On prend les armes – Demi-mesure rejetée – Nouvelle proposition – Une nuit de terreur – Les idoles brisées dans la cathédrale – L’heure du vertige – Le petit Bâle – Légalisation de la Réforme – Érasme quitte Bâle – Transformation – Révolution et Réformation
Ce furent les partisans de l’Évêque qui sortirent les premiers de la voie légale. Pleins de terreur, en apprenant qu’on attendait des médiateurs de Zurich et de Berne, ils couraient çà et là dans la ville, assuraient qu’une armée autrichienne venait à leur aide, et montaient des pierres dans leurs maisons. Alors les Réformés firent de même. L’émeute grossit d’heure en heure ; et, dans la nuit du 25 au 26 décembre, les Papistes se trouvèrent tous sous les armes ; on comptait même dans leurs rangs quelques prêtres, l’arquebuse à la main.
A peine les Réformés l’ont-ils appris, que quelques-uns d’entre eux parcourent en hâte les rues, heurtent aux portes et réveillent leurs amis, qui, sautant hors de leurs lits, saisissent leurs mousquets et courent à l’abbaye des Jardiniers, rendez-vous des partisans de la Réforme. Ils furent bientôt au nombre de trois mille.
Les deux partis passèrent la nuit sous les armes. A chaque moment la guerre civile, et, ce qui est pis encore, la guerre des foyers, pouvait éclater. Enfin, on convint que l’un et l’autre parti nommerait des délégués pour traiter de cette affaire avec le Sénat. Les Réformés choisirent trente hommes de grande considération, de cœur, de foi et d’expérience, qui s’établirent à l’abbaye des Jardiniers. Les partisans de l’ancienne foi choisirent aussi une commission, mais moins nombreuse et moins respectable, qui se fixa à l’abbaye des Poissonniers. Le Conseil était constamment en séance. Toutes les portes de la ville, à l’exception de deux, étaient fermées ; partout on avait placé de fortes gardes. Des députés de Lucerne, d’Uri, de Schaffouse, de Zug, de Schwitz, de Soleure, de Mulhouse, de Strasbourg, arrivaient successivement ; l’agitation et le trouble croissaient d’heure en heure.
Il fallait sortir d’une crise aussi violente. Le Sénat, fidèle à ses idées de juste milieu, arrêta que les prêtres continueraient à célébrer la messe, mais que tous, prêtres et ministres, devraient prêcher la parole de Dieu, et à cet effet s’assembleraient une fois par semaine pour conférer sur les saintes Écritures. Puis on réunit les Luthériens dans l’église des Franciscains, les Papistes dans celle des Dominicains. Le Sénat se rendit d’abord dans la première, où se trouvaient plus de deux mille citoyens. A peine le secrétaire y eut-il lu l’ordonnance, qu’une grande agitation se manifesta : « Cela ne se fera pasa.
a – Quidam e plebe clamitabat, p. Hoc non fiet ! (Zw. Epp. 2, p. 255.)
Le Sénat s’étant alors rendu dans l’église des Dominicains, tous les Catholiques, au nombre de six cents, parmi lesquels se trouvaient plusieurs domestiques étrangers, s’écrièrent : « Nous sommes prêts à donner notre vie pour la messe ! Nous le jurons ! nous le jurons ! répétaient-ils la main levée. Si l’on rejette la messe, aux armes ! aux armesb ! » Le Sénat se retira, plus embarrassé que jamais.
b – At altera pars minitabat prælia si missam rejicerent. (Ibid.)
Trois jours après, on réunit de nouveau les deux partis. Œcolampade monta en chaire. « Soyez doux et traitables, » dit-il. Il parla avec tant d’onction, que quelques-uns étaient près de fondre en larmesc. L’assemblée se mit en prière ; puis elle déclara qu’elle acceptait une nouvelle ordonnance, en vertu de laquelle, quinze jours après Pentecôte, il y aurait une dispute publique, où l’on ne pourrait se servir que d’arguments tirés de la parole de Dieu ; qu’après cela le peuple voterait pour ou contre la messe, que la majorité en déciderait ; et qu’en attendant la messe ne serait célébrée que dans trois temples, bien entendu pourtant que l’on n’enseignerait rien contre la sainte Écriture.
c – Ut nemo non commoveretur et profecto fere mihi lacrymas excussisset. (Zw. Epp. 2, p. 255.)
La minorité romaine rejeta ces propositions : « Bâle, dit-elle, n’est pas comme Berne et Zurich : ses revenus viennent en grande partie de pays opposés à la Réformation ! » Les prêtres ayant refusé de se rendre aux conférences hebdomadaires, on les suspendit ; et pendant quinze jours il n’y eut ni sermon ni messe à la cathédrale et aux églises de Saint-Ulrich, de Saint-Pierre et de Saint-Théodore.
Ceux qui demeuraient fidèles à Rome résolurent de faire une défense intrépide. Meltinger fit monter Sébastien Müller dans la chaire de Saint-Pierre, qui lui avait été interdite ; et ce prêtre violent lança contre la Réforme les sarcasmes les plus injurieux, tellement que quelques Évangéliques, présents au prône, furent insultés et presque assommés.
Il fallait sortir Bâle de ce mauvais pas, et porter un coup décisif. « Souvenons-nous de notre liberté, dirent les bourgeois réformés, et de ce que nous devons à la gloire de Christ, à la justice publique, et à notre postéritéd. » Ils demandèrent que les ennemis de la Réformation, parents ou amis des prêtres, qui étaient la cause de tous ces délais et de tous ces troubles, ne siégeassent plus dans le Conseil, jusqu’à ce que la paix fût rétablie. C’était le 8 février ; le Conseil annonça qu’il rendrait réponse le lendemain.
d – Cogitans quid gloriæ Christi, quid justitiæ publicæ, quidque posteritati suæ deberet. (Œcol. Zurich MS.)
A six heures du soir, douze cents bourgeois étaient rassemblés sur le marché aux grains. Ils commencèrent à craindre que le délai demandé par le Sénat ne cachât un complot. « Il nous faut, dirent-ils, une réponse aujourd’hui même. » Le Sénat se réunit en toute hâte.
Dès lors tout prit dans Bâle une attitude menaçante. De fortes gardes furent placées par la bourgeoisie dans les abbayes des diverses tribus ; des hommes armés firent la patrouille dans les rues et bivouaquèrent sur les places publiques, pour prévenir les machinations des adversairese ; on tendit les chaînes ; on alluma des flambeaux ; on planta au milieu des rues des arbres résineux, dont les flammes vacillantes dissipaient çà et là les ténèbres ; on pointa six pièces de canon près de l’hôtel de ville, et l’on occupa les portes de la ville, l’arsenal et les tours. Bâle était en état de siège.
e – Ne quid forte ab adversariis insidiarum strueretur. (Ibid.)
Il n’y avait plus d’espoir pour le parti romain. Le bourgmestre Meltinger, cet homme intrépide, l’un des héros de Marignan, où il avait conduit huit cents hommes au combat, perdit courage. Il gagna de nuit les bords du Rhin, avec son gendre le conseiller Eglof d’Offenbourg, entra, sans être vu, dans un petit bateau, et descendit rapidement le fleuve, à travers les brouillards et l’obscuritéf ; d’autres membres du Conseil s’échappèrent de même.
f – Clam conscensa navicula fuga, nescio senatu, elapsus est. (Ibid.)
Ceci donna lieu à de nouvelles alarmes. « Craignons leurs secrètes pratiques, disaient les Réformés ; peut-être vont-ils chercher ces Autrichiens dont ils nous ont si souvent menacés ! » Les bourgeois effrayés apportèrent de toutes parts des armes, et, au point du jour, ils avaient deux mille hommes sur pied. Les rayons du soleil levant éclairèrent cette multitude, décidée, mais calme.
Il était midi ; le Sénat n’avait rien conclu ; l’impatience des bourgeois ne pouvait plus se contenir. Ils détachèrent quarante hommes pour visiter les postes. Cette patrouille, passant devant la cathédrale, y entra ; et l’un des bourgeois, poussé par la curiosité, ouvrit avec sa hallebarde une armoire, où l’on avait caché des images ; l’une d’elles tomba, et se rompit en mille pièces sur les dallesg. La vue des débris de l’idole anima les bourgeois, qui se mirent à faire tomber, l’une après l’autre, toutes les images cachées en ce lieu. Aucune ne résista ; pieds, têtes, mains, tout s’entassait pêle-mêle devant les hallebardiers. « Je m’étonne fort, dit Érasme, qu’elles n’aient fait aucun miracle pour se sauver ; jadis les saints ont fait de fréquents prodiges pour de bien moindres offensesh ! » Quelques prêtres accoururent, et la patrouille se retira.
g – Cum halpardis quasi per ludum aperirent armarium idolorum, unumque idolum educerent. (Ibid.)
h – Erasm. Opp. P. 291.
Cependant le bruit s’étant répandu qu’il y avait du tumulte dans cette église, trois cents hommes vinrent au secours des quarante. « Pourquoi, disaient-ils, ménagerions-nous des idoles qui allument les flammes de la discorde ? » Les prêtres alarmés avaient fermé les portes du sanctuaire, tiré les verrous, fait des barricades, et tout préparé pour soutenir le siège. Mais ces bourgeois, dont les délais du Conseil avaient poussé à bout la patience, se jettent, en arrivant, contre l’une des portes du temple ; elle cède à leurs coups, et ils se précipitent alors dans la cathédrale. L’heure du vertige est arrivée. On ne sait plus qui sont ces hommes brandissant leurs épées, agitant leurs hallebardes, poussant des cris redoutables : si ce sont des Vandales ou de fervents serviteurs de Dieu, animés du zèle qui enflammait jadis les prophètes et les rois d’Israël. Quoi qu’il en soit, il y avait égarement, puisque le pouvoir public peut seul intervenir dans les réformes publiques. Les images, les autels, les tableaux, tout est renversé et brisé. Les prêtres, qui se sont enfuis dans la sacristie et s’y tiennent cachés, tremblent de tous leurs membres, au bruit terrible que font en tombant les saintes décorations. L’œuvre de destruction s’accomplit, sans qu’aucun d’eux ait osé chercher à sauver les objets de son culte, ni fait la moindre remontrance au peuple. On entasse les débris sur les places, on y met le feu ; et les bourgeois, armés et debout, se réchauffent, en cette nuit rigoureuse, à la flamme qui pétillei.
i – Lignis imaginum usi sunt vigiles, pro arcendo frigore nocturno. (Msc. de Zurich.)
Les sénateurs épouvantés accourent ; ils veulent interposer leur autorité et apaiser le tumulte ; mais autant vaudrait commander à la tempête. Les citoyens enthousiasmés jettent à leurs magistrats ces paroles superbes : « Ce que vous n’avez pas su faire dans trois années, nous l’achèverons en une heurej. »
j – De quo vos per triennium deliberastis, nihil efficientes, nos intra horam omnem absolvemus. (Œcol. Capitoni, Basle MS.)
En effet, la colère du peuple ne se borne pas à la cathédrale. Il respecte toute propriété particulièrek, mais il se jette sur les églises de Saint-Pierre, de Saint-Ulrich, de Saint-Alban, des Dominicains ; et, dans tous ces temples, « les idoles » tombent sous les coups de ces honnêtes citoyens bâlois, qu’un feu extraordinaire embrase. Déjà on s’apprête à passer le pont pour se rendre au petit Bâle, dévoué à la cause de la Papauté. Les habitants, pleins d’alarme, demandent qu’on leur permette d’enlever eux-mêmes les images ; et en toute hâte ils les transportent, tristement, dans les chambres supérieures de l’église, espérant les remettre plus tard en place.
k – Nulli enim vel obolum abstulerunt. (Ibid.)
On ne s’en tient pas à ces énergiques démonstrations ; les plus échauffés parlent de se rendre à l’hôtel de ville, et de contraindre le Sénat à accéder aux vœux du peuple ; mais le bon sens de la majorité fait justice de ces crieurs, et arrête leurs coupables pensées.
Les sénateurs sentirent alors qu’il fallait imprimer à ce mouvement populaire le sceau de la légalité, et changer ainsi une révolution tumultueuse en une durable réformationl. La démocratie et l’Evangile furent à la fois établis dans Bâle. Le Sénat, après une heure de délibération, accorda qu’à l’avenir les élections aux deux Conseils ne se feraient point sans la participation de la bourgeoisie ; que dès ce jour la messe et les images seraient abolies dans tout le canton, et que, dans toutes les délibérations qui intéresseraient la gloire de Dieu ou le bien de l’État, on prendrait l’avis des tribus. Le peuple, heureux d’avoir obtenu ces conditions, qui assuraient sa liberté politique et religieuse, retourna joyeux dans ses maisons. C’était la fin du jourm.
l – Cedendum plebi. (Ibid.)
m – His conditionibus plebs læta domum rediit, sub ipsum noctis crepusculum. (Ibid.)
Le lendemain, mercredi des Cendres, on voulait partager entre les pauvres, comme bois de chauffage, les débris des autels et des autres ornements d’église. Mais ces malheureux, avides de ces décombres, s’étant mis à se les disputer, on en fit de grandes piles sur la place de la cathédrale, et l’on y mit le feu. « Les idoles, dirent quelques plaisants, célèbrent vraiment aujourd’hui leur mercredi des Cendres ! » Les amis de la Papauté détournaient avec horreur leurs regards de ce spectacle sacrilège, et versaient, dit Œcolampade, des larmes de sang. « Ainsi sévit-on contre les idoles, ajoute ce Réformateur, et la messe en mourut de douleurn » Le dimanche suivant, on chanta des psaumes en allemand dans toutes les églises, et le 18 février on publia une amnistie générale.
n – Ita sævitum est in idola, ac missa præ dolore expiravit. (Ibid.)
Tout avait changé dans Bâle. Les derniers étaient devenus les premiers ; les premiers devenaient les derniers. Tandis qu’Œcolampade, qui peu d’années auparavant était entré dans cette ville comme un étranger, sans ressource et sans pouvoir, se voyait élevé à la première place de l’Église, le puissant Érasme, troublé dans cette retraite studieuse du fond de laquelle il dictait depuis tant d’années au monde lettré ses ordres souverains, se voyait appelé à descendre dans une bruyante arène. Mais ce roi des écoles n’avait point envie de déposer son sceptre devant le peuple souverain. Depuis longtemps il détournait la tête quand il rencontrait Œcolampade, qu’il avait tant aimé. D’ailleurs il craignait, en restant à Bâle, de se compromettre auprès de ses protecteurs. « Le torrent, dit-il, qui se cachait sous terre, a jailli avec impétuosité, et exerce d’affreux ravageso. Ma vie est en danger. Œcolampade possède toutes les églises. On me crie continuellement aux oreilles ; on m’assiège de lettres, de caricatures, de pamphlets. C’en est fait, je me décide à quitter Bâle. Seulement, partirai-je ou non en cachette ? L’un est plus honnête, l’autre est plus sûr. »
o – Basilica torrens quidem, qui sub terra labebatur, subito erumpens, etc. (Er. Epp. Ad Pirkheimer, juillet 1539.)
Voulant mettre autant que possible en accord son honnêteté et sa prudence, Érasme demanda au batelier avec lequel il devait descendre le Rhin, de partir d’un endroit peu fréquenté. Le Sénat s’y opposa, et le timide philosophe dut entrer dans la barque amarrée près du grand pont, alors couvert d’une foule de peuple. Il descendit le Rhin, saluant d’un triste adieu cette ville qu’il avait tant aimée, et se retira à Fribourg en Brisgau, avec plusieurs savants.
De nouveaux professeurs furent appelés pour remplir les chaires vacantes de l’Université, en particulier Oswald Myconius, Phrygio, Sébastien Munster et Simon Grynaeus. En même temps, on publia un ordre ecclésiastique et une confession de foi, l’un des documents les plus précieux de cette époque.
Sébastien Münster
Simon Grynaeus
Ainsi une grande transformation s’était opérée sans qu’une goutte de sang eût été répandue. La Papauté était tombée dans Bâle, en dépit de la puissance séculière et de la puissance spirituelle. « Le coin du Seigneur, dit Œcolampade, planté dans le bois, a fendu ce mauvais nœud.p »
p – Malo nodo suus cuneus obvenit. (Œcol. Capit.)
On ne peut cependant s’empêcher de reconnaître que la Réformation de Bâle peut donner lieu à de sévères reproches. Luther s’était élevé contre la puissance populaire. « Quand le peuple dresse l’oreille, avait-il dit, ne sifflez pas trop fort. Mieux vaut encore souffrir de la part d’un tyran, c’est-à-dire du roi, que de la part de mille tyrans, c’est-à-dire du peuple. » Aussi a-t-on reproché au Réformateur allemand de n’avoir connu d’autre politique que le servilisme de la féodalité. Peut-être, quand il s’agit de la Réformation suisse, fera-t-on le reproche contraire, et verra-t-on en particulier dans la Réforme de Bâle une révolution.
La Réformation devait revêtir le caractère des pays où elle s’accomplissait : en Allemagne, être monarchique, et en Suisse, républicaine. Néanmoins, en religion comme en politique, il y a une grande différence entre réformation et révolution.
Le christianisme ne veut, ni dans l’une ni dans l’autre de ces sphères, le despotisme, la servitude, la stagnation, les pas rétrogrades, ni la mort. Mais en demandant le progrès, il veut qu’il s’accomplisse par réformation, et non par révolution.
La réformation opère par la puissance de la parole, de la doctrine, de la culture, de la vérité ; tandis que la révolution, ou plutôt la révolte, opère par la puissance de l’émeute, du glaive et du bâton.
Le christianisme procède par l’homme intérieur ; et les chartes elles-mêmes, si elles sont seules, ne sauraient le satisfaire. Sans doute les constitutions politiques sont l’un des bienfaits de notre siècle ; mais il ne suffit pas que les garanties soient couchées sur des parchemins, il faut qu’elles soient écrites dans les cœurs, et garanties par les mœurs elles-mêmes.
Tels étaient les principes des Réformateurs suisses ; tels furent ceux de la Réforme bâloise, et c’est ce qui la distingue d’une révolution.
Il y eut, il est vrai, quelques excès. Jamais peut-être une réformation ne s’opéra parmi les hommes sans quelque mélange de révolution. Mais c’étaient bien pourtant des doctrines qui étaient en cause à Bâle : ces doctrines avaient bien agi sur les convictions morales et sur la vie du peuple ; le mouvement s’était fait au dedans avant qu’il ne se montrât au dehors. Il y a plus : la Réformation ne se contenta pas d’ôter, elle donna bien plus encore ; et, loin de se borner à détruire, elle répandit sur tout le peuple de riches bénédictionsq.
q – Hagenbach, Volesungen, 2, p. 125, 200.