La vie nouvelle commence dans le cœur du croyant aussitôt après la conversion du pécheur à Jésus-Christ, sous l’action individuelle et intérieure de l’Esprit posant un principe nouveau à côté du principe ancien, une vertu nouvelle au sein de la vieille nature ; et ce principe nouveau est destiné à renouveler la nature humaine tout entière, du for intime à la périphérie, du cœur jusqu’au corps.
Avant que cette action créatrice de l’Esprit ait commencé dans le cœur du croyant, il a pu y avoir des influences de la grâce divine prévenante ou préparatoire, mais il n’y a pas plus lieu de parler de régénération que de justification, au sens biblique du mot ; de même, avant la Pentecôte, il y avait déjà des influences de l’Esprit dans le sein de l’humanité, mais il n’y avait pas encore une activité permanente et continue de l’Esprit ; il y avait déjà des croyants et des fidèles, il n’y avait pas encore des saints.
La doctrine de la régénération baptismale a entraîné les dogmaticiens luthériens à intervertir l’ordre des actes fondamentaux du salut, en considérant la repentance et la conversion comme consécutifs à la régénération. Ou bien aussi, la conversion, confondue avec la régénération, en fut distinguée seulement en ce que la régénération désignait l’activité divine, la conversion, l’activité humaine ; ou encore l’on rapportait la régénération au procès de mortification qui se passe chez le croyant, la sanctification à l’élément de vivification qui l’accompagne.
Il nous paraît que, placer ainsi la nouvelle naissance avant la conversion et la foi, c’est altérer profondément la notion du premier de ces actes.
Nous traiterons dans ce chapitre :
- Des désignations bibliques du fait de la nouvelle naissance ;
- Des déterminations essentielles de ce fait ;
- Des rapports du principe nouveau à l’individualité naturelle ;
- De la nécessité de la nouvelle naissance.