Luther a rendu mainte fois hommage à l’ancienne église des Frères de Bohême. Voici un passage de ce réformateur traduit par Zinzendorf dans le Manuscrit de Genève :
« Il n’y a point eu d’église depuis le temps des apôtres qui ait été plus conforme à la doctrine et à la discipline des premiers chrétiens que ne le sont les Frères de Bohême… On doit nous rendre cette justice que la pureté de notre doctrine est égale à celle des Frères, puisque nous tirons de la Parole de Dieu les articles de foi que nous proposons avec toute sincérité et pureté. Il faut avouer néanmoins que les Frères nous surpassent de beaucoup dans leur discipline ecclésiastique, qui est bien réglée et par le moyen de laquelle ils gouvernent avec tant de succès leur église. Je dis qu’en ceci ils méritent plus de louange que nous ; c’est en quoi nous devons leur céder pour la gloire de Dieu, et ce que je me trouve obligé de dire pour l’amour de la vérité. »
Les relations des Frères avec Luther ne les empêchaient point de s’entendre aussi avec Zwingle et ses disciples, et Calvin écrivait à ceux-ci, en 1556, les lignes suivantes, que nous citons encore d’après Zinzendorf :
« J’ai les plus grandes espérances du monde de la communion que vous avez avec les Frères bohêmes, non seulement parce que le Seigneur a coutume de bénir les saintes unions dans lesquelles entrent mutuellement les membres de Jésus-Christ, mais encore parce que je compte que dans vos petits commencements l’expérience des Frères bohêmes, que le Seigneur a exercés par de longues épreuves, vous sera d’un secours considérable. Je vous conseille de faire tous vos efforts afin que ce saint accord (sancta conspiratio) s’affermisse de plus en plus. »
Et ailleurs, dans une lettre adressée aux Frères eux-mêmes, il les félicite de ce qu’outre la pure doctrine qu’ils professent, le Seigneur leur ait fait encore tant d’autres biens et leur ait donné une si excellente discipline.