Merci, Seigneur, pour les amis que ton Évangile m’a donnés. Grâces te soient rendues pour les joies si douces, si pures que je puise auprès d’eux. A peine ai-je rencontré un nouveau frère, à peine me suis-je entretenu avec lui de nos communes espérances, que j’éprouve une affection qui, je le sens, ne doit plus finir. Une heure d’épanchement suffit à moi pour lire dans son cœur, et à lui dans le mien. Il semble qu’une muraille se soit écroulée entre nous deux, et qu’une autre nous isole tous deux du monde. Nous nous confions l’un à l’autre, nous-nous connaissons aussi bien qu’après des années d’intimité, et nous goûtons la douce communion des saints. Encore une fois, Seigneur, grâces te soient rendues pour ce trésor d’affection placé sous ma main. Ce sont là les arrhes de ton Esprit, un avant-goût du ciel, l’aurore, dans le temps, du jour de l’éternité. Mais, Seigneur, à cette grâce, veuille en ajouter une autre ; que ces affections chrétiennes soient sanctifiées par l’activité ; que nous ne consumions pas nos heures en contemplation sur la montagne, avec Elie et Moïse, disant comme Pierre : « Il fait bon ici, dressons-y nos tentes ; » mais qu’après y avoir puisé des forces, nous allions les dépenser dans le monde. Que nous ne nous contentions pas d’être frères entre nous, mais surtout que nous soyons frères avec Jésus ! frères de Jésus par les sentiments, mais aussi par la vie. Qu’à son exemple, nous descendions du Thabor pour marcher vers Golgotha, sachant qu’après trois jours suit la résurrection ! Oui ! Seigneur, apprends-nous à dépenser dans l’affection chrétienne, et, s’il le faut, à nous donner pour ceux mêmes qui nous attendraient comme Jésus, des clous et un marteau à la main !