Les Pseavmes

Psaume 88.

Ô Dieu éternel, mon Sauveur
(Théodore de Bèze)

C'est à la fois la prière ardente et la plainte d'un homme qui se sent désespéré, plongé dans un gouffre d'afflictions, et qui trouve son unique secours dans la miséricorde de Dieu.

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— 1 —
2 Ô Dieu éternel, mon Sauveur,
Jour et nuit devant Toi je crie ;
3 Ah que ce cri, je t’en supplie,
Parvienne à Toi, par ta faveur.
Du haut de ta montagne sainte,
Daigne encore écouter ma plainte.
— 2 —
4 Trop de malheurs mʼont accablé,
Déjà ma vie est mise en terre,
5 Et parmi les gens quʼon enterre,
Mon nom est déjà récité.
Je suis ainsi quʼun personnage
Qui nʼa plus force ni courage.
— 3 —
6 Je suis entre les morts transi,
Jʼai lʼair exclu de cette vie,
Comme une personne meurtrie
Dont tu nʼas plus aucun souci,
Qui dans la tombe gît couchée
Et que ta main a retranchée.
— 4 —
7 Cʼest Toi-même qui mʼas plongé
Dans des gouffres noir et terribles,
8 Et tes fureurs les plus horribles
Pesant sur moi nʼont plus bougé.
Elles ont recouvert ma tête
Des plus grands flots de ma tempête.
— 5 —
9 Tu mʼas privé de mes amis,
À leurs yeux je suis exécrable ;
Me voilà pauvre et misérable,
Dans lʼétat triste où tu mʼas mis,
Enfermé, sans quʼà vue humaine,
On trouve une issue à ma peine.
(Pause)
— 6 —
10 Mes yeux sont ternis de langueur ;
Seigneur, cʼest Toi que je demande
Tous les jours quand mes mains se tendent.
11 Car montreras-tu la vigueur
De tes puissances les plus fortes
Sur les personnes déjà mortes ?
— 7 —
 Les morts viendront-ils à sortir
Afin de prêcher tes merveilles ?
12 Voit-on tes bontés sans pareilles
Au fond des caveaux retentir,
Et ta fidélité reluire
En ceux que Mort a pu détruire ?
— 8 —
13 Se peut-il quʼen ce monde noir
À ton miracle on sʼextasie ;
Dans le pays de lʼamnésie,
Ta justice est-elle un espoir ?
14 Mais moi, Seigneur, vers Toi je crie,
Et dès le matin je te prie.
— 9 —
15 Pourquoi donc suis-je rejeté,
Pourquoi caches-tu ton visage ?
16 Jʼai trop souffert dès mon jeune âge,
De mille façons tourmenté,
Supportant tes frayeurs mortelles
Avec des affres continuelles.
— 10 —
17 Tes fureurs ont sur moi passé ;
Tes épouvantements horribles
Mʼaccablent, déluges terribles
Me tenant toujours oppressé.
18 Tout cela, hélas, dont je tremble
Alentour de moi se rassemble.
— 11 —
19 Tu as écarté loin de moi
Les amitiés qui mʼétaient chères,
Ma solitude est bien amère ;
Je cherche en vain, je nʼaperçois
Au beau milieu de mon angoisse
Personne qui me reconnaisse.

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