Théologie de l’Ancien Testament

C) L’ALLIANCE DE DIEU AVEC ISRAËL.

I. L’essence de Dieu.

§ 80. Remarques préliminaires et coup d’œil général.

L’alliance entre Dieu et le peuple affecte la forme d’un traité. Il y a des deux parts des promesses et des engagements (Exode 19.5,8 ; 24.3, 7 ; Josué 24.15 et sq.). Mais il n’y a pourtant point réciprocité parfaite. Dieu commence par faire des promesses. Puis, même quand il s’agit de la loi, c’est Dieu qui prend l’initiative, en vertu de sa libre grâce : [« J’érige mon alliance avec vous » (Héquim, הקים), Genèse 9.9 ; 17.4, etc. « Je suis ton Dieu, qui t’ai tiré du pays d’Egypte. » « Je vous ai amenés vers moi » Exode 20.2 ; 19.4.] C’est de même l’Éternel seul qui pose les conditions de l’alliance. « Je suis saint. Tu dois donc être saint. » Lévitique 11.44. C’est de Lui enfin que dépend le maintien du traité comme aussi la réalisation du but. qu’il s’est proposé en entrant dans un semblable rapport avec le peuple d’Israël. Ainsi donc l’alliance est avant tout une διαθήκη, un établissement divin, et ce n’est qu’ensuite qu’elle est une συνθήκη, un accord. [Ce qui n’empoche pas d’autre part que le mot d’alliance (Bérith, ברית) ne soit donné à la promesse que Dieu fait à David (Psaumes 89.4) et même à toutes les lois, à toutes les règles que Dieu impose à ses créatures (Jérémie 33.20 ; Osée 2.20 ; Zacharie 11.10), comme par exemple h la loi du sabbat (Exode 31.16).] Exode 34.10, est un exemple frappant de l’emploi de l’expression Karat berit, כרת ברית (traiter alliance), là même où il n’y a absolument qu’une seule partie contractante, à savoir la grâce de Dieu.

Dans le Pentateuque, Karat berith im (עם) alterne indifféremment avec Karat berith êt (את). Plus tard, on trouve aussi Karat berith le (ל) ce qui indique que l’une des parties contractantes impose plus ou moins l’alliance à l’autre (Ésaïe 55.3 ; 61.8 ; Jérémie 32.40 ; Ézéchiel 34.25)a. C’est surtout du temps des patriarches que l’alliance avait le caractère d’une διαθήκ. Dans Gen. ch. 15, par exemple, il n’y a absolument que Dieu qui prenne des engagements. Un profond sommeil tombe sur Abraham, v. 12, et il voit en vision une flamme de feu passer entre les deux moitiés des victimes. On a voulu expliquer cela d’après Jérémie 34.18 : Malheur à qui rompra l’alliance ; il aura le sort de ces animaux mis en pièces (Juges 19.29 ; 1 Samuel 11.7). Tite-Live 1.24 ; Plutarque, Quæst. rom. chap. 101 ; Homère, Iliade 3.298 et sq.b, nous montrent que les païens observaient des cérémonies analogues, lorsqu’ils concluaient des alliances. Mais ce sens est évidemment dérivé. Primitivement, les deux moitiés de l’animal représentaient les deux parties contractantes, et le passage de la flamme désigne leur union par l’Éternel, qui montre par là même qu’il est le seul personnage actif dans toute l’affaire. — Dans Exode ch. 24, au contraire, le sacrifice qui accompagne la proclamation de la Loi a pour but de montrer que les parties intéressées prennent toutes deux part à l’alliancec.

a – Dans le Pentateuque, Karat Berith le n’est employé que pour désigner l’alliance d’Israël avec Canaan et ses idoles.

b – « Jupiter et vous autres immortels ! Celui de nous qui le premier foulera ce serment, que son sang coule sur, la terre comme le vin qui vient d’être répandu ! »

c – Voyez § 121, la doctrine des sacrifices.

Ce que nous avons à dire de l’alliance peut donc se ranger sous les trois chefs suivants :

  1. L’initiative divine, élection et promesses.
  2. L’obligation humaine. Ici encore c’est Dieu qui oblige. Ce que l’homme est tenu d’observer, c’est la loi, et spécialement le Décalogue, qui est l’expression la plus concrète de la volonté de Dieu. Le symbole de cette obligation, c’est la circoncision.
  3. La rémunération. Dieu traite l’homme selon la manière dont il remplit ses engagements, mais, quoiqu’il arrive, le but que Dieu s’est proposé en établissant l’alliance devra être atteint.

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