L’action providentielle succédant à l’action créatrice qui a posé l’être libre, ne sera pas universelle, constante et pénétrante comme dans l’ordre physique ; elle laissera son lieu et sa place à la liberté humaine appelée à s’affirmer et à s’actualiser dans les limites qui lui ont été tracées par l’ordre divin et en conformité du plan du monde.
D’une part donc, la liberté créée doit être respectée dans ses attributions, et l’action providentielle la respecte ; de l’autre, cette liberté créée, et par le fait même qu’elle est créée et non pas créatrice, ne saurait prévaloir sur le conseil divin qui a fixé d’une manière absolue et ses conditions d’existence, et le terme final de l’existence finie.
L’action providentielle se réalise donc dans cet ordre supérieur que nous appelons la nature morale, selon les modes suivants :
1° En maintenant la créature libre dans les conditions originelles de sa nature ; c’est-à-dire qu’elle soutient, seconde, sollicite, conduit la volonté créée dans son exercice normal, mais sans la violenter jamais : « Dieu les bénit, » Genèse 1.28.
C’est l’action providentielle que nous appellerons concurrente, celle sans laquelle il n’y aurait pas activité humaine, mais évolution de la causalité divine.
2° En dirigeant les événements issus de cette liberté créée de telle façon qu’elle-même étant respectée, ces événements concourent le plus directement possible à la réalisation du plan du monde (Romains 8.28-30).
C’est l’action providentielle que nous appellerons économique, celle sans laquelle il n’y aurait pas succession et finalité, mais seulement caprice et hasard.