Histoire de la Réformation du seizième siècle

8.10

Martyre de Galster – Le réformateur de Berne – Zwingle encourage Haller – L’Évangile à Lucerne – Oswald persécuté – Prédications de Zwingle – Henri Bullinger et Gérold de Knonau – Roubli à Bâle – Le chapelain de l’hôpital – Guerre en Italie – Zwingle contre les capitulations

L’année dont cette sanglante exécution signala le premier jour était à peine commencée, lorsque Zwingle vit arriver chez lui à Zurich un jeune homme d’environ vingt-huit ans, d’une belle stature, dont les dehors annonçaient la candeur, la simplicité et la timiditéa. Il dit se nommer Berthold Haller. Zwingle, à ce nom, embrassa le célèbre prédicateur de Berne, avec cette affabilité qui donnait tant d’agrément à ses manières. Haller, né à Aldingen en Wurtembergb, avait d’abord étudié à Rotweil sous Rubellus, puis à Pforzheim, où il avait eu Simler pour maître et Mélanchthon pour condisciple. Les Bernois étaient alors décidés à appeler les lettres dans le sein de leur république, que les armes avaient rendue si puissante. Rubellus et Berthold, âgé de vingt et un ans, s’y rendirent. Quelque temps après, Haller fut nommé chanoine et plus tard prédicateur de la cathédrale. L’Évangile que Zwingle prêchait était parvenu jusqu’à Berne ; Haller crut, et dès lors il désira voir cet homme puissant, qu’il respectait déjà comme un père. Il alla à Zurich, où Myconius l’avait annoncé. Ainsi se rencontrèrent Haller et Zwingle. Haller, l’homme plein de douceur, faisait à Zwingle la confidence de ses peines, et Zwingle, l’homme fort, lui inspirait du courage. « Mon esprit, disait un jour Berthold à Zwingle, est accablé ;… je ne puis supporter tant d’injustices. Je veux abandonner la chaire et me retirer à Bâle auprès de Wittembach, pour ne plus m’occuper que des saintes lettres. — Ah ! répondit Zwingle, moi aussi je sens le découragement s’emparer de moi, quand je me vois injustement déchiré ; mais Christ réveille ma conscience par le puissant aiguillon de ses terreurs et de ses promesses. Il m’alarme en disant : Celui qui aura honte de moi devant les hommes, j'aurai honte de lui devant mon Père ; et il me rend la paix en ajoutant : Celui qui me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Père. O mon cher Berthold, réjouissez-vous ! Notre nom est écrit en traits ineffaçables dans les fastes des citoyens d’en hautc. Je suis prêt à mourir pour Christd ». « Que vos farouches oursins, ajoutait-il, entendent la doctrine de Jésus-Christ, et vous les verrez s’adoucire. Mais il faut entreprendre cette tâche avec une grande douceur, de peur que, se retournant, ils ne se jettent sur vous avec furie. » Le courage revint à Haller. « Mon âme, dit-il à Zwingle, s’est réveillée de son sommeil. Il faut que j’évangélise. Il faut que Jésus-Christ soit rétabli dans ces murs, d’où il a été si longtemps exiléf. » Ainsi le flambeau de Berthold s’alluma au flambeau d’Ulrich, et le timide Haller se jeta au milieu d’ours féroces, qui, grinçant les dents, dit Zwingle, cherchaient à le dévorer.

a – « Animi lui candorem simplicem et simplicitatem candidissimam, hac tua pusilla quidem epistola… » (Zw. Ep., p. 180.)

b – « Ita ipse in literis msc. » (J.-J. Hott, p. 186)

c – « Scripta tamen habeatur in fastis supernorum civium. » (Zw. Ep., p. 186.)

d – « Ut mori pro Christo non usque adeo detrectem apud me. » (Ibid., p. 187.)

e – « Ut ursi lui ferociusculi, audita Christi doctrina, mansuescere incipiant. » (Ibid.) — On sait que Berne porte un ours dans ses armes.

f – « Donec Christum, cucullatis nugis longe a nobis exulem… pro virili restituerim… » (Ibid., p. 87.)

C’était cependant ailleurs que la persécution devait commencer en Suisse. La belliqueuse Lucerne se présentait comme un adversaire armé de pied en cap, et la lance en arrêt. L’esprit militaire dominait dans ce canton, ami des capitulations, et les grands de la cité fronçaient le sourcil dès qu’ils entendaient une parole de paix propre à mettre un frein à leur humeur guerrière. Cependant des écrits de Luther ayant pénétré dans cette ville, quelques habitants se mirent à les parcourir, et en furent saisis d’horreur. Il leur semble qu’une main infernale a tracé ces lignes ; leur imagination s’effraye, leurs yeux s’égarent, et ils pensent voir leurs chambres se remplir de démons, qui les entourent et qui fixent sur eux leurs regards avec un sarcastique sourireg … Ils ferment précipitamment le livre, et le jettent loin d’eux avec effroi. Oswald, qui avait entendu raconter ces singulières visions, ne parlait de Luther qu’avec ses amis les plus intimes, et se contentait d’annoncer simplement l’Évangile de Christ. On entendait néanmoins dans toute la ville ces cris : « Il faut brûler Luther et le maître d’école (Myconius)h ! » — Je suis assailli par mes adversaires, comme un navire par les tourmentes de la meri, » disait Oswald à l’un de ses amis. Un jour, au commencement de l’an 1520, il fut à l’improviste sommé de comparaître devant le conseil. Il vous est enjoint, lui dit-on, de ne point lire les écrits de Luther à vos élèves, de ne pas le nommer devant eux, et même de ne jamais penser à luij. » Les seigneurs de Lucerne prétendaient, on le voit, étendre bien loin leur juridiction. Peu après un prédicateur s’éleva en chaire contre l’hérésie. Tout l’auditoire était ému ; les regards se portaient sur Oswald, car quel autre que lui le prédicateur aurait-il pu avoir en vue ? Oswald demeurait tranquille à sa place, comme si la chose ne l’eût pas concerné. Mais au sortir de l’église, comme il marchait avec son ami le chanoine Xylotect, l’un des conseillers passa près d’eux, encore tout agité : « Eh bien, leur dit-il avec violence, disciples de Luther ! pourquoi ne défendez-vous pas votre maître ? » Ils ne répondirent rien. « Je vis, disait Myconius, parmi des loups sauvages ; mais j’ai cette consolation que les dents manquent à la plupart. Ils mordraient s’ils le pouvaient, et, ne le pouvant, ils aboient. »

g – « Dum Lutherum semel legerint, ut putarent stabellam suam plenam esse dæmonibus… » (Zw. Ep., p. 137.)

h – « Clamatur hic per totam civitatem : Lutherum comburendum et ludi magistrum. » (Ibid., p. 153.)

i – « Non aliter me impellunt quam procellæ murinæ navem aliquam. » (Ibid., p. 159.)

j – « Imo ne in mentem eum admitterem. (Zw. Epp., p. 159.)

Le sénat s’assembla ; car le tumulte croissait parmi le peuple. « C’est un luthérien ! » dit l’un des conseillers ; « c’est un propagateur de nouvelles doctrines ! » dit un autre ; « c’est un séducteur de la jeunesse ! » dit un troisième – « Qu’il comparaisse ! Qu’il comparaisse ! » Le pauvre maître d’école comparut, et entendit de nouveau défenses et menaces. Son âme simple était froissée, abattue. Sa douce épouse ne le consolait qu’en versant des larmes. « Chacun s’élève contre moi, s’écriait-il dans son angoisse. Assailli par tant de tempêtes, où me tourner et comment échapper ?… N’était le secours de Christ, j’aurais depuis longtemps succombé sous tant de coupsk … — Qu’importe, lui écrivit le docteur Sébastien Hofmeister, de Constance, que Lucerne veuille ou non vous garder ? La terre est toute au Seigneur. Tout pays est la patrie de l’homme courageux. Quand nous serions les plus méchants des hommes, notre entreprise est juste ; car nous enseignons la Parole de Christ. »

k – « Si Christus non esset, jam olim defecissem. » (Zw. Ep., p. 160.)

Tandis que la vérité rencontrait à Lucerne tant d’obstacles, elle était victorieuse à Zurich. Zwingle travaillait sans relâche. Voulant méditer la sainte Écriture tout entière dans les langues originales, il s’était mis avec zèle à l’étude de l’hébreu, sous la direction de Jean Boschenstein, élève de Reuchlin. Mais s’il étudiait l’Écriture, c’était pour la prêcher. Le vendredi, les paysans, qui venaient en foule apporter leurs denrées au marché de la ville, se montraient avides de la Parole de Dieu. Pour satisfaire à ces besoins Zwingle s’était mis dès le mois de décembre 1520 à exposer les Psaumes chaque vendredi, en se préparant sur le texte même. Les réformateurs unirent toujours des études savantes à des travaux pratiques ; ces travaux étaient le but, ces études n’étaient que le moyen. Ils étaient à la fois hommes de cabinet et hommes du peuple. Cette union de la science et de la charité est un trait caractéristique de cette époque. Quant à ses prédications du dimanche, Zwingle, après avoir exposé selon saint Matthieu la vie du Seigneur, montra ensuite, en expliquant les Actes des apôtres, comment la doctrine de Christ s’était répandue. Puis il exposa les règles de la vie chrétienne d’après les épîtres à Timothée ; il se servit de l’épître aux Galates pour combattre les erreurs de doctrine, et il y joignit les deux épîtres de saint Pierre, pour montrer aux contempteurs de saint Paul qu’un même esprit animait ces deux apôtres ; il termina par l’épître aux Hébreux, afin d’exposer dans toute leur étendue les bienfaits qui découlent du don de Jésus-Christ, le souverain sacrificateur des chrétiens.

Mais Zwingle ne s’occupait pas seulement des hommes faits ; il cherchait à apporter aussi à la jeunesse un feu sacré qui l’animât. Un jour de cette année 1521, comme il était occupé dans son cabinet à étudier les Pères de l’Église, en recueillant les passages les plus frappants et les classant avec soin dans un gros volume, il vit entrer un jeune homme dont la figure l’intéressa vivementl. C’était Henri Bullinger, qui, de retour d’Allemagne, venait le voir, impatient de connaître ce docteur de sa patrie, dont le nom était déjà célèbre dans la chrétienté. Le beau jeune homme fixait successivement ses regards sur le réformateur et sur ses livres, et il se sentait une vocation à marcher sur les traces de Zwingle. Celui-ci l’accueillit avec cette cordialité qui lui gagnait tous les cœurs. Cette première visite eut une grande influence sur toute la vie de l’étudiant, de retour aux foyers paternels. Un autre jeune homme avait aussi gagné le cœur de Zwingle : c’était Gérold Meyer de Knonau. Sa mère, Anna Reinhardt, qui occupa plus tard une place importante dans la vie du réformateur, avait été d’une grande beauté, et ses vertus la distinguaient encore. Un jeune homme d’une famille noble, Jean Meyer de Knonau, élevé à la cour de l’évêque de Constance, dont il était parent, avait conçu une vive passion pour Anna ; mais celle-ci appartenait à une famille bourgeoise. Le vieux Meyer de Knonau avait refusé son consentement à leur union, et, après le mariage, avait déshérité son fils. En 1513, Anna resta veuve avec un fils et deux filles, et ne vécut plus que pour l’éducation de ses pauvres orphelins. Le grand-père était impitoyable. Un jour cependant, la servante de la veuve ayant pris avec elle le jeune Gérold, enfant plein de grâce et de vivacité, alors âgé de trois ans, et s’étant arrêté avec lui sur le marché aux poissons, le vieux Meyer, qui se trouvait à une fenêtrem, le remarqua, suivit des yeux ses mouvements, et demanda à qui appartenait ce bel enfant, si brillant de fraîcheur et de vie. « C’est celui de votre fils ! » lui répondit-on. Le cœur du vieillard s’émut ; aussitôt ses glaces se fondirent ; tout fut oublié, et il serra dans ses bras la femme et les enfants de son fils. Zwingle s’était attaché, comme à son propre enfant, à ce jeune, noble et courageux Gérold, qui devait mourir à la fleur de son âge, près du réformateur, le glaive à la main, et entouré, hélas ! des cadavres de ses ennemis. Pensant que Gérold ne trouverait pas à Zurich assez de ressources pour ses études, Zwingle l’envoya, en 1521, à Bâle.

l – « Ich hab by Im ein gross Buch gesehen, Locorum communium, Als ich by Ihm wass, A. 1521, dor innen er Sententias und dogmata Patrum, flyssig Jedes an seinem ort verzeichnet. » (Bullinger, msc.)

m – « Lüget des Kindts grossvater zum fanster uss, und ersach das kind in der fischerbränten (Kufe) so fräch (frisch) und frölich sitzen… » ; (Archives des Meyer de Knonau, citées dans une notice sur Anna Reinhardt, Erlangen 1835, par M. Gérold Meyer de Knonau.) Je dois à la complaisance de cet ami quelques recherches sur des points obscurs de la vie de Zwingle.

Le jeune de Knonau n’y rencontra pas Hédion, l’ami de Zwingle. Capiton, obligé d’accompagner l’archevêque Albert au couronnement de Charles-Quint, s’était fait remplacer à Mayence par Hédion. Bâle avait ainsi perdu coup sur coup ses plus fidèles prédicateurs ; cette église semblait abandonnée ; mais d’autres hommes parurent. Quatre mille auditeurs se pressaient dans l’église de Guillaume Roubli, curé de Saint-Alban. Il attaquait la messe, le purgatoire et l’invocation des saints ; mais cet homme turbulent et avide d’attirer sur soi l’attention publique, s’élevait contre les erreurs plutôt qu’en faveur de la vérité. Le jour de la Fête-Dieu il se joignit à la grande procession, et, au lieu des reliques qu’on avait coutume de promener, il fit porter devant lui les saintes Écritures, magnifiquement reliées, avec ces mots en grands caractères : « La Bible : c’est ici la vraie relique ; les autres ne sont que des ossements de morts. » Le courage orne le serviteur de Dieu ; l’affectation le dépare. L’œuvre d’un évangéliste est de prêcher la Bible, et non d’en faire un orgueilleux étalage. Les prêtres, irrités, accusèrent Roubli devant le conseil. Un attroupement couvrit aussitôt la place des Cordeliers. « Protégez notre prédicateur, » dirent les bourgeois au conseil. Cinquante dames de distinction intercédèrent en sa faveur ; mais Roubli dut quitter Bâle. Il trempa plus tard, comme Grébel, dans les désordres anabaptistes. La Réformation, en se développant, rejeta partout la paille qui se trouvait mêlée au bon grain.

Alors, de la plus modeste des chapelles se fit entendre une voix humble, annonçant avec clarté la doctrine évangélique. C’était celle du jeune Wolfgang Wissemburger, fils d’un conseiller d’État et chapelain de l’hôpital. Tous ceux qui dans Bâle avaient des besoins nouveaux s’attachèrent au débonnaire chapelain, plus qu’à l’orgueilleux Roubli lui-même. Wolfgang se mit à lire la messe en allemand. Les moines renouvelèrent leurs clameurs ; mais cette fois ils échouèrent, et Wissemburger put continuer à prêcher l’Évangile ; « car, dit un vieux chroniqueur, il était bourgeois, et son père conseillern. » Ces premiers succès de la réforme à Bâle en annonçaient de plus grands encore. En même temps ils étaient d’une haute importance pour le progrès de cette œuvre dans toute la confédération. Zurich n’était plus seule. La savante Bâle commençait à entendre avec charme la nouvelle Parole. Les bases du nouveau temple s’élargissaient. La Réformation atteignait en Suisse un développement plus avancé.

n – « Dieweil er ein Burger war und sein Vater des Raths. » (Fridolin Ryff’s Chronik.)

C’était pourtant à Zurich que se trouvait le centre du mouvement. Mais des événements politiques importants, et qui déchirèrent le cœur de Zwingle, vinrent, pendant le cours de l’an 1521, distraire en quelque manière les esprits de la prédication de l’Évangile. Léon X, qui avait offert à la fois son alliance à Charles-Quint et à François Ier, s’était enfin décidé pour l’Empereur. La guerre entre les deux rivaux allait éclater en Italie. « Il ne restera du pape que ses oreilleso, » avait dit le général français Lautrec. Cette mauvaise plaisanterie augmenta la colère du Pontife. Le roi de France réclama le secours des cantons suisses, qui, à l’exception de Zurich, s’étaient alliés avec lui ; il l’obtint. Le Pape se flatta d’engager Zurich dans sa cause, et le cardinal de Sion, toujours intrigant, se confiant en son habileté et en son éloquence, accourut dans cette cité, pour obtenir des soldats en faveur de son maître. Mais il éprouva de la part de son ancien ami Zwingle une vigoureuse opposition. Celui-ci s’indignait à la pensée de voir des Suisses vendre leur sang à l’étranger ; son imagination lui représentait déjà les glaives des Zurichois se croisant, sous l’étendard du pape et de l’Empereur, dans les plaines de l’Italie, avec les glaives des confédérés réunis sous les drapeaux de la France ; et à ces scènes fratricides son âme patriotique et chrétienne frémissait d’horreur. Il tonnait de la chaire : « Voulez-vous, s’écriait-il, déchirer et renverser la confédérationp ?… On se jette sur les loups qui dévorent les bêtes de nos troupeaux, et l’on ne fait aucune résistance à ceux qui tournent autour de nous pour dévorer des hommes !… Ah ! c’est avec raison que les manteaux et les chapeaux qu’ils portent sont rouges ; secouez ces vêtements, il y tombera des ducats et des couronnes ; mais tordez-les, et vous en verrez ruisseler le sang de votre frère, de votre père, de votre fils et de votre meilleur amiq … » Zwingle fit entendre en vain sa voix énergique. Le cardinal au chapeau rouge réussit ; et deux mille sept cents Zurichois partirent sous le commandement de George Berguer. Zwingle en eut l’âme brisée. Son influence ne fut pourtant pas perdue. De longtemps les bannières de Zurich ne devaient plus se déployer et sortir des portes de la ville pour des princes étrangers.

o – « Disse che M. di Lutrech et M. de l’Escu havia ditto che’l voleva che le recchia del papa fusse la major parte retasse di la so persona. » (Gradenigo, ambass. venit. à Rome, msc. 1523.)

p – « Sagt wie es ein fromme Eidtguosschafft zertrennen und umbkehren würde. » (Bullinger, msc.)

q – « Sie tragen billig rotlie hüt und mäntel, dan schûte man sie, so fallen Cronen und Duggaten heraus, winde man sie, so rünt deines Bruders, Vaters, Sohus und guten Freunds Blut heraus. » (Ibid.)

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