Sonnets Chrétiens


Livre Second — Sonnet XXXVII

Sur les trois Princes Hébreux
dans la Fournaise

Qu’en dis-tu, ma raison ? dois je en croire mes yeux ?
Les trois jeunes martyrs dans l’effroyable braise
Se promènent contents, respirent à leur aise,
Et semblent y sentir un air délicieux !

La flamme, à bonds légers, subtils, officieux,
Ou, n’osant les toucher, s’enfuit de la fournaise,
Ou, d’un toucher flatteur, les caresse et les baise,
Au moment qu’à leur aide un ange vient des Cieux.

O généreux enfants, d’éclatante origine,
Que Dieu, comme de l’or, dans le creuset affine,
Je vous en vois sortir et plus purs et plus beaux.

Ainsi, pour ses élus, Dieu force tous obstacles.
Qu’ils passent par les feux, qu’ils passent par les eaux,
Son bras, pour les sauver, fait toujours des miracles.


4 : La dignité du martyre n’en fut pas moindre en eux. (St. Cyprien) Ils furent rafraîchis d’une rosée céleste dans les flammes, (dit Grégoire de Tours). Ainsi, du temps de Julien, le confesseur Théodore disait qu’au milieu de ses tourments un jeune homme lui était apparu, qui l’avait toujours assisté et consolé, essuyant ses sueurs avec un linge fort fin, et versant de l’eau froide sur ses plaies brûlantes. 10 : L’affliction est pour toi la fournaise et le creuset de l’Orfèvre (St. Augustin).

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