Ce fait est rapporté avec des circonstances tout à fait remarquables. Vous voyez, 1° que ces hommes qui prêchent l’Évangile les premiers sont des pêcheurs, c’est-à-dire des personnes simples, sans apparence et sans autorité. 2° Que ces hommes vont prêcher qu’ils ont vu Jésus-Christ ressuscité et montant au ciel, et qu’ils avaient auparavant été les témoins oculaires de ses miracles. 3° Qu’ils choquent par leur prédication toutes les puissances de la terre, et s’exposent à un nombre infini de dangers et de maux. 4° Qu’ils les souffrent sans se rebuter, avec patience, ou plutôt avec joie. 5° Que le succès de leur prédication est si prompt et si rapide, qu’on a de la peine à le concevoir.
Il est certain que saint Luc ne nous dit rien en cela, que le bon sens ne nous apprenne aussi. On sait que ce ne furent pas des gens d’une grande qualité, ou d’un grand crédit dans le monde, qui prêchèrent les premiers l’Évangile, et personne n’a jamais rien dit de pareil.
Il est évident que ces hommes ont dû témoigner qu’ils avaient vu Jésus-Christ faisant des miracles, Jésus-Christ ressuscité, et Jésus-Christ montant au ciel ; puisqu’ils n’auraient pas converti tant de nations, s’ils s’étaient contentés de prêcher qu’ils avaient ouï dire toutes ces choses, et que d’ailleurs les épîtres des apôtres nous apprennent que c’est là ce qui avait fait le sujet de leur prédication.
Il n’y a pas de doute que les puissances de la terre ne se soient émues contre ces hommes, puisque la politique est ennemie des nouvelles sectes, et que les peuples sont toujours jaloux de leur religion.
On peut encore moins douter que les apôtres n’aient souffert avec beaucoup de courage les effets de cette persécution, puisque, s’ils s’étaient relâchés, et s’ils avaient reculé par la crainte des supplices, leur dessein avortait dans sa naissance.
Enfin, qui peut nier que le succès de leur prédication n’ait été extraordinairement prompt et rapide, puisqu’on voit dans un fort court espace de temps des Églises plantées dans tout le monde connu ? C’est là une chose de fait, et qui ne fut jamais contestée.
Ainsi saint Luc et le bon sens nous rapportent toutes ces circonstances ; le livre des Actes nous apprend qu’elles sont véritables, et la nature des choses ne nous permet pas de douter qu’elles ne le soient ; ce qui détruit le soupçon que nous pourrions avoir qu’elles eussent été inventées.
Cependant je ne saurais considérer tous ces faits, les unir, et voir la proportion qu’ils ont les uns avec les autres, sans croire d’abord la vérité de la religion qu’ils établissent.