Maintenant il nous faut traitter de l’ordre, selon lequel Dieu a voulu que son Eglise fust gouvernée. Car combien que luy seul doyve gouverner et régir en son Eglise, et y avoir toute prééminence, et que son gouvernement et empire se doyve exercer par sa seule Parole : toutesfois pource qu’il n’habite point avec nous par présence visible, en sorte que nous puissions ouyr sa volonté de sa propre bouche, il use en cela du service des hommes, les faisant comme ses lieutenans Matt. 26.11 : non point pour leur résigner son honneur et supériorité, mais seulement pour faire son œuvre par eux, tout ainsi qu’un ouvrier s’aide d’un instrument. Je suis contraint de réitérer ce que j’ay desjà exposé ci-dessus. Il est vray qu’il pourroit bien faire cela par soy-mesme, sans autre aide ny instrument, ou par ses Anges ; mais il y a plusieurs causes pourquoy il aime mieux le faire par les hommes. Premièrement, en cela il déclaire quelle amitié il nous porte, quand il choisit d’entre les hommes ceux qu’il veut faire ses Ambassadeurs 2Cor. 5.20 qui ayent l’office de déclairer sa volonté au monde, et qui mesmes représentent sa personne : et en cela il approuve par effect, que ce n’est pas sans cause qu’il nous appelle si souvent ses temples 1Cor. 3.16 ; 6.19 ; 2Cor. 6.16, veu que par la bouche des hommes il parle à nous comme du ciel. Secondement, ce nous est un très-bon et utile exercice à humilité, quand il nous accoustume à obéir à sa Parole, encores qu’elle nous soit preschée par des hommes semblables à nous, voire mesmes quelquesfois inférieurs en dignité. S’il parloit luy-mesme du ciel, ce ne seroit point de merveilles si tout le monde recevoit incontinent son dire en crainte et révérence. Car qui est-ce qui ne seroit estonné de sa puissance, quand il la verroit à l’œil ? qui est-ce qui ne seroit effrayé au premier regard de sa majesté ? qui est-ce qui ne seroit confus, voyant sa clairté infinie ? Mais quand un homme de basse condition et de nulle authorité quant à sa personne, parle au nom de Dieu, nous déclairons lors par bonne et certaine expérience nostre humilité et l’honneur que nous portons à Dieu, si nous ne faisons nulle difficulté de nous rendre dociles à son ministre, combien qu’en sa personne, il n’ait aucune excellence par-dessus nous. Ainsi pour ceste raison semblablement Dieu cache le thrésor de sa sagesse céleste en des vaisseaux fragiles de terre 2Cor. 4.7, pour expérimenter tant mieux en quelle estime nous l’avons. Tiercement, il n’y avoit rien plus propre pour entretenir charité fraternelle entre nous, qu’en nous conjoignant par ce lien, que l’un soit ordonné Pasteur pour enseigner les autres, et qu’iceux reçoyvent doctrine et instruction de luy. Car si chacun avoit en soy tout ce qu’il luy faut, sans avoir affaire des autres, selon que nostre nature est orgueilleuse, chacun de nous mespriseroit ses prochains, et seroit aussi mesprisé d’eux. Pourtant Dieu a conjoinct son Eglise d’un lien, lequel il voyoit estre le plus propre à conserver unité : asçavoir quand il a commis le salut et vie éternelle aux hommes, afin qu’elle fust communiquée par leurs mains aux autres. Et à cela regardoit sainct Paul en escrivant aux Ephésiens, quand il dit. Vous estes un corps et un esprit, comme vous estes appelez en une mesme espérance de vostre vocation. Il n’y a qu’un Seigneur, une foy, un Baptesme, un Dieu et Père de nous tous, qui est sur toutes choses, et espandu par tout, et habile en nous tous : mais à un chacun de nous a esté donnée la grâce, selon la mesure de la donation de Christ. Pourtant il est dit qu’estant monté en haut il a mené ses ennemis captifs, et a distribué dons aux hommes. Celuy qui est monté, estoit au auparavant descendu : et est monté afin d’accomplir toutes choses. Pourtant, il a ordonné les uns Apostres, les autres Prophètes, les autres Evangélistes, les autres Pasteurs et Docteurs, pour la réparation des saincts, pour l’œuvre de l’administration, pour l’édifice du corps de Christ, jusques à ce que nous parvenions tous en unité de foy, et de la cognoissance du Fils de Dieu, en aage parfait : que nous ne soyons plus petis enfans pour estre esbranlez à tout vent de doctrine, mais que suyvans vérité en dilection, nous croissions en celuy qui est le chef, asçavoir Jésus-Christ : auquel tout le corps estant conjoinct par ses nerveures et liaisons, prend accroissement en charité, par la grâce qui est suggérée selon la mesure d’un chacun membre Eph. 4.4-16.
Par ces paroles il signifie premièrement que le ministère des hommes, duquel Dieu use pour gouverner son Eglise, est comme la joincture des nerfs, pour unir les fidèles en un corps. Secondement, il démonstre que l’Eglise ne se peut autrement maintenir en son entier, qu’en s’aidant de ces moyens, lesquels le Seigneur a instituez pour la conservation d’icelle : Jésus-Christ, dit-il, est monté en haut pour accomplir ou remplir toutes choses Eph. 4.10. Or le moyen est qu’il dispense et distribue à son Eglise ses grâces par ses serviteurs, lesquels il a commis en cest office, et ausquels il a donné la faculté de s’en pouvoir acquitter : et mesmes il se fait aucunement présent à son Eglise par eux, donnant efficace à leur ministère par la vertu de son Esprit, à ce que leur labeur ne soit point vain. Voylà doncques comme la restauration des saincts se fait : voylà comme le corps de Christ est édifié, comme nous croissons du tout en celuy qui est le chef, comme nous sommes unis entre nous, comme nous sommes tous réduits à l’unité de Christ Eph. 4.12-13 : asçavoir quand la Prophétie a lieu entre nous, quand nous recevons les Apostres, quand nous ne mesprisons point la doctrine laquelle nous est présentée. Quiconques doncques veut abolir un tel ordre et telle espèce de régime, ou bien le mesprise comme s’il n’estoit point nécessaire, machine de dissiper l’Eglise, ou mesmes de la ruiner du tout. Car il n’y a ne la clairté du soleil, ne viande, ne bruvage qui soit tant nécessaire pour conserver la vie présente, qu’est l’office d’Apostres et de Pasteurs pour conserver l’Eglise.
Pourtant j’ay desjà adverty ci-dessus, que nostre Seigneur a exalté la dignité de cest estat de toutes les louanges qu’il estoit possible : afin que nous l’ayons en estime comme une chose excellente dessus toutes les autres. Quand il commande au Prophète de crier que les pieds des Evangélistes sont beaux Esaïe 52.7, et que leur advénement est bien heureux : quand il nomme les Apostres, La clairté du monde, et le sel de la terre Matt. 5.13-14 : par cela il dénote qu’il fait une singulière grâce aux hommes en leur envoyant des Docteurs. Finalement, il ne pouvoit priser plus hautement cest estat, qu’en disant à ses Apostres, Qui vous escoute, il m’escoute, et qui vous rejette, me rejette Luc 10.16. Mais il n’y a nul passage plus notable, qu’un de sainct Paul en la seconde Epistre aux Corinthiens, où il traitte de propos délibéré ceste question. Il dispute doncques qu’il n’y a rien plus digne ne plus excellent en l’Eglise, que le ministère de l’Evangile, d’autant qu’il est ministère de l’Esprit, de salut et de vie éternelle 2Cor. 3.9 ; 4.6. Toutes ces sentences et les semblables revienent à un but, c’est que nous n’ayons point en mespris, et n’anéantissions point par nostre nonchalance la façon de gouverner l’Eglise par le ministère des hommes, que Jésus-Christ a institué pour durer à tousjours. D’avantage, il a déclairé non-seulement de paroles, mais aussi par exemples, combien c’estoit une chose nécessaire. Quand il voulut illuminer Cornille le Centenier plus plenement en la cognoissance de l’Evangile, il luy envoya un Ange pour le renvoyer à sainct Pierre Actes 10.3. Quand il voulut appeler sainct Paul à soy, et le recevoir en son Eglise, il parla à luy de sa propre bouche Actes 9.6 : néantmoins il le renvoya à un homme mortel, pour recevoir la doctrine de salut, et le sacrement de Baptesme. Si cela ne s’est point fait témérairement, qu’un Ange, qui est autrement messager de Dieu, se soit déporté d’annoncer l’Evangile, mais ait envoyé quérir un homme pour ce faire : que Jésus-Christ, qui est le Maistre unique des fidèles, au lieu d’enseigner sainct Paul, l’ait renvoyé à l’eschole d’un homme : sainct Paul, di-je, lequel il vouloit ravir au troisième ciel, pour luy révéler des secrets admirables 2Cor. 12.2 : qui est-ce qui osera maintenant mespriser le ministère humain, ou le laisser là comme superflu, veu que nostre Seigneur en a tellement approuvé l’usage et la nécessité ?
Touchant de ceux qui doyvent présider en l’Eglise, pour la régir selon l’ordonnance de Christ, sainct Paul met en premier lieu les Apostres, puis les Prophètes, tiercement les Evangélistes, après les Pasteurs, finalement les Docteurs Eph. 4.11. Mais de tous ceux-là il y en a deux, desquels l’office est ordinaire en l’Eglise chrestienne : les autres ont esté suscitez par la grâce de Dieu du commencement, c’est-à-dire quand l’Evangile commença d’estre presché. Combien que quelquesfois encores il en suscite quand la nécessité le requiert. Si on demande quel est l’office des Apostres, il appert par ce commandement qui leur fut fait. Allez, preschez l’Evangile à toute créature Marc 16.15. Il ne leur assigne point certaines bornes à un chacun, mais il leur donne charge de réduire tout le monde en son obéissance ; afin qu’en semant l’Evangile par tout où ils pourront, ils exaltent son règne en toutes nations. Parquoy sainct Paul voulant approuver son Apostolat, ne dit point qu’il ait acquis quelque certaine ville à Jésus-Christ, mais qu’il a çà et là publié l’Evangile, et qu’il n’a point basti sur le fondement des autres, mais qu’il a planté des Eglises où le nom du Seigneur Jésus n’avoit point esté ouy Rom. 15.19-20. Les Apostres doncques ont esté envoyez pour réduire le monde de la dissipation où il estoit, en l’obéissance de Dieu, et édifier par tout son règne par la prédication de l’Evangile : ou bien si quelqu’un l’aime mieux ainsi, pour faire les fondemens de l’Eglise par tout le monde, comme par les premiers et principaux maistres de l’édifice. Sainct Paul appelle Prophètes, non pas en commun tous expositeurs de la volonté de Dieu, mais ceux qui avoyent quelque singulière révélation par-dessus les autres Eph. 4.11. Or il n’y en a point de nostre temps, ou bien ils ne sont pas cognus comme alors. Par le nom d’Evangélistes, j’enten ceux qui avoyent un office prochain à celuy des Apostres, combien qu’ils fussent inférieurs en dignité comme ont esté Luc, Timothée, Tite et les autres semblables. Possible que nous pourrons aussi bien mettre en ce rang les Septante disciples que Jésus-Christ esleut pour estre en second degré après ses Apostres Luc 10.1. Si on reçoit ceste interprétation, comme je pense que c’est le vray sens de sainct Paul, ces trois offices n’ont pas esté ordonnez pour estre perpétuels en l’Eglise, mais seulement pour le temps qu’il faloit dresser les Eglises où il n’y en avoit point ; ou bien qu’il faloit annoncer Jésus-Christ aux Juifs, afin de les amener à luy comme à leur Rédempteur. Combien que je ne nie pas que Dieu n’ait encores suscité des Apostres puis après, ou bien des Evangélistes en leur lieu, comme nous voyons qu’il a esté fait de nostre temps. Car il estoit mestier qu’il y en eust de tels pour réduire au droict chemin le povre peuple, qui s’estoit destourné après l’Antéchrist. Néantmoins je di que c’est un office extraordinaire, pource qu’il n’a point de lieu où les Eglises sont deuement ordonnées. S’ensuyvent les Docteurs et les Pasteurs, desquels l’Eglise ne se peut jamais passer. Or je pense que c’est la différence entre ces deux espèces, que les Docteurs n’ont point charge de la discipline, ne d’administrer les Sacremens, ne de faire les exhortations et remonstrances : mais seulement d’exposer l’Escriture, afin qu’il y ait tousjours saine doctrine et pure conservée en l’Eglise. Or la charge des Pasteurs s’estend à toutes ces choses.
Nous avons maintenant quels ont esté les offices ordonnez à un temps pour le régime de l’Eglise, et quels ont esté ceux qui ont deu durer à tousjours. Si nous voulons conjoindre les Evangélistes avec les Apostres, pour en faire une seule espèce, il nous restera deux couples correspondantes l’une à l’autre. Car telle similitude qu’ont les Docteurs avec les Prophètes, est des Apostres avec les Pasteurs. L’office des Prophètes a esté plus excellent, à cause du don singulier de révélation qui leur estoit fait : mais l’office des Docteurs a du tout une mesme fin, et s’exerce quasi par un mesme moyen. Ainsi, les douze Apostres que Jésus-Christ esleut pour publier son Evangile par tout le monde, ont excédé tous les autres en dignité et en ordre. Car combien que selon la déduction du mot, tous ministres de l’Eglise se peuvent nommer Apostres Matt. 10.1 ; Luc 6.13, d’autant qu’ils sont envoyez de Dieu, et sont ses messagers, toutesfois pource qu’il estoit bien requis que la vocation de ceux qui devoyent mettre en avant l’Evangile du temps qu’il estoit nouveau, fust approuvée par certain tesmoignage, il convenoit que ces douze-là qui avoyent telle commission, et sainct Paul qui a esté puis après adjousté à leur compagnie Gal. 1.1 ; Actes 9.15, fussent ornez d’un tiltre excellent par-dessus les autres. Sainct Paul fait bien cest honneur à Andronique et Junie, de les nommer Apostres, voire excellens entre les autres Rom. 16.7 : mais quand il veut parler proprement, il n’attribue ce nom qu’à ceux qui avoyent telle prééminence que nous avons dite : et tel est l’usage commun de l’Escriture. Toutesfois les Pasteurs ont une semblable charge qu’estoit celle des Apostres, excepté que chacun d’eux a son Eglise limitée. Il est mestier d’exposer plus clairement que cela veut dire.
Nostre Seigneur envoyant ses Apostres, leur commanda, comme dit a esté, de prescher l’Evangile, et de baptiser tous croyans en la rémission des péchez Matt. 28.19. Or au paravant il leur avoit ordonné de distribuer à son exemple le Sacrement de son corps et de son sang Luc 22.19. Voylà une loy inviolable qui est imposée à tous ceux qui se disent successeurs des Apostres laquelle ils doyvent observer à perpétuité : c’est de prescher l’Evangile et administrer les Sacremens. Dont je conclu que ceux qui négligent l’un et l’autre, faussement prétendent d’estre en l’estat Apostolique. Que dirons-nous des Pasteurs ? Sainct Paul ne parle point de soy : mais d’eux tous, quand il dit, Qu’on nous estime comme serviteurs de Christ, et dispensateurs des mystères de Dieu 1Cor. 4.1. Item, en un autre passage, il faut qu’un Evesque soit diligent observateur de la doctrine de vérité, afin qu’il puisse exhorter le peuple par saine doctrine, et rédarguer tous contredisans Tite 1.9. De ces deux sentences et des autres semblables, nous pouvons inférer que l’office des Pasteurs contient ces deux parties : asçavoir, d’annoncer l’Evangile et administrer les Sacremens. Or la façon d’enseigner n’est pas seulement de prescher en public, mais appartient aussi aux admonitions particulières. Pourtant sainct Paul appelle les Ephésiens en tesmoins qu’il n’a point fuy qu’il ne leur ait annoncé tout ce qui leur estoit expédient de sçavoir, les enseignant en public et par les maisons, recommandant aux Juifs et aux Gentils la pénitence et foy en Jésus-Christ Actes 20.20-21. Item, un peu après il proteste qu’il n’a cessé d’admonester un chacun d’eux avec larmes Actes 20.31. Or mon intention n’est pas de raconter yci toutes les vertus d’un bon Pasteur, mais seulement de monstrer en brief quelle profession font ceux qui se nomment Pasteurs, et veulent estre tenus pour tels : c’est de tellement présider en l’Eglise, qu’ils n’ayent point une dignité oisive, mais qu’ils instruisent le peuple en la doctrine chrestienne, qu’ils administrent les Sacremens, et qu’ils corrigent les fautes par bonnes admonitions, usans de la discipline paternelle que Jésus-Christ a ordonnée. Car Dieu dénonce à tous ceux qu’il met pour faire le guet en l’Eglise, que si quelqu’un périt en son ignorance par leur négligence, qu’il en requerra le sang de leurs mains Ezéch. 3.17. Semblablement ce que dit sainct Paul leur compète à tous : asçavoir qu’ils sont maudits s’ils ne preschent l’Evangile, veu que la dispensation leur en est commise 1Cor. 9.16. Finalement, ce que les Apostres ont fait par tout le monde, un chacun Pasteur est attenu de le faire en son Eglise, à laquelle il est député.
Combien qu’en assignant à un chacun son Eglise, nous ne nions point que celuy qui est lié en un lieu ne puisse bien aider les autres Eglises, soit qu’il y surveinst quelque tumulte lequel peut estre appaisé par sa présence, soit qu’on vousist user de son conseil en quelque difficulté. Mais pource que ceste police est nécessaire pour entretenir la paix des Eglises, asçavoir qu’un chacun sçache sa charge, afin qu’ils ne courent tous en un lieu pour troubler l’un l’autre, et que de là n’adviene confusion : semblablement que ceux qui ont plus de soin de leur aise ou de leur proufit que de l’édification de l’Eglise, n’abandonnent leur lieu à leur fantasie, ceste division des places se doit communément observer tant qu’il est possible, afin qu’un chacun se tenant en ses limites, ne s’ingère point d’usurper la charge des autres. Et cela n’est point inventé des hommes, mais est institué de Dieu mesme. Car nous lisons que sainct Paul et Barnabas ont ordonné des Prestres par toutes les Eglises de Lystre, d’Antioche et d’Iconie Actes 14.23. Aussi sainct Paul commande à Tite d’ordonner des Prestres en chacun lieu Tite 1.5. Suyvant cela il fait mention des Evesques de Philippes Phil. 1.1 : et en un autre passage, d’Archippus Evesque des Colossiens Col. 4.17. Pareillement sainct Luc récite la prédication qu’il feit aux Prestres de l’Eglise d’Ephèse Actes 20.18, Pourtant quiconques aura prins la charge d’une Eglise, qu’il sache qu’il est obligé à la servir selon la vocation de Dieu : non pas qu’il soit là tellement attaché qu’il n’en puisse jamais bouger, quand la nécessité publique le requerroit, moyennant que cela se face par bon ordre : mais j’enten que celuy qui est appelé en un lieu, ne doit plus penser de changer et prendre de jour en jour nouvelle délibération, selon que sa commodité se portera. Secondement, quand il seroit expédient que quelqu’un changeast de place, j’enten qu’il ne doit point attenter cela de sa propre teste, mais qu’il se doit reigler par l’authorité publique de l’Eglise.
Au reste, ce que j’ay nommé indifféremment ceux qui ont le gouvernement de l’Eglise, Evesques, Prestres, Pasteurs et Ministres, je l’ay fait suyvant l’usage de l’Escriture, laquelle prend tous ces mots pour une mesme chose. Car tous ceux qui ont charge d’administrer la Parole, sont là nommez Evesques. En ceste manière sainct Paul, après avoir commandé à Tite d’ordonner des Prestres en chacun lieu, adjouste quant et quant, Car il faut que l’Evesque soit irrépréhensible Tite 1.5-6. Suyvant cela il salue les Evesques de Philippes Phil. 1.1, comme estans plusieurs en un mesme lieu. Et sainct Luc, après avoir dit que sainct Paul convoqua les Prestres d’Ephèse, les nomme puis après Evesques Actes 20.17. Or nous avons yci à noter, que jusques à ceste heure je n’ay parlé que des offices qui consistent en l’administration de la Parole : comme aussi sainct Paul ne fait mention que de ceux-là en ce chapitre IVe des Ephésiens que j’ay allégué. Mais en l’Epistre aux Romains, et en la première aux Corinthiens il en récite d’autres, comme les puissances, les dons de guairir maladies, les gouvernemens, l’interprétation, la charge de soliciter les povres Rom. 12.7-8 ; 1Cor. 12.28 : desquels nous laisserons là ceux qui n’ont esté que pour un temps, pource qu’il n’est jà besoin pour le présent de nous y arrester. Il y en a deux espèces qui durent à perpétuité : asçavoir, les gouvernemens et la solicitude des povres. Or j’estime qu’il appelle Gouverneurs, les Anciens qu’on eslisoit d’entre le peuple pour assister aux Evesques à faire les admonitions, et tenir le peuple en discipline. Car on ne peut autrement exposer ce qu’il dit, Celuy qui gouverne, qu’il face cela en solicitude Rom. 12.8. Pourtant du commencement chacune Eglise a eu comme un conseil ou consistoire de bons preud’hommes, graves et de saincte vie, lesquels avoyent l’authorité de corriger les vices comme il sera veu puis après. Or que cest estat n’ait point esté pour un seul aage, l’expérience le démonstre. Il faut doncques tenir que cest office de gouvernement est nécessaire pour tout temps.
La solicitude des povres a esté commise aux Diacres : combien que sainct Paul en met deux espèces en l’Epistre aux Romains, Celuy qui distribue, dit-il, qu’il le face en simplicité : celuy qui exerce miséricorde, qu’il le face joyeusement Rom. 12.8. Veu qu’il est certain qu’il parle là des offices publiques de l’Eglise, il faut qu’il y ait eu deux genres de Diacres différens. Or si je ne suis bien abusé, au premier membre il dénote les Diacres qui administroyent les aumosnes : au second, ceux qui avoyent la charge de penser les povres, et leur servir : comme estoyent les vefves, desquels il fait mention à Timothée. Car les femmes ne pouvoyent exercer autre office publique, que de s’employer au service des povres 1Tim. 5.9-10. Si nous recevons ceste exposition, comme elle en est digne, veu qu’elle est fondée en bonne raison, il y aura deux genres de Diacres : dont les premiers serviront à l’Eglise, en gouvernant et dispensant les biens des povres : les seconds, en servant les malades et les autres povres. Or combien que le nom de Diaconie s’estende plus loing, toutesfois l’Escriture nomme spécialement Diacres, ceux qui sont constituez par l’Eglise pour dispenser les aumosnes, et qui sont comme receveurs ou procureurs des povres, desquels l’origine, l’institution, et la charge est descrite aux Actes par sainct Luc Act. 6.3. Car pource qu’il se leva un murmure entre les Grecs, d’autant qu’on ne tenoit conte de leurs vefves au ministère des povres, les Apostres s’excusans qu’ils ne pouvoyent satisfaire à deux offices, asçavoir à la prédication, et au soin de nourrir les povres, requirent au peuple qu’il esleust sept hommes de bonne vie qui eussent ceste charge. Voylà quels ont esté les Diacres du temps des Apostres, et quels nous les devons avoir à l’exemple de l’Eglise primitive.
Or comme ainsi soit que toutes choses se doyvent faire en l’Eglise décentement et par bon ordre 1Cor. 14.40, principalement cela se doit observer quant au gouvernement, d’autant qu’il y auroit plus de danger en cela qu’en tout le reste, s’il se commettoit quelque désordre. Parquoy, afin que plusieurs esprits volages et séditieux ne s’ingérassent témérairement à l’office d’enseigner ou régir l’Eglise, nostre Seigneur a nommément ordonné que nul n’entrast en office public sans vocation. Pourtant à ce qu’un homme soit tenu pour vray ministre de l’Eglise, il est premièrement requis qu’il soit deuement appelé Héb. 5.4 : puis conséquemment qu’il responde à sa vocation, c’est-à-dire qu’il exécute la charge qu’il a prinse : ce que nous pouvons appercevoir en sainct Paul en plusieurs passages. Car partout où il veut approuver son Apostolat, il allègue communément tant sa vocation, que sa loyauté à s’acquitter de son devoir Rom. 1.1 ; 1Cor. 1.1. Si un si grand ministre de Jésus-Christ ne s’ose attribuer authorité pour estre ouy en l’Eglise, sinon d’autant qu’il est constitué par l’ordonnance du Seigneur, et qu’il s’acquitte fidèlement de sa commission : quelle impudence sera-ce, si quelqu’un, quiconques qu’il soit, veut usurper le mesme honneur, estant destitué de vocation, ou ne faisant point ce qui est du devoir de son office ? Mais pource que nous avons n’aguères touché de la charge, il nous faut à présent traitter seulement de la vocation.
Or ceste matière gist en quatre points : c’est que nous sçachions quels doyvent estre les ministres qu’on eslit, comment on les doit eslire, qui sont ceux qui ont le droict d’élection, et avec quelle cérémonie on les doit introduire en leur charge. Je parle seulement de la vocation extérieure, laquelle appartient à l’ordre de l’Eglise : me taisant de la vocation secrète, de laquelle un chacun ministre doit avoir tesmoignage en sa conscience devant Dieu, et dont les hommes ne peuvent estre tesmoins. Or ceste vocation secrète est une bonne asseurance que nous devons avoir en nostre cœur, que ce n’a point esté pour ambition ne pour avarice que nous avons prins cest estat : mais d’une vraye crainte de Dieu, et par un bon zèle d’édifier l’Eglise. Cela est bien requis comme j’ay dit, en chacun de nous qui sommes ministres, si nous voulons que nostre ministère soit approuvé de Dieu. Néantmoins si quelqu’un y entre par mauvaise conscience, il ne laisse point d’estre deuement appelé quant à l’Eglise, moyennant que sa meschanceté ne soit point descouverte. Nous avons aussi accoustumé de dire d’aucuns hommes privez, qu’ils sont appelez au ministère quand nous les voyons après cela : d’autant que la science avec la crainte de Dieu, et les autres vertus d’un bon Pasteur sont comme une préparation pour y venir. Car ceux que Dieu a esleus à cest office, il les garnit premièrement des armes qui sont requises pour l’exploiter, afin qu’ils n’y vienent point vuides et mal apprestez. Pourtant sainct Paul en la première aux Corinthiens voulant traitter des offices, commence par les dons que doivent avoir ceux qui y sont appelez 1Cor. 12.8. Mais pource que c’est le premier point des quatre que j’ay proposez, venons à le déduire.
Quels doyvent estre ceux qu’on eslit pour Evesques, sainct Paul le monstre amplement en deux passages. La somme toutesfois revient là, qu’il n’en faut point eslire qui ne soyent de saine doctrine et de saincte vie, et ne soyent point entachez de quelque vice notable, lequel les rende contemptibles, et face que leur ministère soit en opprobre 1Tim. 3.2-3 ; Tite 1.9. Il y a une mesme raison aux Diacres et aux Prestres. Pour le premier, il faut tousjours regarder qu’ils ne soyent point ineptes ou insuffisans à porter la charge qu’on leur baille : c’est-à-dire, qu’ils soyent garnis des choses lesquelles sont requises à faire l’office. En ceste sorte, nostre Seigneur Jésus-Christ voulant envoyer ses Apostres, les a premièrement douez et pourveus des armes et instrumens dont ils ne se pouvoyent passer Luc 21.15 ; Marc 16.15 ; Actes 1.8. Et sainct Paul ayant mis la description d’un bon Evesque, admoneste Timothée de ne se point souiller en eslisant ceux qui n’auroyent point telle suffisance 1Tim. 5.22. Ce mot que nous avons mis, comment ils les faut eslire, ne se doit rapporter à la cérémonie, mais à la révérence et solicitude de laquelle on doit user en faisant telle élection. A quoy appartienent les jusnes et prières que sainct Luc dit que les fidèles faisoyent, ayans à créer des Prestres Actes 14.23. Car pource qu’ils sçavoyent bien que c’estoit une chose de fort grande importance, ils n’osoyent rien attenter sinon avec grande crainte, en pensant bien à ce qu’ils avoyent à faire. Principalement ils faisoyent leur devoir de prier Dieu pour demander l’Esprit de conseil et discrétion.
Le troisième point que nous avons mis en nostre division, estoit, A qui il appartient d’eslire les ministres. Or on ne peut prendre une certaine reigle de cela en l’institution ou élection des Apostres, d’autant qu’elle n’a point esté du tout semblable à la vocation commune des autres. Car pource que c’estoit un office extraordinaire, afin qu’ils eussent quelque prééminence pour estre discernez d’avec les autres, il a falu qu’ils ayent esté esleus de la propre bouche du Seigneur. Les Apostres doncques ont esté ordonnez en leur estat, non point par élection humaine, mais par le seul commandement de Dieu et de Jésus-Christ. De là aussi vient, que quand ils en voulurent substituer un au lieu de Judas, ils n’en osèrent point nommer un lequel y fust : mais ils en prindrent deux, prians Dieu qu’il déclairast par sort lequel il avoit choisi Actes 1.23. Et en ce mesme sens faut prendre ce que dit sainct Paul aux Galatiens, quand il nie qu’il n’a point esté créé Apostre, ne des hommes, ne par les hommes, mais par Jésus-Christ et par Dieu le Père Gal. 1.1. Quant au premier, asçavoir de n’estre esleu des hommes, ce luy a esté une chose commune avec tous bons ministres. Car nul ne peut exercer le sainct ministère de la Parole, qu’il ne soit appelé de Dieu. Quant à l’autre, de n’estre point esleu par les hommes, il l’a eu propre et particulier à soy. Pourtant, quand il se glorifie de n’estre point esleu par les hommes, non-seulement il se vante d’avoir ce que doit avoir chacun bon Pasteur, mais il veut aussi approuver son Apostolat. Car pource qu’il y en avoit entre les Galatiens qui s’estudioyent de diminuer son authorité, alléguans qu’il estoit un petit disciple ordonné par les Apostres : afin de maintenir la dignité de sa prédication, laquelle ces meschans vouloyent amoindrir, il luy estoit mestier de monstrer qu’il n’estoit rien inférieur aux autres Apostres. Pourtant il afferme qu’il n’a pas esté esleu par le jugement des hommes, comme estoyent les Pasteurs communs, mais par l’ordonnance et décret de Dieu.
Que cela soit requis à la vocation légitime des Evesques, qu’ils soyent esleus par les hommes, nul de sain entendement ne le niera, veu qu’il y en a tant de tesmoignages de l’Escriture. Et à cela ne contrevient rien ceste sentence de sainct Paul que nous venons d’exposer : asçavoir qu’il n’a point esté esleu des hommes ne par les hommes Gal. 1.1 : veu qu’il ne parle point là de l’élection ordinaire des ministres, mais du privilège spécial des Apostres. Combien que luy-mesme a tellement esté esleu par le Seigneur, que ce pendant l’ordre ecclésiastique est intervenu en sa vocation. Car sainct Luc récite que comme les Apostres prioyent et jusnoyent, le sainct Esprit leur dit, Séparez-moy Paul et Barnabas à l’ouvrage auquel je les ay esleus Actes 13.2. De quoy servoit ceste séparation et imposition de mains, depuis que le sainct Esprit avoit testifié son élection, sinon pour conserver la police de l’Eglise, que les ministres fussent esleus par les hommes ? Pourtant Dieu ne pouvoit approuver cest ordre par un exemple plus notable et évident, que quand après avoir prononcé qu’il avoit constitué Paul Apostre des Gentils, il veut toutesfois qu’il soit ordonné par l’Eglise. La mesme chose se peut aussi appercevoir en l’élection de Matthias Actes 1.23. Car pource que l’office d’Apostre estoit si digne, que l’Eglise n’y osoit pas constituer un certain homme de son jugement, elle en choisit deux pour les présenter au sort. Et ainsi la police de l’Eglise avoit lieu en ceste élection, et néantmoins on remettoit à Dieu de sçavoir lequel il avoit esleu des deux.
La question est maintenant, asçavoir, si un Ministre doit estre esleu ou par toute l’Eglise, ou par les autres ministres et gouverneurs : ou bien s’il doit estre constitué par un homme seul. Ceux qui veulent mettre cela en la puissance d’un seul homme, allèguent ce que dit sainct Paul à Tite : Je t’ay laissé en Crète afin que tu constitues des Prestres en chacune ville Tite 1.5. Item à Timothée, N’impose pas subitement les mains à aucun 1Tim. 5.22. Mais s’ils pensent que Timothée ait exercé une domination royale en Ephèse, pour disposer du tout à son plaisir, ou que Tite ait fait le semblable en Crète, ils s’abusent grandement. Car tous les deux ont présidé sur les élections, afin de conduire le peuple par bon conseil, et non pas pour en faire et tailler ce que bon leur sembloit en excluant les autres. Et afin qu’il ne semble que je forge cela de ma teste, je démonstreray qu’ainsi est par un semblable exemple. Car sainct Luc récite que Paul et Barnabas ont créé des Prestres par les Eglises Actes 14.23 : mais en disant cela, il note quant et quant la façon : c’est qu’ils les ont créez par suffrages, ou par les voix du peuple, comme porte le mot grec. Ils les créoyent doncques eux deux : mais le peuple selon la façon du pays, ainsi que les histoires tesmoignent, levoit les mains pour déclairer lequel il vouloit avoir. Et c’est une forme commune de parler : comme les historiens disent qu’un Consul créoit des officiers, quand il recevoit les voix du peuple, et présidoit sur l’élection. Certes il n’est point croyable que sainct Paul ait plus permis à Timothée ou à Tite, que luy-mesme n’osoit entreprendre. Or nous voyons qu’il avoit accoustumé de créer des ministres par le consentement et suffrages du peuple. Il faut doncques tellement entendre les passages précédens, que la liberté et le droict commun de l’Eglise ne soit en rien enfreint ou amoindri. Parquoy sainct Cyprien dit bien, en affermant que cela procède de l’authorité de Dieu, qu’un Prestre soit esleu devant un chacun en la présence du peuple, afin qu’il soit approuvé digne et idoine par le tesmoignage de tous[d]. Car nous voyons que cela a esté observé par le commandement de Dieu aux Prestres lévitiques, qu’on les amenast et produisist devant le peuple, avant que les consacrer Lév. 8.6 ; Nomb. 20.26. En ceste manière Matthias fut adjoint en la compagnie des Apostres : et ne furent point autrement créez les sept Diacres, que le peuple voyant et les approuvant Actes 1.26 ; 6.2, 6. Ces exemples, dit sainct Cyprien, monstrent que la création d’un Prestre ne se doit faire, sinon en l’assistance du peuple : afin que l’élection qui aura esté examinée par le tesmoignage de tous, soit juste et légitime. Nous avons doncques que la vocation d’un ministre ordonné par la Parole de Dieu, est telle : asçavoir quand celuy qui est idoine est créé avec consentement et approbation du peuple. Au reste, que les Pasteurs doyvent présider sur l’élection, afin que le populaire n’y procède point par légèreté, ou par brigues ou par tumulte.
[d] Lib. I, epist. III.
Reste le quatrième point, que nous avons mis en la vocation des ministres : asçavoir la cérémonie de les ordonner. Or il appert que les Apostres n’en ont point eu d’autre que l’imposition des mains. Or je pense bien qu’ils avoyent prins ceste façon de la coustume des Juifs, lescquels présentoyent à Dieu par imposition des mains ce qu’ils vouloyent bénir et consacrer. En ceste manière Jacob voulant bénir Ephraïm et Manassé, meit ses mains sur leurs testes Gen. 48.14. Autant en feit nostre Seigneur Jésus sur les enfans pour lesquels il prioit Matt. 19.15. Je pense que pour une mesme fin il estoit ordonné en la Loy, qu’on meist les mains sur les sacrifices qu’on offroit. Pourtant les Apostres par l’imposition des mains signifioyent qu’ils offroyent à Dieu celuy qu’ils introduisoyent au ministère : combien qu’ils en ont aussi usé sur ceux ausquels ils distribuoyent les dons visibles du sainct Esprit Actes 19.6. Quoy qu’il soit, ils ont usé de ceste solennité toutes fois et quantes qu’ils ordonnoyent quelqu’un au ministère de l’Eglise, comme nous en voyons les exemples tant aux Pasteurs qu’aux Docteurs et aux Diacres. Or combien qu’il n’y ait nul commandement exprès touchant l’imposition des mains : toutesfois puis que nous voyons que les Apostres l’ont eue en usage perpétuel, ce qu’ils ont observé tant diligemment nous doit estre au lieu de précepte. Et certes c’est une chose utile, de magnifier au peuple la dignité du ministère par une telle cérémonie, et d’advertir par icelle mesme celuy qui est ordonné qu’il n’est plus à soy, mais qu’il est dédié au service de Dieu et de l’Eglise. D’avantage, ce ne seroit pas un signe vain et sans vertu, quand il seroit réduit à sa vraye origine. Car si l’Esprit de Dieu n’a rien institué en l’Eglise en vain, nous cognoistrons que ceste cérémonie, laquelle est procédée de luy, ne seroit pas inutile, moyennant qu’elle ne fust pas convertie en superstition. Finalement, il nous faut noter que tout le commun peuple ne mettoit point les mains sur les ministres, mais les autres ministres seulement, combien qu’il n’est pas certain si plusieurs le faisoyent ou un seul. Il appert bien que cela fut fait aux sept Diacres Actes 6.6 ; 13.3, à Paul et à Barnabas, et à quelques autres. Mais sainct Paul fait mention que luy sans autre a imposé les mains à Timothée : Je t’admoneste, dit-il, de faire valoir la grâce laquelle est en toy par l’imposition de mes mains 2Tim. 1.6. Ce qu’en un autre passage il parle de l’imposition de mains de la Prestrise 1Tim. 4.14, je n’enten pas cela, comme font aucuns, de la compagnie des Prestres : mais de l’estat et office : comme s’il disoit, Regarde que la grâce que tu as receue par l’imposition de mes mains, quand je t’eslisoye en l’ordre de Prestrise, ne soit pas vaine.