chose à faire était de les recevoir, quoique la maison fût déjà remplie, comme un don de Dieu et avec reconnaissance, comme l'avant-garde des mille qui allaient venir.

Et quel est celui des habitants de la Maison de la Mission qui ne reçut pas une bénédiction par l'arrivée des cinquante Scandinaves ? Ils chantaient en s'accompagnant de la guitare et, quoiqu'un, petit nombre d'entre eux seulement fût capable de parler anglais, ils priaient dans nos réunions avec une parfaite liberté.

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