« Les Athéniens coupables du meurtre d’Androgée, et punis déjà par un horrible fléau, n’avaient-ils pas protesté assez hautement de leur repentir ? et s’ils ne l’eussent pas fait, n’était-ce pas à toi de l’exiger d’eux, ce repentir, plutôt que de leur dire : Vous verrez le terme du double fléau de la peste et de la famine, lorsque le sort aura désigné parmi vous des victimes des deux sexes, que vous enverrez à Minos, comme tribut expiatoire, pour votre forfait : à cette condition les dieux vous deviendront propices ? En effet je vous passe votre indignation pour le meurtre commis par les Athéniens sur Androgée, je vous passe, dis-je, cette indignation, à vous autres dieux, bien que d’ailleurs vous paraissiez si insensibles à tant de milliers de morts dont l’univers est témoin tous les jours. Mais toi, Apollon, qui savais que Minos avait alors l’empire de la mer, que sa puissance était immense, qu’il était révéré de toute la Grèce à cause de sa justice, que c’était le plus sage des législateurs, qu’il vécut, d’après Homère, dans l’intimité du grand Jupiter, et qu’après sa mort, il fut établi juge des enfers : c’est envers un tel homme que tu exiges une pareille réparation ! Mais je passe là-dessus, comme vous faites vous-mêmes : j’oublie un instant que vous laissez vivre une multitude d’assassins, et que vous envoyez à la mort tant d’innocents, et cela pour satisfaire à un homme dont vous voulez faire le juge universel du genre humain, et qui eût été lui-même embarrassé pour porter son jugement dans une semblable cause. Mais je vous demanderai combien de jeunes gens la justice vous forcera d’envoyer aux Athéniens, pour tous ceux que vous avez envoyés injustement pour être immolés aux mânes d’Androgée. »
Le même auteur, s’appuyant sur l’histoire des Héraclides qu’il rapporte, reproche à Apollon d’être la cause de la mort d’une infinité d’hommes qui ont péri victimes de l’ambiguïté de ses oracles : voici en quels termes il le presse.